Les soliloques d’Angèle : Héritages et pouvoirs, toujours tabou !
Dans nombre de familles, d’entreprises, la question de la succession se révèle être un casse-tête. Patrimoines dilapidés, entreprises familiales brisées, querelles interminables entre héritiers : le scénario se répète de génération en génération. Mais pourquoi l’Homme semble-t-il avoir tant de mal à organiser l’après ?

Préparer sa succession, c’est parler de sa propre disparition. Or, dans de nombreuses cultures africaines, la mort est perçue comme un sujet à éviter. On croit qu’en l’évoquant, on attire le malheur. Résultat : la rédaction d’un testament, la transmission des biens ou la formation d’un successeur sont constamment repoussées… jusqu’au jour où il est trop tard. Le droit moderne (testament, assurance-vie, donation) cohabite difficilement avec le droit coutumier, qui confie souvent la gestion de l’héritage à la famille élargie. Ce chevauchement crée des tensions et dissuade nombre de personnes de clarifier leur succession de leur vivant.
Qu’il s’agisse d’un chef d’entreprise ou de famille, préparer sa succession revient à accepter de déléguer et d’ouvrir la porte à la relève. Or, beaucoup redoutent que leur autorité soit affaiblie s’ils désignent un successeur trop tôt. Ils préfèrent donc conserver le pouvoir jusqu’au dernier souffle, au risque de plonger leur entourage dans l’incertitude. Peu de familles sont initiées aux outils simples de planification successorale : testament notarié, assurance-vie, donation anticipée… Ce déficit de connaissance favorise l’improvisation et nourrit les conflits après coup.
La succession ne se limite pas à la transmission des biens matériels. Elle suppose aussi la transmission des savoirs, des valeurs et de la vision. Or, nombre d’héritiers ne sont pas formés pour gérer les affaires familiales ou perpétuer l’œuvre de leurs parents. Beaucoup d’entreprises africaines disparaissent ainsi dès la deuxième génération. Familles divisées par des querelles judiciaires interminables, entreprises familiales qui s’effondrent, faute de stratégie de relève.
Au Mali, la succession est encadrée par le code des personnes et de la famille qui en définit les dispositions : l’applicabilité, les qualités pour être successeur, les donations, les droits successoraux même quand il n’y a pas d’héritier.
Briser le tabou, s’informer et anticiper : voici quelques clés. Préparer sa succession ne signifie pas souhaiter sa mort, mais protéger son œuvre, assurer la continuité et la stabilité des familles, des entreprises. C’est un acte de responsabilité à poser envers la famille, l’entreprise, et parfois même le pays.
Parce que c’est notre Mali.
Muriel Jules
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