Problématique de l’emploi des jeunes au Mali : Accroître les opportunités offertes aux jeunes

Dans la prochaine décennie, selon les estimations 2025 publiées sur le site de la Banque mondiale, 1,2 milliard de jeunes dans les pays émergents atteindront l’âge de travailler, pour seulement 420 millions de créations d’emplois attendues sur la même période

10 Juillet 2025 - 01:27
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Problématique de l’emploi des jeunes au Mali : Accroître les opportunités offertes aux jeunes
Mohamed Sacko

En Afrique Subsaharienne, 70 à 80 % de l’emploi rural dans la région reste lié à l’agriculture. Avec l’arrivée prévue de 362 millions de jeunes sur le marché du travail au cours de la prochaine décennie, et des opportunités d’emplois estimées à 151 millions, des centaines de millions de jeunes seront par conséquent privés de perspectives d’insertion sur le marché du travail, ce qui aura des conséquences de grande ampleur sur le développement de nombreux pays. Nous proposons ici la seconde et dernière partie de la pertinente réflexion de notre confrère Mohamed Sacko qui est également un cadre de l’Agence pour la promotion de l’Emploi des jeunes (APEJ).

Au Mali, les ministères ont en charge l’exécution des politiques gouvernementales de réduction de la pauvreté par la création d’emplois. Le Ministère de l’Entrepreneuriat National, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle occupe une part importante dans la mise en œuvre de ces politiques. L’État a de tout temps entrepris des réformes réglementaires qui ont permis de réduire la segmentation du marché du travail et d’accroître les opportunités offertes aux jeunes.

Dans cette nouvelle démarche, les programmes d’aide à l’emploi et les actions de perfectionnement professionnel doivent :

1-être dirigés vers les personnes, jadis, exclues du marché du travail formel, telles que les jeunes demandeurs d’emploi, les ménages pauvres et les femmes ;

2-concourir à générer des emplois, de la croissance et des opportunités pour tous ;

3-apporter des garanties à grande échelle dans un secteur économique porteur et où les besoins d’investissement sont les plus importants ;

4-mettre en place une structure de supervision (contrôle/suivi) en matière de responsabilités environnementales et sociales, ce qui pourrait éviter de répéter inutilement des processus ;

5-mettre en place un programme de formation et de promotion ;

6-renforcer et la mettre à jour de façon permanente le système d’information sur le marché de l’emploi, du travail et de la formation professionnelle.

Pour amoindrir la problématique du chômage et relever le défi de l’employabilité des jeunes, l’Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (APEJ) participe au financement des projets des jeunes (hommes/femmes) en partenariat avec les Banques et les Institutions de Microfinances de la place. L’objectif étant de contribuer au développement économique et social du pays à travers la mise en œuvre de la politique nationale de l’emploi et de la politique nationale de la formation professionnelle en offrant aux jeunes maliens âgés de 15 à 40 ans des opportunités d’emploi dans les différents secteurs d’activité économique à travers l’emploi salarié ou l’auto-emploi.

Ces derniers temps, pour soutenir l’adoption et la mise en œuvre de réformes, les programmes ou mesures spécifiques de réduction du chômage ont concerné les activités des jeunes dans les domaines suivants : Horticulture (arboriculture, fleuri-culture, maraîchage, service du conseil agricole et de fourniture d’intrants, etc.) ; Gestion des déchets (recyclage des déchets plastiques, production de granulats, de carreaux et de pavés, production de compost de qualité améliorée ; ramassage des ordures, récupération et vente des produits recyclés, etc.) ; artisanat utilitaire (plomberie agricole, fabrication de matériels et équipements de production agricoles, cuisine et restauration, électricité photovoltaïque, isolation thermique à base de déchets solides, l’innovation numérique et la gestion du risque environnemental et social (écologisation), etc.).

C- Remédier aux difficultés d’accès des jeunes dans l’agriculture

Face à la hausse du taux de chômage des jeunes et à l’incapacité des villes à absorber la main-d’œuvre croissante, il est impératif de transformer l’agriculture en un secteur plus productif, attrayant et innovant. L’agriculture au Mali est confrontée à une productivité stagnante, une baisse des investissements, un lourd fardeau de la dette et à des défis concernant la qualité de l’emploi. Dans l’agroalimentaire, pour ne citer que cet exemple, les rendements et la qualité de la production pâtissent de plusieurs faiblesses : plantations mal entretenues, manque de semences de qualité et autres intrants, services de vulgarisation insuffisants et pertes après récolte dues à des problèmes de manutention et de stockage. Les investissements coordonnés, les infrastructures et l’innovation peuvent libérer la croissance dans ce secteur à fort potentiel d’emplois.

Les propositions en la matière sont les suivantes :

1-mettre fin à l’insécurité foncière qui décourage l’investissement et l’innovation chez les jeunes ;

2-conjurer les lacunes en matière de financement et de formation qui empêchent les jeunes d’accéder aux opportunités émergentes dans l’agriculture numérique, la mécanisation et les pratiques intelligentes face au climat ;

3-réformer la gouvernance du secteur de l’agroalimentaire et à améliorer l’accès des petits exploitants agricoles aux marchés, aux technologies et aux formations ;

4-insister sur l’enjeu de la création d’emplois dans les opérations de transformation, en mettant en particulier l’accent sur les femmes aux fins attirer des investissements privés dans les différentes filières ;

5-soutenir des mesures d’incitation ciblées, en améliorant la productivité, en investissant dans les équipements de transformation et en facilitant l’accès aux financements ;

6-fournir des formations en matière de contrôle de la qualité et de commercialisation ;

7-œuvrer au déploiement d’une plateforme informatique ;

8-aider les transformateurs à investir dans les technologies ;

9-créer de nouvelles opportunités d’emploi tout en améliorant l’efficacité de l’agro-industrie afin de préserver les emplois productifs et d’assurer la sécurité alimentaire.

