Dans l’après-midi du dimanche 22 août, Thomas alias Johnny, un Roumain, a été assassiné et découpé en morceaux comme un mouton sur un étal de boucher, avec une scie électrique. Les auteurs de ce crime sont ses camarades gangsters : Miguel Angel Devesa, Espagnol et chef du gang, Gustavo Valencia, Vénézuélien et Souza Miranda, Portugais. D’après les premiers éléments de l’enquête, le crime aurait été commis lorsque Thomas a voulu entrer en possession d’une certaine somme qui lui serait due par Miguel dont il était le chauffeur.
Les quatre individus dont l’âge varie entre 39 et 45 ans, appartiendraient à un gang. Dans l’après-midi de la journée du dimanche 22 août, ils quittent l’ACI 2000 pour se rendre dans la zone industrielle à bord du véhicule 4×4 de Miguel, chef du groupe. C’est Thomas qui conduit. Arrivé à destination, à savoir un entrepôt contigu à la pâtisserie Bagami, près de SOMAPIL, d’après un des auteurs du crime, Thomas aurait dégainé son pistolet. Avant qu’il ne fasse usage de son arme, il est abattu à bout portant par trois balles tirées par Suza, qui fait office de garde du corps de Miguel.
Quelques instants après, le sort commence à s’acharner sur eux, au mauvais moment. En effet, à 15 heures, quand Miguel, à bord de son véhicule, quitte l’entrepôt pour aller se débarrasser, semble t-il, de l’arme du crime, celui-ci heurte violemment le portail, au moment précis où des éléments de la brigade de recherches (BR) qui opèrent quotidiennement dans la zone, étaient de passage. Il ne s’arrête pas pour autant. Cette attitude suspecte l’attention des policiers qui alertent aussitôt par talkie-walkie le commissaire de police du 3ème arrondissement, le contrôleur général Abdoulaye Sow. Ce dernier se déplace personnellement sur les lieux. Coup de pocker ! Son arrivée coïncide avec le retour de Miguel qui se présente aux flics à qui il déclare avoir été victime d’un vol de moto. C’était évidemment pour les mettre sur une fausse piste mais ils ne se laisseront pas abuser.
Après quelques investigations rapides et une petite patrouille dans les environs, les policiers flairent le mensonge. Ils reviennent sur leurs pas et décident de visiter l’entrepôt, ce à quoi Miguel s’interpose, jurant tous les dieux que son camarade, qui détient les clés, est en déplacement à Ségou. Les policiers ne l’entendent pas de cette oreille et défoncent les cadenas pour découvrir la présence de deux autres individus, identifiés après sous les noms de Souza et Gustavo. Aussitôt les hommes du commissaire Abdoulaye Sow procèdent à une fouille systématique de l’entrepôt. Surprise ! Ils découvrent des traces de sang sur le mur. Ensuite, ils tombent sur des cartouches et des munitions d’armes à feu.
Interrogé, Miguel déclare avec sang-froid : "C’est le mois de Ramadan, donc nous avons égorgé un mouton". Ce qui, naturellement, ne convainc pas les limiers du 3è arrondissement qui poursuivent la fouille. Sous des sacs de ciment, ils font la découverte macabre : à la place d’un mouton, c’est un homme qui git dans son sang, découpé en morceaux.
En effet, après avoir assassiné Thomas, ses meurtriers ont voulu dissimuler le cadavre et avaient commencé à le dépiécer pour certainement le faire disparaître plus facilement. A l’arrivée de la police, ils avaient déjà tranché la tête qu’ils avaient ensuite broyée sauvagement et avaient commencé à mutiler le corps à l’aide d’une scie électrique, comme des bouchers en train de dépécer une carcasse de mouton sur un étal.
Les mobiles du crime ne sont pas, pour le moment, clairement établis, mais d’après des sources policières, Thomas, la victime, réclamait de l’argent à Miguel. De quel argent s’agit-il? Que font réellement ces individus? Du blanchiment d’argent? Du narcotrafic? Tout est possible. Car, au moment de son arrestation, Miguel a voulu acheter le silence des policiers du 3ème arrondissement avec pas moins de 14 millions de FCFA. Ceux-ci sont restés intègres en refusant cet argent sale, preuve, s’il en était besoin, qu’il faut distinguer la bonne graine de l’ivraie en parlant de nos forces de sécurité. C’est un exemple de droiture et d’honnêteté que les hommes du 3ème arrondissement viennent de donner en même temps qu’ils rehaussent l’image de la police.
Que dire des avocats qui ont voulu interdire aux journalistes de photographier leurs clients avec les armes du crime, sous le prétexte fallacieux du respect des droits de l’homme? Oublient-ils que des photos de malfrats sont étalées tous les jours dans la presse au nom du respect d’un autre droit, celui d’informer ?
Au moment de notre passage, les auditions et la perquisition se poursuivaient. Nous reviendrons sur cette affaire que nous suivons de très prés !
Diakaridia Yossi et Falé COULIBLAY