Suite aux actes de vandalisme perpétrés dans la commune rurale de Kola à Bougouni :Les autorités décident enfin de sévir : 25 arrestations opérées dans la matinée du mardi 10 mai

    0

    L’Indépendant a longtemps tiré la sonnette d’alarme sur les abus qui se passent dans le Cercle de Bougouni. L’impunité qui y règne a créé des citoyens de première et de seconde zone. La particularité de la zone est telle que nul n’ose dénoncer à Bougouni ce qui est d’ordinaire punissable ailleurs. Ainsi, les 7 et 8 mai dernier, des citoyens ordinaires se sont permis d’aller démolir dans le village de Souroukoula, situé dans la Commune rurale de Kola, les murs de clôture du site de la fosse commune appartenant aux Diakité, Coulibaly etc. Après que L’Indépendant se soit fait l’écho de ce qu’il est normal de qualifier de bêtise, les autorités ont réagi : 25 présumés auteurs ont été arrêtés et écroués dans la prison de Bougouni. Parmi eux figure Bréma Diakité, 109 ans. Il est le patriarche et chef de village de Toula et non Tola comme nous l’avons écrit dans notre parution du mercredi 11 mai.

    Ce que les populations de l’ensemble du Cercle de Bougouni ont vécu les 7 et 8 mai passés était pourtant évitable. Des populations qui ont longtemps vécu en paix, qui partagent la même histoire, la même géographie, la même culture et qui sont, de nos jours, liés par des liens de sang, ont failli en venir aux armes pour des considérations purement personnelles, donc égocentriques.

    Si, dans sa grande majorité, la classe politique, ou du moins ceux qui pensent incarner l’autorité dans cette circonscription, ont pêché par leur mutisme coupable, il faut cependant saluer et encourager l’initiative que certains natifs de Toula ont prise. Il s’agit, en effet, de Famoussa Koné, douanier de son état, Mamadou Koné, agent de l’administration pénitentiaire et Karamoko Diabaté, officier de l’Armée.

    Après avoir mesuré la gravité des actes posés et le grand risque de conflit à connotation ethnocentrique, ils ont, toute affaire cessante, quitté Bamako pour se rendre à Toula, réunir l’ensemble des populations pour trouver une issue favorable à cette tension intercommunautaire dans laquelle est plongé l’ensemble du Cercle de Bougouni.

    Cette médiation a été lancée moins de 24 heures après l’arrestation de 25 présumés auteurs de la démolition des murs de clôture du site de la fosse commune, financés à plus de 4.000.000 de FCFA par l’Agence Nationale d’Investissement des Collectivités Territoriales (ABICET).

    D’après ceux que nous avons rencontrés, le jeudi 12 mai dans la matinée à Toula, les gendarmes venus en renfort pour la circonstance ont pris de court les habitants de Toula le mardi, tôt le matin. En pareilles conditions, les consignes sont claires et nettes : arrêter tout le monde. La justice fera le tri après. Dans une violence qualifiée d’une autre époque, les pandores ont mis le grappin sur 25 présumés auteurs, avant de liberer quatre.

    Parmi les prisonniers, nous avons Brema Diakité, patriarche et chef de village de Toula, qui est le principal instigateur de la destruction des murs du site. "Il constitue un vrai danger pour la quiétude dans le village " a confié un habitant de Toula.

    Après cette expédition punitive, certains notables de Toula déplorent la perte ou le vol, c’est selon, de certains objets dont sept téléphones portables, trois fusils de chasse, des matériels de menuiserie. La maison d’une vieille femme du nom de Sitan Ballo et le grenier à céréales de Moussa Koroni Diakité ont été incendiés. Les populations se sont même amusées à ramasser et compter le nombre d’étuis de gaz lacrymogène : elles en ont dénombré douze.

    Cette expédition musclée a été d’autant plus salutaire qu’elle a permis à des langues de se délier. Ainsi, selon une source, l’ordre de démolition des murs de clôture est venu, une première fois, de Dougounina, un quartier de Bougouni dont le chef est Bissiblen Diakité.

