Pourquoi l’eau du fleuve Niger est-elle devenue jaunâtre à Bamako ? : Des Bamakois et des pêcheurs s’interrogent
Il y a trois ans, les eaux du fleuve Niger qui traversent la capitale malienne étaient limpides. Ces eaux prennent aujourd’hui une teinte jaunâtre inquiétante. Une situation qui suscite de nombreuses interrogations, notamment chez des bamakois et les pêcheurs riverains, témoins directs de cette transformation progressive.

« Il y a quelques années, à cette même période, on pouvait voir les petits poissons nager à travers l’eau. Aujourd’hui, c’est devenu presque impossible », déplore Ablo Touré, pêcheur à Badalabougou. Comme lui, plusieurs habitants des berges du fleuve évoquent avec nostalgie la clarté d’antan.
Selon des témoignages concordants, le phénomène pourrait être lié aux opérations de dragage effectuées dans les villages situés en amont de Bamako. Ces activités minières ou de prélèvement de sable perturberaient les fonds du fleuve, entraînant une forte turbidité de l’eau. A cela s’ajoute la déforestation des berges, l’érosion des sols et le ruissellement chargé de boue lors des premières pluies.
Un impact sur le traitement de l’eau potable ?
Face à cette détérioration visible de la qualité de l’eau brute, une question cruciale se pose : le traitement effectué par la SOMAGEP dans ses stations de Kabala, Djicoroni Para ou encore Sotuba est-il impacté ? « La couleur de l’eau brute ne signifie pas automatiquement qu’elle est impropre à la consommation, mais cela complique le traitement, augmente les coûts et réduit l'efficacité des systèmes de filtration », indique un technicien sous anonymat.
Jusqu’à présent, peu de mesures semblent être prises pour enrayer cette évolution préoccupante. Les pêcheurs, les riverains et les associations environnementales interpellent les autorités, en particulier le ministère de l’Environnement et celui des Mines, afin qu’une enquête approfondie soit menée et que des actions soient entreprises pour réguler les activités polluantes.
Le fleuve Niger n’est pas seulement un cours d’eau : il est une source de vie, de nourriture, d’eau potable et d’activités économiques pour des milliers de Bamakois. Sa préservation est une urgence vitale. « Rien ne peut remplacer l’eau. Si nous la laissons se dégrader, c’est notre propre avenir que nous hypothéquons », alerte une militante écologiste.
Il est temps d’agir, avant que le fleuve Niger, si généreux et nourricier, ne devienne un danger silencieux.
Hamidou B. Touré
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