Corruption au Mali : Obstacle majeur à l’investissement !

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Malgré les nombreuses structures de lutte contre la corruption, le phénomène est loin de s’essouffler. Bien au contraire, il se porte comme un charme au Mali.

Au regard de la gestion des rapports du BVG et de l’impunité qui prévaut après la constitution  de la liste des fonctionnaires les plus corrompus par Mamadou Sinsin Coulibaly, on ne peut que douter de la volonté des plus hautes autorités de lutter contre le mauvais usage et le détournement du denier public. Ce doute qui se renforce au gré du rallongement de liste des scandales n’est malheureusement pas le monopole de la population malienne. Il est partagé par des observateurs extérieurs qui ne font pas mystère de leur réticence à faire des investissements dans notre pays à cause de la corruption et de l’état de la justice.

Dans une interview accordée à un quotidien de la place, l’ambassadeur de la République Fédérale Allemande, Son Excellence Dietrich Becker, en fin de séjour dans notre pays, a exprimé ses inquiétudes face à la recrudescence de la corruption qui n’épargne  aucun  secteur.

Répondant à la question de savoir s’il conseillerait le Mali à un investisseur,  l’ambassadeur  n’a pas fait mystère de sa réticence : « Ce n’est pas qu’une question de sécurité. Vous serez bien parmi les maliens, vous n’avez aucune chance de sortir victorieux d’un verdict de la justice Malienne. La bureaucratie est lourde, l’assiette fiscale trop petite…. » Ces propos du diplomate allemand traduisent l’ampleur du défi à relever pour rendre attractive notre pays auprès des investisseurs. La corruption, la lourdeur de l’administration et l’iniquité de la justice expliqueraient-elles l’absence de retombées significatives du forum des investisseurs tenu à Bamako à la fin du premier quinquennat du président IBK ? On résisterait difficilement à l’envie de répondre cette question par l’affirmative si la vague de corruption et de détournement de denier public distillé dans la presse locale et sur les réseaux sociaux devait faire foi. Au-delà des grands discours politiques sur la lutte contre la corruption et les menaces de sanctions brandies par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita force est de constater que ce fléau a atteint des proportions inquiétantes ces dernières années.

Au contraire, il donne l’impression de garantir l’impunité aux fossoyeurs de l’économie nationale. Parmi les motivations du choix d’IBK, figurait la lutte contre la corruption. A l’époque, la majorité de l’opinion nationale a jeté son dévolu sur le candidat IBK pour son franc-parler et sa rigueur. Après les 100 jours de son deuxième quinquennat l’espoir  de nombreux maliens a viré au cauchemar à cause de la gestion des cas de corruptions avérés.

L’ampleur de la corruption incline à penser aujourd’hui qu’elle est devenue un mode de gouvernance. Pour celui qui a promis de restaurer la dignité du malien, la réalité contraste fortement avec sa démarche. Cela est un constat partagé !

La réplique des deux syndicats de la magistrature

Une semaine après cette déclaration fracassante du diplomate allemand, les deux syndicats de la magistrature ont fait une déclaration commune. Le syndicat autonome de la magistrature (SAM) et le syndicat libre de la magistrature (Sylima) se sont offusqués ce 20 juillet des dénonciations de corruption dont fait l’objet la justice malienne. Les syndicats ont jugé les propos du diplomate allemand « diffamatoires » et « intolérables ».

« Le SAM et le SYLIMA rappellent à l’opinion publique nationale et internationale que la justice malienne qui s’évertue à donner satisfaction au peuple malien dans des conditions extrêmement difficiles (moins de 1% du budget national), ne mérite pas leur silence face à un tel traitement que rien ne justifie ». Les magistrats condamnent « avec la dernière rigueur » les différentes « attaques » qui « font état de la corruption de la justice sans en apporter la moindre preuve ». D’autres organisations de la société civile dont la Plateforme de lutte contre la corruption dénoncent régulièrement la corruption dans la sphère publique.

Bouba Sankaré

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