Pour plusieurs observateurs de la scène politique nationale, les regroupements politiques proches de l'ex-junte, qui a renversé le président ATT, s'inscrivent dans une dynamique de défiance des dirigeants de la CEDEAO en voulant coûte que coûte désigner un nouveau " président de la transition " à l'issue de la " convention nationale souveraine " qu'ils projettent de tenir au Palais de la Culture le samedi 14 et dimanche 15 juillet prochains. Mais, cesassises viennent d'être reportées sine die. Les menaces de sanction brandies par les dirigeants ouest-africains contre " tout perturbateur de la transition " ont-elles émoussé leurs ardeurs ? Les interventions des religieux ou du Gouvernement auraient-elles dissuadé Hamadoun Amion Guindo et consorts ?
[caption id="attachment_79887" align="alignleft" width="350" caption="Younouss Hamèye Dicko, membre Copam"]

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Ils sont en train de défier les dirigeants de la sous-région en naviguant à contre-courant de la dynamique tolérance zéro contre les coups d'Etat qui a cours actuellement sur la planète.
Les responsables politiques de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM), du Mouvement populaire du 22 mars (MP 22), de l'Alliance pour la démocratie et la République (ADR), de la Convergence pour sauver le Mali (CSM), de l'Alliance IBK-2012 ont, avec des procédés différents apprécié le coup d'Etat qui a renversé le président Amadou Toumani Touré.
Si les trois premiers cités de ces regroupements politiques ont ostensiblement salué le putsch, les deux derniers (CSM et IBK-2012) l'ont condamné du bout des lèvres avant de se ranger sur les positions des putschistes. Il s'agit, entre autres, de leur réticence ou opposition à voir le président de la République par intérim diriger la transition, de leur refus catégorique de voir une troupe de la CEDEAO intervenir sur le sol malien, leur réserve (rejet catégorique pour certains) quant à la prorogation du mandat des députés et des membres des autres institutions, etc.
C'est ainsi que ces acteurs politiques se sont singularisés dans leurs prises de position en boycottant le dernier sommet du Groupe de contact de la CEDEAO sur la crise malienne, tenu à Ouagadougou le 7 juillet. En lieu et place de cette rencontre qui devait discuter du problème malien, Hamadoun Amion Guindo de la COPAM, Dr Oumar Mariko du MP22, Pr Younouss Hamèye Dicko de l'ADR, Me Mountaga Tall de la CSM et IBK de l'alliance IBK-2012 ont préféré la politique de la chaise vide. Pire, certains d'entre eux ont poussé l'outrecuidance dans le défi à la CEDEAO en organisant un meeting lors duquel l'organisation sous-régionale a été vilipendée. Sa médiation et ses dirigeants n'ont pas du tout apprécié ces invectives. Au contraire !
Dans la foulée, les dirigeants de la COPAM et des autres regroupements alliés ont réaffirmé leur décision de tenir ce week-end une "
convention nationale souveraine" au Palais de la Culture. Celle-ci devrait, selon les explications du Pr Younouss Hamèye Dicko, être sanctionnée par la mise en place d'un «
Conseil de transition pour le changement (CTC)». Un organe qui doit désigner en son sein, a affirmé au téléphone le leader de l'ADR, le "
président de la transition".
Mais, du fait du climat politique quelque peu tendu, les leaders des organisations religieuses, dont le Haut conseil islamique du Mali (HCIM), avaient pris attache avec les organisateurs de cette convention nationale souveraine pour plaider en faveur d'un sursis à exécution. Une réunion tenue dans l'après-midi du mercredi a permis aux "
patriotes" de la COPAM et leurs alliés d'opter pour une mise en veilleuse de la convention. Que s'est-il donc passé entre temps ?
Selon nos informations, les premiers responsables de la COPAM ont apporté à cette réunion les informations selon lesquelles le Premier ministre, qu'ils avaient rencontré, leur a promis que "
le gouvernement a accepté de convoquer, de financer et d'organiser" ces assises.
En clair, les Copamistes et leurs alliés ont été priés de surseoir à toute initiative parcellaire qui ressemblerait à la première convention de la fronde dont des participants ont grossi les rangs de ceux qui ont agressé le président de la République par intérim, le Pr Dioncounda Traoré, le 21 mai 2012. A cela s'ajoute le fait que les pro-putschs ne semblent plus à même de drainer grand monde, vu l'essoufflement du courant de sympathie qui avait dopé leurs premières sorties. Lors du meeting du samedi 7 juillet au stade Mamadou Konaté, les inconditionnels soutiens du capitaine Amadou Haya Sanogo ont simplement eu du mal à…mobilise. Par ailleurs, il semble que la décision de la CEDEAO de prendre des mesures draconiennes contre les acteurs qui perturberaient la transition pourrait être pour quelque chose dans cette mise en veilleuse des velléités frontales d'Oumar Mariko et ses amis.
En effet, le dernier sommet a permis aux chefs d'Etat membres du Groupe de contact de " r
appeler que tous ceux qui s'opposeront au bon déroulement de la transition et aux décisions de la CEDEAO s'exposeront à des sanctions individuelles ou collectives".
En outre, dans la dynamique actuelle de la formation, avant le 31 juillet, d'un gouvernement d'union nationale, on comprend aisément que le Premier ministre adopte le profil bas face à tous les bords politiques, afin de voir clair quant à son avenir plus qu'incertain à la tête du Gouvernement.
Bruno D SEGBEDJI