Primaire de l'Adema/Pasj : Le silence troublant d’Alpha Oumar Konaré
Depuis qu'il est rentré au bercail, l'ex-président de la Commission de l'Union africaine s'est muré dans un silence qui ne lui ressemble pas... Lui qui disait qu’il n’allait jamais être un ancien militant de la démocratie s’est enfermé dans un mutisme inexplicable au moment où son parti traverse des moments d’incertitudes.
C’est sous la houlette d’Alpha Oumar Konaré que l’Adéma/PASJ a pu accéder à la magistrature suprême du pays en 1992, mais depuis 2002, il traverse des périodes empreintes d’incertitudes comme c’est le cas actuellement.
En effet, avec les primaires devant désigner leur candidat à la présidentielle de 2012 auxquelles plusieurs prétendants ont déposé leurs candidatures, les militants du parti de l’Abeille sont pris d’angoisse car convaincus que le choix se fera difficilement entre Ibrahima N’Diaye, Dioncounda Traoré, Sékou Diakité, Marimanthia Diarra, Tioulé Waouya Koné, Harouna Bouaré et Ousmane Traoré. Ils disent de ne rien attendre de la commission de bons offices chargée d’obtenir un consensus entre les protagonistes, mais pensent plutôt que la clé de voute est entre les mains de leur ancien président, Alpha Oumar Konaré. En sa qualité d’ancien chef de l’Etat et fondateur du parti, il n’y a pas mieux que lui aujourd’hui pour rassembler les Abeilles et les reconduire à une nouvelle victoire présidentielle.
Une prise de distance constatée à l’étranger
Malheureusement pour eux, depuis son retour au bercail après son mandat à la tête de la commission de l’Union africaine, l’ancien homme fort du pays s’est muré dans un silence de carpe. Le fait n’a d’ailleurs pas manqué d’attirer l’attention des observateurs internationaux et nos confrères de Jeune Afrique se sont récemment interrogés sur la distance prise par Alpha avec son parti au moment où celui-ci traverse des moments d’incertitudes. Pourtant, à son retour au pays après un mandat bien rempli à la tête de la commission de l’Union africaine, le 1er président de l’ère démocratique au Mali clamait sa détermination de continuer le combat politique. « Je me battrai pour que les valeurs de Justice, de Solidarité et de Panafricanisme que je partage avec mes camarades de l’Adéma et d’autres qui sont dans d’autres parties soient répandues » a assuré Alpha Oumar Konaré quelques jours avant de passer la main à son successeur, le Gabonais Jean Ping sur les antennes de la Radio France Internationale, précisément dans l’émission « Appel sur l’actualité » de notre confrère Juan Gomez.
Des spéculations sur son soutien
Une annonce sans lendemain car l’ancien ministre du général Moussa Traoré a coupé le pont, du moins publiquement avec ses anciens camarades. Pis, de l’avis de plusieurs personnalités du parti de l’Abeille, aucun baron ne peut justifier actuellement un contact avec l’ancien maitre du pays. « Aucun baron ne peut dire aujourd’hui qu’il peut voir Alpha quand il veut. Sa porte semble désormais fermée à nous tous, mais jusqu’à quand ? Personne ne le sait » nous expliquait un ancien ministre et membre du comité exécutif qui précise les militants cherchent tous à savoir lequel des candidats, il soutiendra.
Il a été écrit que l’ancien président Alpha Oumar Konaré avait conditionné son soutien à Dioncounda pour accéder à la présidence de l’Assemblée nationale à ce qu’il quitte la direction du parti rouge et blanc. Une condition acceptée par le député élu à Nara qui, une fois élu, a refusé de démissionner. C’est cette trahison qui vaudrait à Dioncounda de ne pas être soutenu par l’ancien président à qui on attribue des intentions d’imposer une nouvelle candidature extérieure au parti, notamment celle de l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé. Il est revenu que son cœur balancerait entre Iba N’Diaye dont il apprécie la compétence et Sékou Diakité dont il aurait encouragé la candidature.
En tout cas, de nombreux militants de l’Adéma croient dur comme fer que leur victoire est impossible sans le soutien de l’ancien-président qui semble choisir de ne pas se mouiller, du moins pour le moment et surtout loin des agitations de l’Adéma. D’ailleurs, pour la célébration des 20 ans du parti, le 25 mai 2011, Alpha Oumar Konaré n’a pas répondu présent. Et il parait que lorsque quelqu’un est allé le voir pour dire que les gens ont été étonnés de ne pas le voir à l’anniversaire de son « bébé », Alpha aurait répondu qu’il n’a été que cofondateur de l’Adéma et que certains de ces cofondateurs qui dirigent aujourd’hui le parti se débrouillent mieux sans lui. Malheureusement, ce n’est pas de l’avis des militants.
Abdoulaye Diakité
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