Réformes et blocages : «Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires». Montesquieu

11 Octobre 2011 - 00:00
11 Octobre 2011 - 00:00
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A quelques encablures de l’élection présidentielle de 2012 au Mali, le président ATT semble mettre les bouchées doubles, bousculer la lourdeur légendaire des appareils partisans de la majorité et met sur la défensive de nombreux opposants qui ne font que réagir. Sans politique claire, alternative, ces derniers s’installent dans le stérile slogan publicitaire T.S.R. (tout sauf le référendum), qu’ils opposent aux projets de révision des listes électorales, aux annonces du vote du code de la famille, ouvertures faites par le pouvoir, au quota pour les femmes, etc. Si une partie de l’opposition est dans son droit absolu de s’opposer, de critiquer sinon de pourfendre la démarche du président de la République, il est de son devoir de proposer, de chiffrer, d’inventer des compromis et des consensus que le pouvoir ne peut pas refuser. L’ouverture annoncée de l’audiovisuel au privé fournit le meilleur exemple de l’aphasie de beaucoup d’oppositions et de gouvernants.       

Devant des membres du gouvernement, des «experts» inconsistants qui proposent une TV mixte privé/public (la blague de la décennie !), qui ne font que bafouiller en attendant les clarifications d’ATT, l’opposition est absente. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, sa composante, les modalités de son autonomie, la singularité des cahiers des charges (selon la nature de chaque TV ou radio), le mandant des PDG des chaînes publiques et toutes les industries de l’audiovisuel ne disent rien à l’opposition. Bon gré, mal gré, l’audiovisuel national est condamné à bouger. Dans quelle formation politique un travail de réflexion est-il engagé sur cette problématique à plusieurs volets ? Des médiats «ouverts aux professionnels» est un slogan vide de sens, sachant l’évanescence et les lectures nombreuses du concept «professionnels» dans une industrie où l’arme déterminante est l’argent qui attire les compétences. Au moment où des réformes, quelles que soient les lectures des uns et des autres, peuvent modifier le paysage, des discours, des sketches des années 80 sont énoncés et joués aux côtés de réflexes, de fonctionnements totalement déphasés mis vainement en ordre de bataille.

A nouvelles lois, nouvelles ambitions                                   

ATT semble vouloir achever son mandat en apothéose, avec ses qualités et ses défauts, marqué par son cursus personnel et par les contradictions internes au système et celles des oppositions qui évacuent avec pugnacité l’alternance en leur sein et la présence des femmes aux sommets de leurs appareils. Il sait que pour réformer, il faut des équipes qui ont les mêmes ambitions pour le pays et qui savent réformer en s’adaptant aux règles mouvantes de la mondialisation qui ne peut s’accommoder de «spécificités» et de «constantes» totalement surréalistes, lorsque la thèse de «l’or, bien de l’humanité» est appliquée selon les besoins des économies des grandes puissances. Les réformes ont-elles des chances de réussir devant la fainéantise, l’absence d’imagination de la majorité et les blocages systématiques des rentiers et des extrémistes qui ont définitivement tué le tourisme malien, au profit de pays voisins qui ne remettent pas à la mode la prohibition testée par l’Amérique dans les années 20, avec les échecs mondialement reconnus ?       

Le temps manque cruellement au pays, mais il y a au Mali des compétences dans tous les domaines, de l’argent, de l’espace, une jeunesse inventive pour en faire la première grande démocratie de l’espace UEMOA, CEDEAO, et au-delà. Cela est possible. D’ici à un certain moment, il est attendu des changements de textes et de dirigeants, l’implication de syndicats et d’associations qui étaient considérés  comme des repaires de traîtres et de fauteurs des troubles. Or, ils sont des parfaits repères pour un grand nombre et des forces avec lesquelles toute la classe politique apprend à faire avec. Il est suicidaire, même pour nos dirigeants, de continuer à faire tourner le pays avec des relations consanguines en son sein, autour des «familles» aussi vieilles que dépassées, avec des méthodes grabataires arrivées en fin de vie.

Dans le cadre du référendum, le travail préparé durant des mois se poursuit sur le terrain du pays profond. Celui-ci justement, connaît des mutations irréversibles qu’il serait dangereux de contrarier, une ébullition que seule une démocratisation et un rétrécissement des usages bureaucratiques peuvent refroidir.   

Le maintien de certains équilibres, avec des coûts dangereusement élevés, qui seront rapidement dépassés, coïncident avec des regards différents de l’Europe et des USA sur la stabilité du pays, eu égard à la guerre menée contre le terrorisme, n’occultent pas forcément des formes de laxisme qui font peser de réels dangers sur les libertés fortement inscrites dans la loi suprême. Des activistes salafistes, de plus en plus nombreux, exercent au quotidien de fortes pressions. Ces dernières sont le pain quotidien dans le nord Mali avec des cibles privilégiées. Des intolérances se poursuivent au mépris de la Constitution. Ces archaïsmes managés et souvent protégés, ne militent pas pour le développement du pays, pour un vivre ensemble dans les différences protégées par les lois. Les sources de blocages, les hommes et les forces qui s’opposent aux réformes seront, en cas de «révolution», les premières victimes des colères populaires. Les exemples qui foisonnent incitent à accélérer l’adoption de la nouvel reforme.                                                                            

Jean pierre James

 

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