    Face à la tergiversation des bras valides de Toula, un second ordre est venu, assorti d’effets immédiats. "Nous sommes dans la société traditionnelle, si nous ne participions à la destruction des murs, l’autorité de Dougounina nous aurait considérés comme des traîtres. Raison pour laquelle, nous avons pris part au sac du site" a confié un conseiller du patriarche de Toula.

    La justice qui, apparemment attend, une occasion idoine pour faire payer à certains tous les actes répréhensibles qu’ils commettent, a décidé de sévir cette fois-ci pour donner un signal fort. C’est pourquoi, les natifs de Toula qui jouent aux bons offices, ont pris langue avec la chefferie de Dougouni afin qu’elle livre les noms des commanditaires qui sont chez eux, alors que les autres croupissent en prison.

    Visiblement chantres de la diversion, les Diakité de Dougouni ont adopté une ligne de défense qui ne résistera pas longtemps. "C’est l’ensemble des Diakité de Dougounina qui ont commandité cet acte" ont-ils lancé à Famoussa Koné, Mamadou Koné, Karamoko Diabaté et autres.

    A la lumière des différents échanges, le comportement de certains Diakité de Dougounina est dénoncé, car ce sont eux qui incarnent l’abus, l’injustice et même l’arrogance à Bougouni. Ce, au regard du soutien que des responsables malhonnêtes et insouciants leur témoignent. Sans langue de bois, des responsables politiques, dont des ministres et députés de l’Adema, sont cités dans cette connivence et complaisance avec les prétendus autochtones et chefs de Bougouni.

    Des représentants de l’Etat figurent dans ce triste tableau. Parmi eux est cité, le préfet du Cercle Siraba Coulibaly, qui serait très et même trop lié avec les Diakité de Dougounina. La police et la gendarmerie ne sont pas en reste.

    En effet, d’après plusieurs sources concordantes, lorsqu’elles arrêtent, comme c’est régulièrement le cas, des jeunes ou autres personnes appartenant à ce clan, elles font l’objet de pressions terribles et lâchent prise.

    Le président du Tribunal de Bougouni, Zantigui Traoré, dont les populations vantent le courage à tenir tête aux Diakité de Dougounina a, par cette affaire, l’occasion de mettre les points sur les i afin que certains comprennent que Bougouni ne saurait être une République dans celle du Mali et que nul ne peut et doit se rendre justice, car force doit rester à la loi.

    Par ailleurs, certaines sources expliquent toute cette tension par la connivence qui prévaudrait entre l’actuelle mairie de Bougouni et les Diakité de Dougounina. La première aurait vendu, en seulement deux petits mois d’exercice, plusieurs centaines de parcelles avec la bénédiction des seconds. Nul besoin de dire qu’ils se sont partagé les juteuses retombées. Nous reviendrons largement sur cette dernière information.

    D’ici là, il faut saluer le sens de la responsabilité et de retenue de Bissi Coulibaly, maire de la Commune rurale de Kola, Famoussa Koné, Mamadou Koné et Karamoko Diabaté et l’ensemble de toutes les autres bonnes volontés pour leur contribution à la résolution de la crise.

    Pour rappel, la fosse commune de Souroula dans la commune de Kola date de 1885 lorsque les troupes de Samory ont attaqué la localité.

    Pensez aussi aux sous-préfets

    Monsieur le président!

    Notre photo est celle du bureau du sous-préfet de Sansanding. Il est à l’image des autres bureaux des sous-préfets du Mali. Ce qui en dit long sur les conditions dans lesquelles travaillent les représentants de l’Etat dans nos villages. Aujourd’hui, les sous-préfets sont les plus mal lotis. Ils vivent presque misérablement. Leurs maisons ressemblent à des taudis et ils travaillent dans des bureaux qui sont loin d’être confortables. Pire, ils n’ont droit qu’à des motos. Toutes choses qui font que les citoyens ne les respectent pas. Alors, Monsieur le président , après les préfets que vous avez doté de deux véhicules 4X4 en deux ans, pensez aussi aux sous-préfets en matière de logistique. Il y va de la crédibilité de la fonction, en tout temps et en tout lieu de l’administration publique.

    Alassane DIARRA

    Commentaires via Facebook :