Candidat à la présidentielle de 2012 : Boucadry se démarque de son père Moussa Traoré

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C’est confirmé ! L’ancien président Moussa Traoré aura du mal à arbitrer entre son gendre Cheick Modibo Diarra et son fils Cheick Boucadry Traoré, tous deux candidats à l’élection présidentielle de 2012. Si le gendre, navigateur interplanétaire de la Nasa, semble bénéficier de la bénédiction de Moussa Traoré et des barons de l’UDPM, au détour du soutien du MPR, Boucadry ne s’en offusque pas. Bien au contraire, il reconnaît ne pas partager la même philosophie que son père et n’a pas besoin de son onction pour mener ses activités politiques. En d’autres termes, il ne veut pas être vu comme l’héritier politique de Moussa Traoré. La confirmation en a été faite par Boucadry dans le cadre d’une interview exclusive accordée à la chaîne panafricaine Vox Africa basée au Cameroun, vendredi dernier.

Accompagné d’une armada de conseillers, tous des experts issus d’horizons divers, Boucadry affine son programme d’activités et invite au débat sans complaisance sur les problèmes de développement du Mali, à l’occasion d’une interview exclusive qu’il a accordée à la chaîne de télévision panafricaine, Vox Africa.

Interrogé sur une éventuelle candidature de Cheick Modibo Diarra à l’élection présidentielle de 2012, présenté comme le chouchou politique de son père, l’ancien président Moussa Traoré, Boucadry se veut catégorique : "Je ne suis pas obligé de partager les mêmes idéologies, la même philosophie politique que mon père. Je n’ai jamais été un militant de l’UDPM, le parti de mon père, ni un militant du MPR. Mon père et les barons de l’UDPM ont choisi de soutenir quelqu’un d’autre. Je considère cela comme un débat politique.  Chose qui est normale!".

Cela ne constituerait-il pas un handicap pour la convoitise des suffrages des Maliens ? Surtout que, les souvenirs du 26 mars étant vivaces dans certains esprits, une césure dans le camp Moussa Traoré ne serait pas souhaitable.

Selon Boucadry, qui ne veut, d’ailleurs, pas que l’étiquette de fils de Moussa Traoré lui soit collée à tort et à travers: "C’est en Afrique qu’on n’accepte pas souvent le concept, à savoir que le père soit quelque part et le fils de l’autre. Nous avons un programme que nous appelons Mali Sambalagnon, l’agenda pour le renouveau, qui sera présenté aux Maliens dans quelques mois et qui traduit notre vision des problèmes de développement que nous avons. Nous voulons avoir une conversation avec les Maliens et c’est ça notre force car nous ne voulons pas imposer quoi que ce soit aux Maliens. Nous allons améliorer notre plateforme après notre conversation avec les Maliens car on ne peut pas agir au nom de quelqu’un sans savoir ce qu’il veut. C’est de la démocratie participative".

Est-ce à dire qu’il va étaler au grand jour, pendant la campagne électorale, ses contradictions avec son père ? La question risque certainement de le rattraper et comme pour dépasser d’ores et déjà ce carcan, il réagit dès à présent, sans détour : "Je ne suis pas opposant au pouvoir. Je ne suis opposé ni au président Amadou Toumani Touré, ni à Alpha Oumar Konaré, ni à Moussa Traoré, encore moins à Modibo Kéita. Ils ont tous apporté quelque chose à ce pays, que nous devons respecter. Mais tout grand homme a des traits de lumière et des traits sombres. Tous les gouvernements qui se sont succédé au Mali ont fait du bien, mais il y a eu des erreurs. Nous voulons corriger ces erreurs et apporter notre pierre à l’édification de notre pays".

Quelle mouche a donc bien piqué le rejeton de Moussa Traoré pour descendre avec fracas dans l’arène politique malienne déjà très engorgée par de grosses pointures? "Notre génération ne doit pas rater le tournant. C’est un combat de génération. Nos pères et nos grands-frères ont déjà fait ce qu’ils pouvaient pour ce pays. Il est grand temps que nous nous impliquions pour changer le pays".

Cette position tranchée de Boucadry explique alors pourquoi il n’est pas souvent content lorsqu’il est présenté comme le fils de Moussa Traoré, avec des allusions et des références qui rappellent les conditions dans lesquelles le dictateur a été déchu.

En réalité, Bouga, comme l’appellent ses militants, n’est pas l’héritier politique de Moussa Traoré. Il le manifeste par une liberté de pensée et de ton qui, certainement, apportera du grain à moudre à la presse et aux observateurs de la scène politique, au fur et à mesure qu’il fera découvrir ses ambitions et prétentions.

                        Amadou Bamba  NIANG

 

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