IBK PRE-INVESTI CANDIDAT EN 2007 PAR CONFERENCE NATIONALE DES TISSERANDS:LE RPM REAFFIRME SA DIFFERENCE, DONNE LE TON MAIS REFUSE D’OSER

Les Tisserands ont consacré les samedi et dimanche de la semaine dernière à leur 2ème conférence nationale, une instance que le parti a dédiée à la réflexion sur son parcours entre deux congrès et à l’état de la Nation. Aussi les assises ont-elles été l’occasion, pour...

Aurore

24 Juillet 2006 - 10:04

Les Tisserands ont consacré les samedi et dimanche de la semaine dernière à leur 2ème conférence nationale, une instance que le parti a dédiée à la réflexion sur son parcours entre deux congrès et à l’état de la Nation. Aussi les assises ont-elles été l’occasion, pour les fidèles du Président de l’Assemblée Nationale, de le persuader de son niveau d’audience, à une période charnière des options décisives et de la détermination politique.

Dans un contexte marqué par une démarcation progressive d’IBK, le Rassemblement pour le Mali ne pouvait rater l’occasion de lever toute équivoque sur sa capacité de mobilisation sur l’échiquier politique nationale. C’est donc fort logiquement que la 2ème Conférence nationale du RPM a drainé monde vers le Centre International de Conférence littéralement, bondé pour la circonstance de slogans et d’emblèmes, même si les lieux donnaient l’impression d’abriter un congrès de femmes. Qu’à cela ne tienne, car la salle principale de l’ancien Palais des Congrès refusait vraiment du monde, avant-hier, lors de la cérémonie d’ouverture des assises. Les délégués de 54 sections ont adjoint leur énergie à celle des élus et des militants pour accompagner, une heure d’horloge durant, le rythme des vibrations sonores assurées par des griots et spécialistes de la percussion. Le N°1 et Seigneur incontestable du ‘Métier à Tisser’ fit ainsi son entrée en scène dans une salle comble où l’ambiance festive et conviviale devait lui inspirer un échange de poignée de mains et la distribution de baisers contre les youyous de militants en provenance des quatre coins de Bamako.

Quoique courroucé par les fausses notes d’un hymne dédié à sa personne et au Parti, le puissant Président du RPM était suffisamment requinqué pour conforter l’ardeur et la ferveur régnantes par des propos favorables à une rupture définitive avec le consensus dont il n’a cesse d’avoir horreur, à mesure qu’approche la future compétition électorale. « Nous sommes à la croisée des chemins», a lancé IBK, faisant ainsi allusion à une démocratie malienne – ou du moins un « projet démocratique malien » – en proie aux menaces « de la complaisance, de l’obséquiosité, de la peur». Et de poursuivre en s’en prenant à des obstacles qui se traduisent par des agressions beaucoup moins intimidantes qu’elles ne contribuent à réchauffer l’ardeur et l’engagement des militants : « tous les écueils que l’on érigera sur notre route ne serviront qu’à nous renforcer et nous raffermir ».

Au nombre des embûches figurent vraisemblablement la position mitigée des ministres RPM, auxquels le *président des Tisserands fait un procès ci-après : « Bonne chance et grand bien fasse à ceux qui choisissent d’être sous d’autres cieux…Le portefeuille ou le poste, quels qu’ils soient, n’ont d’intérêt qu’autant qu’ils permettent, non de nous servir, mais de servir notre peuple du Mali». Par des diatribes tout aussi sévères IBK dénonce implicitement l’attitude démagogique des hautes autorités qui consiste, selon lui, à tromper le peuple en parlant pour lui faire plaisir. Or, « seul la vérité est signe de respect », a martelé le président de l’Assemblée National, qui annonce manifestement les couleurs de la future atmosphère politique au Mali.

A l’entrée comme à la sortie de la 2ème Conférence Nationale de son Parti, le N°1 des Tisserands est resté fidèle au même ton agressif. Galvanisé davantage par le contenu des résolutions très acerbes sur la situation politique et socio-économique du pays, mais surtout par sa présélection comme candidat du parti en 2007, IBK devait revenir à la charge, à la cérémonie de clôture de la 2ème Conférence Nationale. Abordant la problématique de la Région de Kidal, le plus que probable candidat RPM à la présidentielle 2007 est resté ferme sur sa position. Il soutient en effet que l’Accor d’Alger a bel et bien consacré une violation de la Loi fondamentale. Aussi, a-t-il rassuré devant les militants, « on ne réussira pas à ternir l’image » du RPM qui restera imperturbable dans l’accomplissement de sa mission et de sa vocation.

Somme toute, la 2ème Conférence Nationale n’a fait que confirmer la différence du Rassemblement Pour le Mali, en tant que formation politique qui se singularise sur l’échiquier politique par ses ambitions et une façon propres d’être partie prenante de l’action gouvernementale. Pour ce qui concerne l’audace de formaliser sa position vis-à-vis du Gouvernement, le choix plus courageux de l’opposition, les observateurs vont devoir attendre plus longtemps que prévu : le temps peut-être pour les autorités de mettre un terme à la cohabitation sournoise qui caractérise les rapports entre le RPM et les pouvoirs.

Keïta