D- Accès aux services de santé

La santé est un secteur important pourvoyeur d’emplois. L'accès aux services de santé et la réduction du chômage sont deux enjeux interconnectés, le chômage pouvant avoir un impact négatif sur la santé et, inversement, une mauvaise santé pouvant entraver le retour à l'emploi.

Pour atteindre ces objectifs, l’État doit investir dans la santé pour :

1-renforcer les capacités productives et améliorer les services sociaux de base ;

2-construire d’avantage des CSCOM et les doter en matériels adéquats ;

3-combler le déficit en ressources humaines dans ce secteur pour créer un plus grand nombre d’emplois, mais aussi cette dynamique aura aussi un effet multiplicateur dans d’autres secteurs d'activité.

E- Stimuler la croissance du Secteur privé

Ce secteur aussi est réputé être un grand pourvoyeur d’emplois notamment pour les jeunes. Comme propositions, il faut donc :

1-adopter de mesures urgentes et volontaristes pour stimuler la croissance du secteur privé ;

2-renforcer la stabilité économique et sociale ;

3-réduire les migrations de masse ;

4-améliorer les moyens de subsistance et d’accroître la résilience aux chocs financiers ou climatiques,

5-      assouplir les entraves à l’investissement qui se sont multipliées au fil des années,

6-relancer les efforts d’amélioration du climat de l’investissement,

7-mettre en place des politiques qui favorisent un secteur privé dynamique à l’effet de faciliter la création d’emplois en améliorant l’accès aux capitaux, aux technologies et aux marchés ;

8-mobiliser les capitaux privés en s’employant à créer des instruments qui réduisent les risques financiers pour les investisseurs ;

9-encourager une plus grande participation à l’économie formelle ;

10-renforcer le partenariat public-privé surtout dans les secteurs de création d’emplois ;

11-mobiliser les financements nécessaires à la réalisation des principaux objectifs de développement.

F- Stratégie de prêt-programme axé sur le résultat 

Un prêt-programme axé sur les résultats est un mécanisme de financement de la Banque mondiale où les décaissements sont liés à l'atteinte de résultats vérifiés, plutôt qu'à des dépenses. En d'autres termes, les fonds sont décaissés lorsque des objectifs spécifiques et mesurables sont atteints, ce qui renforce la responsabilisation et l'efficacité du projet. Cet instrument se caractérise, notamment, par l’établissement d’un lien entre les décaissements des fonds et l’obtention de résultats spécifiques et par l’appui aux jeunes pour leur permettre d’accroître l’efficacité et l’efficience de leurs projets afin d’atteindre des résultats tangibles et durables. Il s’articule autour de 4 axes :

1-financer et soutenir les projets des jeunes ;

2-subordonner les décaissements à l’atteinte de résultats des projets ;

3-renforcer les capacités institutionnelles ainsi que les processus et les procédures nécessaires pour permettre aux projets d’atteindre les résultats souhaités ;

4-fournir l’assurance que le financement de la Banque est utilisé de manière appropriée et que les aspects environnementaux et sociaux du projet sont dûment pris en compte ;

A ceux-ci, nous ajouterons deux autres volets importants :

1-contribuer à accroître les possibilités d’emploi pour les femmes  ;

2-transformer progressivement les projets à petite échelle réussis en programmes de développement.

G-      Multiplier les Centres de formation professionnelle

Les Centres de formation professionnelle sont des établissements offrant une formation de niveau secondaire, structurée de façon à favoriser des apprentissages concrets qui préparent les élèves à exercer un métier dès le bas âge. Offrant une variété de programmes pour former les jeunes et les adultes à différents métiers, ces centres visent à améliorer les compétences professionnelles, réduire le chômage et favoriser l'insertion socioprofessionnelle. Certains centres se spécialisent dans des domaines spécifiques, tandis que d'autres proposent une gamme plus large de formations. En d'autres termes, le rôle d'un tel centre c'est d'optimiser la productivité d'une entreprise, améliorer la qualité de la main d’œuvre renforcer la compétitivité des entreprises et réduire le chômage à travers une meilleure employabilité des jeunes.

En cette période de refondation de notre système de gouvernance, l’État doit mettre l’accent sur la multiplication de ces Centres qui contribuent à réduire considérablement le nombre de jeunes analphabètes et surtout permettre à la jeunesse de s’insérer très tôt dans la vie active professionnelle au lieu d’un long cursus et aux contours d’une recherche d’emplois indécise. Un dispositif très important de réduction du chômage où les activités doivent être tournées vers la connaissance de la nouvelle technologie en mettant l’accent sur le numérique et l’économie verte qui sont des projets âprement financés par les partenaires au développement.

Mohamed Sacko

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