Budget 2025 : La sécurité en hausse, l’administration et l’agriculture en recul
Le projet de Loi de Finances rectificative 2025, présenté par le gouvernement, traduit un réajustement significatif dans les priorités budgétaires de l’État malien.

Si l’enveloppe globale passe de 3 229,8 milliards F CFA à 3 279,8 milliards F CFA, soit une légère augmentation de 50 milliards, la répartition sectorielle des ressources révèle des choix politiques marqués.
Administration publique : forte contraction
Les services généraux des administrations publiques subissent une coupe sévère : leur dotation passe de 938,9 milliards F CFA (29,07 % du budget) à 776,1 milliards F CFA (23,66 %). Cette baisse de plus de 160 milliards illustre une volonté de réduire les dépenses de fonctionnement administratif au profit d’autres priorités.
Sécurité : priorité affirmée
La défense et l’ordre public sont les grands bénéficiaires de ce collectif budgétaire. La Défense enregistre une hausse de 470,1 à 527 milliards FCFA, portant son poids relatif à 16,07 %. Plus marquant encore, les crédits destinés à l’ordre et à la sécurité publics bondissent de 332,5 à 504,4 milliards FCFA, soit désormais 15,38 % du budget, contre 10,29 % initialement.
Ces hausses traduisent un recentrage assumé sur la lutte contre l’insécurité et le terrorisme, dans un contexte où les défis sécuritaires demeurent prégnants sur tout le territoire.
Agriculture et économie : des arbitrages douloureux
Le poste affaires économiques recule de 550,4 à 492 milliards F CFA, avec un poids relatif en baisse (15 % contre 17 %). L’agriculture, qui représentait à elle seule 8,46 % du budget initial, tombe à seulement 7,49 %. Une contraction préoccupante dans un pays où la sécurité alimentaire reste un enjeu vital.
Éducation et santé : stabilité relative
L’enseignement subit une réduction modérée, passant de 557,7 à 530,9 milliards F CFA (16,19 %). La santé, en revanche, bénéficie d’un léger renforcement : 160,9 milliards F CFA, contre 154,4 milliards initialement, traduisant une priorité maintenue face aux défis sanitaires.
Un bond pour la culture et le culte
Fait marquant, les crédits destinés aux loisirs, à la culture et au culte triplent presque, passant de 39 à 116,2 milliards F CFA. Leur poids budgétaire s’établit désormais à 3,54 %, une hausse notable qui pourrait répondre à des impératifs de cohésion sociale et de valorisation identitaire.
Une redistribution révélatrice
Au total, le collectif budgétaire confirme un glissement stratégique : baisse de l’administration et des secteurs productifs, hausse de la sécurité et des postes liés à la culture et au culte.
Ce choix reflète la double préoccupation de l’État : sécuriser le territoire et renforcer la légitimité symbolique du gouvernement auprès des citoyens. Mais il interroge sur le risque de fragiliser des secteurs moteurs de la croissance et du développement humain, notamment l’agriculture et l’éducation.
Alexis Kalambry
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