Transition : Le «Mali-Koura» en marche sans le M5-RFP
Nous sommes en 2020. Des hommes et des femmes dont les chemins ne devraient jamais se croiser, peut-être même outre-tombe, se sont regroupés sous la bannière du mouvement du 5 Juin Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) avec le dessein commun de faire tomber le régime IBK.

Composé pour la plupart d’anciens candidats très malheureux d’élections précédentes, ils ont profité des bourdes législatives de 2020 pour prendre la rue et terminer ce qu’ils avaient commencé au lendemain de la présidentielle de 2018. Et trois mois ont suffi à ce mouvement hétéroclite pour arracher le pouvoir à IBK. En effet, pour sauver le pays d’une perdition apparente, un groupe d'officiers, sous l’égide d’un certain Col Assimi Goïta, s’est employé à parachever la lutte du M5-RFP. Sous leurs pressions et la contrainte, le Président IBK finira par concéder, ce qui s’assimile à une abdication, en démissionnant de son poste de Président de la République et procédé dans la foulée à la dissolution mitigée de l'Assemblée Nationale ainsi que du gouvernement. La voie est ainsi ouverte à une gestion du pays par l’ex CNSP et le M5-RFP. Cinq années après, l’aile politique de la Transition est partie en lambeaux avec son éclatement en plusieurs tendances. À part quelques rescapés accrochés aux couloirs du CNT, presque tous les ténors du mouvement qui manœuvrait au nom peuple ont été progressivement mis à la touche. En effet, pendant que l’autorité morale du mouvement, Mohamoud Dicko ainsi l’opposant Oumar Mariko sont contraints à l’exil depuis bientôt deux ans, le puissant président du Comité stratégique du M5, devenu Premier ministre par la force des choses, a rejoint les bagnards de l’ex RFP dont l’ancien 4e vice-président du CNT, Issa Kaou Djim, le Pr Clément Dembélé, Adama Ben le Cerveau ou encore Tahirou Bah. Et si les plus chanceux du mouvement sont aujourd’hui ceux-là qui n’ont jamais été impliqués dans la gestion de la Transition annoncée comme l’avènement d’un Mali nouveau. Seulement voilà : contre cette liberté hypothétique, ils sont devenus, ou presque, des sourds et muets.
Ainsi, le Mali Kura tant chanté à tour de rôle, sous le soleil brûlant de la mythique Place de l’Indépendance continue son petit bonhomme de chemin loin et même très loin de ses principaux architectes. Ironie du sort : ces sont eux les concepteurs de tous les leviers théoriques sur lesquels s’appuie la marche de la Transition, à savoir les concepts que sont la Refondation, le Mali Koura, la souveraineté retrouvée, etc.
Amidou Keita
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