En gagnant dimanche 30 juillet 2006 la 46e finale de la Coupe du Mali de football, le Stade malien de Bamako fait d’une pierre deux coups : laver l’affront de la demi-finale de l’édition 2005, qui avait vu le même adversaire (l’ASB) le sortir de la compétition et établir du club le plus capé à 17 trophées.
« L’enjeu a tué le jeu ». C’est le président de la République même, en sportif avisé, qui déplorait la qualité du spectacle produit par les 22 acteurs à la finale de la 46e Coupe du Mali de football dimanche au Stade du 26-Mars qui a néanmoins vu l’équipe du Stade malien de Bamako faire plier l’Association sportive de Bamako (ASB). Score : 2-1.
Qu’à cela ne tienne ! Car en gagnant par la plus faible des marges et peut-être même sans la manière, les Blancs de Bamako réalisent deux performances tout de même notables : ils effacent tout d’abord l’affront subi face au même adversaire l’année dernière en demi-finale de la même compétition et tiennent le record de club qui a remporté le plus grand nombre de trophées (17) de Coupe du Mali.
Les protégés d’Abdul Karim Razak avaient pourtant pensé que ça allait être, pour eux, une promenade de santé avec l’ouverture du score à la 35e. Sur un centre venu de la droite, Lassana Diallo a repris de plein fouet la balle qui est allée se loger au fond des filets de Boubacar Kéita.
Mais l’euphorie ne dura que deux petites minutes. L’ASB, blessée dans son orgueil, rétablira la parité par Ousmane Bagayoko (37e). L’avant-centre bamakois, sur un somptueux service de son milieu offensif Kalilou M. Traoré (élu homme du match), s’en alla battre Soumaïla Diakité qui ne pouvait rien sur l’action. La mi-temps interviendra sur la marque d’un but partout.
A la reprise, les Blancs revinrent avec de belles initiatives malheureusement contrariées par l’ASB qui imposera son faux rythme au jeu. Les poulains de Djofolo Traoré croyaient tenir le beau rôle quand Amadou Diallo « Docteur » fit parler sa classe.
Le nouveau chouchou de Sotuba, transfuge du Djoliba AC, sur une passe en retrait d’un partenaire, reprendra victorieusement le cuir (64e). Le reste du temps, sera géré par les différents entraîneurs. Voulant coûte que coûte revenir au score, Djofolo Traoré procédera à deux changements improductifs tandis que son vis-à-vis continuera depuis son banc de distiller les consignes nécessaires à la préservation de l’acquis.
C’est dans cette atmosphère de course contre la montre que l’arbitre Koman Coulibaly renvoya les deux équipes aux vestiaires après avoir fait scrupuleusement jouer les deux minutes de temps additionnel signifiés par le quatrième arbitre Boubacar Sidibé.
A noter que le juge de ligne international Dramane Danté qui faisait ses adieux à la haute compétition a reçu les hommages du président de la République à la fin de la rencontre.
Le Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, des membres du gouvernement et des corps constitués et de nombreux hauts responsables sportifs du pays ont assisté à la finale vécue en direct par quelque 25 000 spectateurs.
Boubacar Diakité Sarr
Ils ont dit
Abdul Razak Karim (entraîneur du Stade malien) :
« Le match n’a pas été d’un très bon niveau, mais l’ASB a livré une bonne résistance. Cette finale vient à point nommé puisqu’elle annonce la reprise du championnat qui nous tient à cœur. Je félicite l’ASB qui est la 3e meilleure équipe malienne. Cette victoire est dédiée à tous les supporters, dirigeants, sympathisants du Stade malien ».
Diofolo Traoré (entraîneur de l’ASB) :
« Je félicite le Stade pour sa victoire. L’équipe était déterminée sur tous les plans. Mes joueurs ont manqué de chance, de lucidité et surtout ont pêché dans l’application. Cette défaite est pleine d’enseignements. Que de regrets ! Nous n’avons pas réussi à prendre le dessus. Je suis déçu et je regrette ».
Ousmane Bagayoko (capitaine de l’ASB) :
« C’était dur. Nous avons manqué d’automatisme et surtout d’occasions de but. C’était dur pour nous parce que nous avons joué sans prendre le dessus. On avait des problèmes pour assurer nos passes, on ne s’attendait pas à une telle réaction de la part de l’adversaire. Que faire ? C’est le sport ».
Boubacar Diallo (capitaine du Stade malien) :
« Ce soir notre adversaire a bien joué, il n’a pas démérité. Je suis content et maintenant nous allons nous concentrer sur le championnat. Nous le jouerons à fond sans plus de réserve, nous allons gérer le reste de la saison pour réaliser le doublé ».
Vote sélectif ?
Sur tous les autres stades du monde, en pareille circonstance, ce sont tous les journalistes présents qui votent pour désigner l’homme du match. Dimanche, contre toute attente, ce sont seulement une dizaine de journalistes qui ont choisi le meilleur joueur de la finale (Kalilou M. Traoré). Mamadou Kaloga, président de la Commission média de Malifoot, a annoncé à la fin du match que c’est l’ensemble des journalistes présents qui ont participé à l’élection. Pure contrevérité cher doyen ! Carton jaune.
Pléah premier
Dimanche, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Natié Pléah, était à la porte du salon d’honneur du Stade du 26-Mars dès 15 h 50. Les membres du bureau fédéral, le président de Malifoot Salif Kéita en tête, n’y étaient pas encore pour accueillir le chef de l’Etat. Heureusement que le chef du protocole de la présidence de la République, Modibo Diarra, était là pour tenir compagnie au ministre esseulé. L’arrivée du gouverneur du district un peu tard a créé une atmosphère moins morose devant le salon VIP.
Hommages
Tout en rendant hommage à la carrière exemplaire du juge de ligne international malien Dramane Danté qui a tiré sa révérence à l’issue de la finale de dimanche, le chef de l’Etat lui a promis la reconnaissance de la nation en d’autres lieux. S’agit-il de l’octroi de médailles ? Peut-être. Mais dans ce cas, le président de la République devra faire preuve de beaucoup de discernement car beaucoup de Maliens ont anonymement servi et bien servi le Mali. Il ne faut pas que les médailles aillent à ceux qu’on voie seulement.
Moussadiopmania
Le public a bien apprécié les gestes et pas de danse de l’équipe de Moussa Diop pendant la mi-temps de la finale Stade malien-ASB. Ce groupe de jeunes, une trentaine d’hommes et de femmes étaient habillées dans de superbes tee-shirts de couleur blanche, celle du club de leur fan Moussa Diop. « Je suis venu voir Moussa Diop. C’est mon fan », disait une femme à sa descente d’une Sotrama, louée pour la circonstance.