Arrêtés par le 15ème arrondissement de Police : Deux militaires burkinabè et leur marabout pris en flagrant délit de braquage à Bamako
Le commissariat de police du 15ème arrondissement vient de réaliser un joli coup en mettant le grappin sur un gang composé de trois individus dangereux. Ils sont deux militaires, Philippe Kafando, numéro matricule 0611005205, fils du Colonel Kafando de l'armée burkinabè, Ousseyni Ouédraogo, numéro matricule 0611005185 en service à la première compagnie de la brigade nationale des sapeurs pompiers de Bobo Dioulasso et un civil du nom de Brice Hien qui joue le rôle de marabout pour le groupe.
Les individus opèrent dans notre capitale depuis un certain temps et ont mis en place une véritable entreprise de vols à main armée. Leur plan est des plus ordinaires, mais d'une efficacité redoutable. L'un deux, en l'occurrence Philippe Kafando, se fait passer pour un vendeur de produits cosmétiques (liquides et solides). Ce qui, selon lui-même, lui permet de se faire une idée de la situation financière de la famille et éventuellement du nombre de personnes y vivant.
Les autres font le guet au dehors pour l'avertir sur des arrivées surprises. C'est l'analyse de ces éléments qui permet de projeter une attaque des familles ciblées. Les instruments utilisés sont le ruban adhésif pour attacher les victimes et des pistolets pour menacer et éventuellement tuer. Ce plan a marché à la perfection jusqu' au jeudi 11 novembre où le trio s'est attaqué à une teinturière du nom de Fatoumata Noumazana domiciliée à Torokorobougou. Le choix de cette dame et la date de l'attaque ne relèvent pas du hasard.
En effet, à une semaine de la fête de Tabaski, il est évident que les teinturières font de très bonnes affaires et ont constamment de la liquidité sur elles. C'est pourquoi, nos tristes héros du jour ont jeté leur dévolu sur cette dame qui gagne honnêtement sa vie.
Ayant ciblé au préalable Fatoumata Noumazana, le trio organise une descente chez elle le 11 novembre. Ousseyni Ouédraogo surveille les alentours alors que Philippe Kafando et Brice Hien échangent avec la domestique dans la cour. Le gardien, Souleymane Yalcouyé, qui les voit à distance s'approche pour savoir de quoi il s'agit. Là, il s'entend dire : "Nous sommes des prêcheurs et nous voulons rencontrer madame".
Le gardien les fait attendre le temps pour lui d'aller informer sa patronne. A son retour, Philippe lui remet un bout de papier pour Fatoumata Noumazana. En réalité, c'était pour le divertir car, lorsqu'il tourne le dos, Philippe Kafando se jette sur lui et veut l'étrangler en saisissant son cou. Pour éviter que le gardien ne crie, ses complices entrent dans la danse.
Par la grâce de Dieu, le gardien réussit à se débarrasser d'eux et se met à crier de toutes ses forces. Brice et Ousseyni parviennent à prendre le large mais Philippe est vite maitrisé par la foule. Dans la sacoche qu'il portait, se trouvaient des armes. C'est à partir de cet instant que les braves et compétents limiers de la brigade de recherche du 15ème arrondissement se saisissent de l'affaire.
En effet, entre l'arrestation de Philippe et celle de ses complices, il ne s'est déroulé que 45 mn. Ce qui prouve, si besoin est, combien le commissaire principal Arby et les hommes qu'il dirige sont alertes sur les cas de banditisme aigus. A l'enquête préliminaire, les deux militaires ont soutenu qu'ils ont déserté l'armée parce qu'au Burkina Faso les soldes sont minables. Cela les autorise t-il à devenir des bandits au Mali ? Assurément non. Surtout qu'au pays des hommes intègres les militaires ne sont pas les grands oubliés.
Pour élucider cette affaire, le commissaire principal Moussoudou Arby a mis en branle tous les éléments de la brigade de recherche. Il s'agit des inspecteurs Bakary Diabaté (chef BR) et Mohamed Coulibaly, de l'adjudant Oumar Coulibaly, des sergents chefs Moussa Maïga, Housseini Coulibaly et Taïrou Koné et des sergents Cheick A K Traoré, Bougouna Dembélé et Patrick Dioma.
La perquisition qu'ils ont effectuée a permis de mettre la main sur un nombre impressionnant de documents falsifiés. Pour le compte de Philippe Kafando, les limiers du 15ème arrondissement ont trouvé un extrait d'acte de naissance établi le 20 décembre 2009 au centre principal de la commune rurale de Sido, un récépissé du RAVEC, une carte d'identité malienne, un certificat de nationalité et un passeport burkinabè, un chéquier de cauris Bank International, trois certificats de brevet de secourisme.
Quant à Ousseyni Ouédraogo, son arsenal comprend une carte de membre du ministère burkinabè de la Défense, une carte d'identité militaire du Burkina, une carte d'identité nationale et un permis de conduire burkinabè, un chéquier de cauris Bank International, un extrait d'acte de naissance établi le 23 mars 2010 au centre principal de Ouezzindougou.
Ceci pose la problématique de la fiabilité des documents d'état civil au Mali. En effet, il suffit de déposer entre 1500 et 5000 FCFA pour se faire délivrer un acte de naissance. Pour preuve, beaucoup d'étrangers, notamment des anglophones, brandissent des documents officiels sur lesquels ils s'appellent Diarra, Traoré, Coulibaly etc. Il faut que la lumière soit faite sur cet aspect pour que le remarquable travail que fait la police ne soit pas vain.
Les trois vagabonds ont été mis hier à la disposition de la justice sous les chefs d'accusation d'association de malfaiteurs, de vols à main armée et de faux et usage de faux. La question qui brûle toutes les lèvres est de savoir s'ils seront extradés ou pas vers le Burkina Faso dont ils viennent de ternir l'image. Face à cette éventualité, l'un des malfrats a été on ne peut plus clair : "Nous ne voulons pas être extradés car, nous risquons notre vie en retournant au pays". Ça, c'est la justice qui en décidera.
D'ici là, il faut féliciter les éléments du 15ème arrondissement de police car, ce n'est pas tous les jours que des policiers réalisent la prouesse de mettre au frais des militaires vagabonds.
Profitant de notre passage, le commissaire principal Arby a encore demandé aux populations de collaborer avec la police en dénonçant tous les individus aux comportements suspects.
Diakaridia YOSSI
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