La plaie du régime : Le régionalisme

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Ne dit-on pas que le Mali est un carrefour de civilisations, point de contact entre peuples de race blanche et de peuples de race noire. Il se présente comme un brassage d’ethnies qui sont autant de groupes anthropologiques et culturels se distinguant par la langue et des traits de civilisations, quelque fois par une certaine spécialisation dans un secteur de production.

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En prenant comme base les estimations de 1960 servant des références pour apprécier l’importance respective des différents groupes ethniques, nous constatons que depuis cette période, le poids humain de chaque ethnie est resté stable dans l’ensemble malien. Cette répartition fait apparaître la prédominance des Manding qui regroupent à eux seuls 40% de la population. Parmi ces Mandings 80% sont les bambaras. Le groupe soudanais et les nomades représentent respectivement 20 et 17% de cette population. Toutefois, les vrais nomades seraient moins importants si l’on soustrait les nombreux peuls depuis longtemps sédentarisés dans les régions de Mopti, Ségou, Sikasso.

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Modibo, Moussa et Alpha ont tous refusé le régionalisme ou le tribalisme par la promotion des cadres. Environ vingt deux mille travailleurs sont recensés par la fonction publique dont huit mille cadres. Mais avec les concours professionnels, le nombre des cadres augmente d’année en année. Et l’ethnie qui a le plus grand nombre de cadres, intellectuels est celle des groupes Dogon, Sonrai, et Peulh.

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 Ce constat trouve son cheminement dans la formation du premier gouvernement du Mali de 1960. Trois exemples suffisent à cet effet pour éclairer notre  «curiosité». Attacher Maïga fut ministre des Finances et du Commerce de 1960 à 1968, date de renversement du régime. Il a été une référence pour les Sonrais. Raison pour laquelle, les services financiers (Banques, trésor, douane, impôts, budget etc.) sont les chasses gardées de cette ethnie.

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Sominé Dolo, ministre de la Santé et des Affaires sociales, grâce à lui les meilleurs médecins sont Dogon et la quasi-totalité des promoteurs de pharmacie sont de l’ethnie Dogon. Le professeur Ogobara Doumbo a suivi les traces de son maître et a fini par arracher une renommée internationale.

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Seydou Badian Kouyaté (Traoré), ministre du Développement rural, a été une référence pour l’ethnie mandingue. Les sous- groupes Manding (Bambara, Kassoké, Sénoufo, Bwa, Minianka) ont par la suite embrassé des études sur le monde rural et l’éducation.

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Le Mali de 1960 et ses cadres intellectuels ont été des guides pour la génération d’aujourd’hui. Les actes posés à cette époque étaient bien réfléchis. Nos anciens avaient le souci de la cohésion sociale. Toute fracture sociale était combattue.

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Ce n’est qu’avec le régime dit de consensus national que nous assistons à la naissance du régionalisme et de l’ethnicisme. La preuve nous a été donnée par la composition du gouvernement de Modibo Sidibé. La région de Kayes se taille la part du lion avec 8 ministres suivie de Mopti 7. Les autres, la portion incongrue.

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 Cette philosophie influence certaines sociétés étrangères implantées au Mali dont les recrutements des nationaux se font sur fond de régionalisme. Une banque de la place serait réputée pour son régionalisme. Il suffit d’appartenir à l’ethnie peulh ou Sonrhaï pour prétendre à un poste.

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 A l’inspection du ministère des Finances, il suffit d’être Kayesien pour bénéficier des missions les plus juteuses. 

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Aujourd’hui, le régionalisme sur fonds de tribalisme a atteint son paroxysme.

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Safounè Koumba

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3 decembre 2007

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