Présidentielle 2018 : Y-a-t-il un homme pour sauver le Mali ?

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Il convient de rappeler que la candidature de Ibrahim Boubacar Keïta à la présidentielle de 2013 avait suscité chez bon nombre de Maliens un immense espoir, celui de voir enfin leurs conditions de vie changer radicalement en leur faveur. Le candidat IBK avait porté les couleurs du  parti du tisserand, le Rassemblement Pour le Mali (RPM).

Debout comme un seul homme, les Maliens se sont mobilisés sans calcul et sans réserve derrière le candidat IBK, non sans raisons : la crise scolaire de 1994, l’on s’en souvient, a été gérée d’une main de fer par Ibrahim Boubacar Keïta, alors Premier ministre du président Alpha Oumar Konaré, pour calmer les ardeurs du monde scolaire, il n’a pas hésité à fermer les établissements secondaires et les grandes écoles du Mali. C’était au mois d’avril  précisément.

Cet acte politique d’IBK fut le soubassement de la confiance du peuple en l’homme. Non pas parce qu’il a réglé le problème, mais parce qu’il avait agi avec fermeté ; dans les turbulences de l’élection d’Alpha Oumar Konaré pour son second mandat (1997), IBK a fait taire le Collectif des  partis politiques de l’opposition(COPPO) en leur ouvrant grandement les portes de la prison ; l’autre fait fédérateur des Maliens autour de la personne d’IBK a été le refus de cautionner l’accord de paix d’Alger du 4 juillet 2006 alors qu’il était président de l’Assemblée nationale du Mali ; aussi et surtout, les slogans de campagne du candidat IBK ont fini par convaincre bien d’autres Maliens quant à la capacité  de ce dernier à redonner confiance  à son peuple. Ces slogans étaient entre autres : «Pour l’honneur du Mali», «Le Mali d’abord», «In Challah !».

Arrivé au second tour, IBK a été élu avec 77,66% des suffrages exprimés contre son adversaire Soumaïla Cissé. Au compte de la défaite de celui-ci, il convient  de signaler ses distances avec le peuple. Mais de l’élection d’IBK à la magistrature suprême du pays à juillet 2017, il est difficile de dire où exactement le président a réussi vraiment et pour cause: sous son règne, l’insécurité s’est développée partout sur tout le territoire national.

Les victimes  ne se comptent plus ; la misère devient de plus en plus le lot quotidien des Maliens déjà sérieusement éprouvés par l’absence totale de nourriture décente, de soins de santé décents, de logements décents, toutes choses sur lesquelles les Maliens misaient beaucoup en votant pour le candidat Ibrahim Boubacar Keïta ; avec la signature de l’accord de défense avec la France, la partition de notre pays a pris corps et pour preuve: en dépit de la mise en route de l’accord de paix d’Alger signé, depuis 2015, par les parties en conflit , aucune autorité malienne n’a foulé le sol de la région de Kidal.

Les affrontements meurtriers du 28 juillet 2017 à Kidal entre la CMA et le GATIA témoignent à suffisance que le président de la République est à court de solutions pour rétablir l’intégrité territoriale du Mali ; peut-être que le président oublie que les temps ont changé et que ce qu’il pouvait se permettre en qualité de Premier ministre lui est impossible pendant  qu’il est président de la République.

L’interdiction des marches et sit-in ne saurait le servir utilement. Certainement, il le sait au regard de ce qu’il sait de l’l’histoire politique de notre pays. Il convient  de rappeler ici que c’est une marée humaine qui a bondé les abords de la route de l’aéroport de Sénou jusqu’au Stade Modibo KEITA. Cette mobilisation de notre Jeunesse commande de faire l’analyse à froid du ras-le-bol du Peuple Malien.

Patrick Gibert disait: «Les dispositions constitutionnelles offrent  aux citoyens la possibilité de participer à la vie politique sous d’autres formes: pétitions, discours, écrits, campagnes, sit-in, etc.» Vouloir empêcher les citoyens d’exprimer leurs états d’âme par des voies démocratiques, c’est là un aveu d’incapacité de redonner confiance à son peuple. Voilà que les tractations, les tribulations politiciennes ont bien démarré avec en ligne de mire les joutes électorales de 2018.

 

Les partis politiques

Ils sont déjà en conciliabule pour le choix des candidats à la présidentielle. Déjà, les coulisses se font entendre. Selon bien d’indiscrétions sortant des rencontres au sein des formations politiques, plus de soixante (60) chefs de partis politiques œuvreraient déjà pour la candidature unique du président sortant IBK. Mais comme on peut s’y attendre, ce ne peut être ici chose aisée comme l’a été quand Amadou Toumani Touré (ATT) a réussi à mettre la quasi-totalité des partis politiques en ordre de bataille derrière lui avec son consensus qui a laissé  la place aux associations religieuses pour prendre le relais .

En 2017, et  là, c’est un secret de polichinelle, les chefs de partis politiques n’ont pas cette chance d’avoir au sein de leurs formations des aboulies. L’on comprend donc pourquoi en sourdine bien de brouilles ont débuté dans les partis politiques en désapprobation de cette éventuelle candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta en 2018.

Ce dernier compte sur les associations religieuses et leurs chefs pour ratisser large  à l’élection présidentielle à venir. Son bilan assez négatif est  une chaude alerte de notre peuple quant à le suivre comme en 2013.

Sur qui IBK peut-il donc compter en 2018 ? La société civile ? Les enseignants ? Les hommes en blouse blanche ? L’armée ? La jeunesse ? Les femmes de la CAFO ? L’armée sera-t-elle mobilisée  derrière lui comme en 2013, au regard des militaires proches de lui qu’il a placés à des postes stratégiques ? Les leaders religieux peuvent-ils continuer à drainer les fidèles  des mosquées vers le candidat IBK décrié par ceux qui l’ont plébiscité en 2013 ?

Faut-il continuer à suivre ces politiciens véreux qui n’ont rien d’autre à proposer aux Maliens que la fripouille politicienne qui consiste à enrichir davantage les riches et à appauvrir ceux (et ils sont l’écrasante majorité de la population malienne) qui sont déjà humiliés par la faim, la malnutrition, les disettes, le manque de soins de santé décents, de logement décents.

Visiblement, aujourd’hui, une seule question serait à l’ordre du jour: Y-a-t-il un homme crédible pour sauver le Mali ? Déjà, dans le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte, Karl Marx écrivait: «Les hommes font leur propre histoire, ils ne la font pas arbitrairement dans des conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et hérités du passé». Rendez-vous en 2018.

Pour les connaisseurs des chiffres, il y a beaucoup à dire sur l’année 2018. D’après Pytagore, philosophe et mathématicien grec: «Tout nombre est une force souveraine et autogène qui maintient la permanence des forces cosmiques».

 Fodé KEITA

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1 commentaire

  1. Oui il y a des maliennes et des maliens qui peuvent gerer et tres bien ce pays, mais les exploiteurs, demagogues, hypocrytes ne vont jamais permettre a ces filles et fils du Mali d’avoir l’opportunite.

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