Le president Bassirou Diomaye Faye à l’Elysée : La diplomatie Sénégalaise à la recherche d’un nouveau souffle ?

Le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a effectué une visite d’amitié et de travail en France. A l’Elysée comme au MEDEF il a été surtout question du renforcement des relations bâties sur une coopération rénovée fondée sur le respect mutuel et les intérêts partagés.

3 Sep 2025 - 10:50
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Le president Bassirou Diomaye Faye à l’Elysée :  La diplomatie Sénégalaise à la recherche d’un nouveau souffle ?

Ces deux rencontres ont essentiellement touché à beaucoup de domaines notamment l’investissement, le commerce, la défense et la sécurité.  Encore une fois en dépit des tensions  diplomatiques consécutives, à la politique souverainiste prônée par le duo Diomaye Sonko un raffermissement des relations entre les deux pays semble s’amorcer. Les deux pays privilégient désormais une diplomatie basée sur un partenariat décomplexé et gagnant- gagnant. Avec cette énième visite du Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye depuis son élection à la magistrature suprême peut- on parler de l’influence française toujours grandissante en Afrique de l’ouest en général et au Sénégal en particulier  en dépit d’un certain discours souverainiste ? Les dirigeants des pays de l’AES feront-ils de même au grand bonheur de leurs peuples ?   

 La France, qu’on l’aime ou qu’on la déteste, a l’une des diplomaties les plus influentes au monde. Sixième puissance économique du monde et deuxième en Europe après l’Allemagne, la France demeure un pays historiquement et économiquement proche des pays qui partagent avec elle plus de trois siècles de passé comme le Sénégal où plus d’un millier d’entreprises françaises sont implantées. Le Sénégal est considéré par beaucoup d’observateurs comme la France d’outre-mer tant la collaboration a été longue et souvent tumultueuse. Tous les Présidents de la République qui se sont succédé au pouvoir  au Sénégal avaient un amour viscéral pour la France. De Léopold Sédar Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, presque tous avaient des relations cordiales avec la  France comme en atteste leurs épouses, toutes de nationalité française, excepté celle de Macky Sall. Peut-on si facilement tourné le dos à un tel pays qui a plus de trois siècles d’histoire commune avec le Sénégal au nom d’une souveraineté ? La réponse est non, c’est pourquoi le discours souverainiste du duo Diomaye/ Sonko tout au long de la campagne présidentielle de 2024 n’a pas résisté à la réalité du moment.      

  Avec cette énième visite du Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye depuis son élection à la magistrature suprême peut- on parler de l’influence française toujours grandissante en Afrique de l’ouest en général et au Sénégal en particulier  en dépit d’un certain discours souverainiste ?

Tous les grands analystes s’accordent à dire que pour que les anciennes colonies françaises, pour sortir de son influence, elles  doivent s’unir plutôt que de disperser les efforts. Aucun pays francophone ne pourra s’extirper de la domination et de l’influence française sans une conjugaison des efforts et une vision plus large axée non pas sur le bellicisme ou une quelconque revanche à prendre sur l’histoire, mais par une intelligence plus accrue et un travail acharné. Les autorités sénégalaises semblent comprendre ce narratif après leur accession au pouvoir. Qui ne se rappelle des décisions à la va vite prises par le gouvernement sénégalais pour non seulement demander des comptes aux autorités françaises par rapport au massacre de Thiaroye en 1944, mais aussi le retrait des troupes françaises du Sénégal.  Ces deux décisions comme d’autres d’ailleurs ont été précédées  par la dénonciation de la politique française en Afrique en général et au Sénégal en particulier, lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2024. Ne dit-on pas qu’on n’agit pas de la même manière dans une chaumière comme dans un palais ? Le discours  des autorités sénégalaises semble totalement changer de tempo, comme en atteste les différentes visites du Président Bassirou Diomaye Faye en France, dont la dernière a été celle du 27 Août  2025. Cette visite a permis une redynamisation et un  renforcement de la coopération économique et diplomatique entre les deux pays. Pour rappel le Sénégal et la France sont liés par l’histoire et par des intérêts réciproques depuis  plusieurs siècles. Diomaye Faye ne doit pas perdre de vue ce vieil adage selon lequel un pays n’a ni ami, ni ennemi, mais il n’a des intérêts à préserver.   Cette visite doit servir de leçons à ceux qui ne savent pas encore que le monde a évolué pour n’être gouverné que par le ressentiment.

Les dirigeants des pays de l’AES feront-ils de même au grand bonheur de leurs peuples ? 

La visite de Bassirou Diomaye Faye a déjà suscité un regain d’intérêts chez beaucoup de chefs d’Etat qui ont maille à coopérer avec la France. Notamment les pays de l’AES qui diabolisent le pays d’Emmanuel Macron en lui faisant porter le chapeau de tous les malheurs dont souffrent leurs pays. Après cinq ans de transition dans les trois pays de l’AES les maux dont on accusait la France n’ont connu aucune espèce de début de solution, ils se sont même exacerbés. Le discours anti français parfois même de diabolisation semble montrer toutes ces limites. Certains observateurs pensent même qu’il vaudrait mieux pour les Etats de l’AES de revenir aux premières amours celles qui ont permis de sceller une relation  vieille de plus d’un siècle, tout en privilégiant un partenariat gagnant – gagnant plutôt que de continuer à raviver la tension. Pour rappel les pays de l’AES ont tourné le dos à la France pour se diriger vers la Russie. S’il demeure nécessaire, voire indispensable dans un monde multipolaire de diversifier les partenariats il est tout aussi périlleux de se contenter d’un seul pays fut-il la Russie.

En somme, un partenariat Gagnant- gagnant semble être le crédo de toute diplomatie. Les autorités qui n’ont pas encore compris que les relations diplomatiques entre pays  ne doivent pas souffrir de ressentiment et d’égo, mais plutôt empreintes de respect mutuel et de la préservation d’intérêts réciproques. Les nouvelles  autorités sénégalaises ont compris cette belle leçon. Quid des pays de l’AES ?

Youssouf Sissoko

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