Pr. Mohamedou Dicko, président de CERI-Mali : «Avec les difficultés qu’on a, si on ne fait pas attention, nous allons perdre notre pays. Cela, pas par la faute des forces armées, mais des politiques»

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Etaient présents : le Pr. Mohamedou Dicko, historien et non moins président de CERI-Mali ; Moussa Doumbia, vice-président de CERI-Mali ; Chérif Cissé, conférencier ; Akory Ag Iknane et des participants de marque. Le thème de la conférence a été développé par Mohamedou Dicko et Chérif Cissé.

Dans son introduction luminaire, Moussa Doumbia dira que du 22 septembre 1960 à nos jours, la gouvernance de notre pays n’a pas toujours été suffisamment patriotique et a quelques fois montré ses limites. « Les liens ethniques ou tribalo-régionalistes, sous couvert de multiples associations, semblent de plus en plus s’enraciner dans nos mœurs, au détriment de la Nation. Les agendas politiques, administratifs, sécuritaires et économiques semblent plus personnels et claniques que dédiés à la cause du Mali. Le Mali est un enjeu géostratégique. Certains pays semblent avoir intérêt dans la déstabilisation du Nord du  Mali avec la complicité de nos concitoyens», a-t-il évoqué. À l’entendre, nombreux sont les Maliens qui n’ont pas encore suffisamment conscience de la gravité de la situation.

Pour le conférencier Mohamedou Dicko, le premier président du Mali indépendant, Modibo Keïta, était un vrai patriote. C’est pourquoi il a vite voté à l’Assemblée nationale l’emblème du Mali, à savoir «un Peuple, un But, une Foi». Aux dires du conférencier, Modibo Keïta connaissait bien le Mali. Le Mali, poursuit-il, est un vieux pays avec plus de 5000 ans d’histoire.

Concernant les récurrentes rébellions, il dira que l’ennemi du Mali passe nécessairement par le développement. C’est pourquoi il ajoutera qu’il urge de  connaître ce pays pour le comprendre. À ses dires, la rébellion malienne est un serpent de sable qui sort des grottes et qui s’engouffre dans le sable, et difficile à le tuer.  Selon lui, l’Adrar des Ifoghas est un no man’s land. Et cette partie du territoire malien a voulu toujours son indépendance. À l’en croire, cette rébellion a des sources lointaines, idéologiques, politiques, économiques. Il y a aussi un problème identitaire. Pour le conférencier, les rebelles se sont alliés aux anti-Maliens qui veulent exploiter le Mali et le dominer. «Le Nord qu’on croit inutile est utile. Dans la plaine de Tilemsi, il y a des oasis. On peut en faire un fleuve artificiel», a-t-il mentionné.

Pour M. Dicko, il urge de mettre à la disposition des populations des moyens de s’occuper de leurs problèmes. Mieux, il recommande à certaines personnes de ne pas être fatalistes concernant la régionalisation. Pour lui,  Cette mode de gestion permettra au Mali de construire un lendemain meilleur. Et même de faire du Mali, d’ici 20 ans, un pays émergent. «Avec les difficultés qu’on a, si on ne fait pas attention, nous allons perdre notre pays. Cela, pas par la faute des forces armées, mais des politiques», a-t-il conclu.

Pour Chérif Cissé, le second conférencier, le Mnla, au cours des négociations, a laissé entendre que les Touaregs ont vécu 50 ans d’humiliation, de spoliation, une population qui a été exclue au développement du pays.  À ses dires, les négociateurs doivent demander au Mnla la preuve de leur affirmation. À l’en croire, Pour des négociations sérieuses, on ne peut laisser passer un tel mensonge. Pour lui, c’est le sentiment raciste qui est à la base de l’irrédentisme touareg. Ce sentiment, dit-il, doit être combattu. Pour lui, si les précédents accords n’ont pas réussi, c’est parce qu’ils n’ont pas abordé les vraies causes du problème.

Soumaïla T.TRAORE

Source : L’Oeil

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