Yann Vezilier : La nouvelle opposition Mali-France
L’arrestation de Yann Vezilier, ressortissant français et agent de la DGSE, a ravivé les tensions déjà vives entre Paris et les autorités maliennes de Transition. Présenté par Bamako comme un acteur clé d’un présumé complot contre les institutions, il se retrouve au cœur d’un bras de fer à fort relent.

Le 14 août, Yann Vezilier est interpellé lors d’une vaste opération des services de sécurité maliens. Selon les autorités, il aurait orchestré une tentative de déstabilisation impliquant des responsables politiques, des militaires dont les généraux Abass Dembélé et Nema Sagara ainsi que des civils. Cette arrestation s’inscrit dans une série de purges visant une dizaine de personnes accusées de fomenter un "complot contre les institutions".
Paris dénonce une violation flagrante de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Le ministère français des Affaires étrangères affirme que Vezilier est un diplomate accrédité, bénéficiant de l’immunité, et exige sa libération immédiate.
D’abord prudente, la réaction française s’est durcie le 16 août. Le Quai d’Orsay qualifie les accusations de "sans fondement" et appelle à un dialogue pour "dissiper tout malentendu". Mais derrière ce ton mesuré, une crispation profonde s’installe entre les deux capitales.
Bamako, de son côté, reste inflexible. Le gouvernement de Transition affirme défendre la souveraineté nationale face aux ingérences étrangères.
Pour de nombreux observateurs, l’arrestation de Vezilier dépasse le cadre d’un incident diplomatique. Elle incarne une rupture assumée entre deux États jadis liés par une coopération militaire, sécuritaire et culturelle.
"Bamako ne cherche plus à ménager Paris. En arrêtant un agent de la DGSE, les militaires au pouvoir redéfinissent les règles du jeu, même au mépris du droit international », commente un analyste.
"Ce n’est pas seulement une affaire judiciaire : c’est une guerre de récits, où chaque camp tente d’imposer sa version", confie un ancien diplomate. Dans l’opinion publique malienne, cette arrestation est perçue comme le symptôme d’une recomposition géopolitique. Elle marque la fin d’une époque, celle où Paris dictait les lignes rouges.
"Ce qui se joue ici dépasse le sort d’un homme. C’est une bataille pour la souveraineté, la narration, et l’avenir des relations internationales en Afrique de l’Ouest ", estime un citoyen lambda.
Ousmane Mahamane
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