Intelligence artificielle et développement humain au Mali : Le Mali est-il prêt ?

Selon une étude du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), intitulé : "Rapport global sur le développement humain 2025 - une affaire de choix : individus et perspectives à l’ère de l'intelligence artificielle", le Mali dispose d’un potentiel humain actif dans le domaine des données : cartographie, systèmes d’information géographique, Open Data… le pays manque de brevets et marques, ce qui témoigne d’un début de structuration seulement.
Des initiatives comme OpenStreetMap Mali portées par Nathalie Sidibé, ont permis de cartographier 80 % des routes du pays et de créer des bases de données ouvertes sur les équipements publics, se félicite le Pnud.
RobotsMali est un centre dédié à la formation et à l’innovation en robotique et IA, avec pour mission de démocratiser l’accès à ces technologies. "L’Institut supérieur de formation et de recherche appliquée, (Isfra) forme des chercheurs, même si l’accent sur l’IA semble encore marginal", ajoute l’étude.
De plus, le Mali s’est engagé sur la scène internationale en matière d’éthique de l’IA. Lors du 3e Forum mondial de l’Unesco sur l’éthique de l’IA (juin 2025), Pr. Fadaba Danioko, vice-directeur du Centre d’intelligence artificielle et de robotique, y a représenté le pays et souligné l’importance d’un développement éthique et inclusif.
Enfin, une communauté nommée AI&T (Artificial Intelligence & Training) est née récemment au Mali, soutenue par la NTF V, pour démocratiser l'IA et l’apprentissage automatique comme moteur de développement économique inclusif.
RobotsMali produit du contenu éducatif dans les langues locales (notamment en bambara), via IA (ChatGPT, traduction automatique), avec plus de 180 livres pour enfants en moins d’un an. HealthTech en Afrique de l’Ouest suggère que "l’IA dans la santé publique devient tangible malgré le retrait de partenaires et la baisse des financements, d’où un intérêt croissant pour l’IA comme levier face aux urgences sanitaires".
L’étude montre le potentiel de l’IA pour la surveillance sanitaire (détection des maladies, allocation ciblée de ressources), applicable dans un contexte Malien ; dans l’enseignement supérieur maliens, pour l’analyse de données éducatives, l’apprentissage adaptatif, les outils de recherche, tout en soulevant des défis éthiques, comme les questions de protection des données. "Heureusement, au Mali, ces questions sont vite prises en compte avec l’Autorité de protection des données à caractère personnel", souligne Pr. Fadaba Danioko.
Pour un opérateur du secteur, "le Mali n’est pas encore prêt, mais pose les jalons d’une montée en puissance. Les fondations sont en cours de construction : talents, certains projets, engagement institutionnel. Il reste à structurer l’écosystème, doter le pays en capacités techniques robustes, et développer une stratégie nationale (politique, éthique, data/infrastructure/talent) pour amplifier l’impact", dit notre interlocuteur.
Pour lui, il faut en plus une volonté politique, des initiatives locales pionnières, et une résonance internationale sur l’éthique de l’IA. "Mais pour vraiment franchir un cap, il nous faut désormais un écosystème structuré, une infrastructure dédiée, une stratégie nationale claire et surtout une ambition partagée pour faire de l’IA un levier de développement humain équitable".
Aminata Agaly Yattara
Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les droits humains (JDH) au Mali et NED
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