Suite à une dénonciation calomnieuse : Alassane Libo Diarra a été battu à mort par une foule déchainée

31 Mai 2011 - 00:00
31 Mai 2011 - 00:00
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Dans nos précédentes parutions, on attirait l'attention des décideurs sur la justice expéditive qui prend de l'ampleur dans le District de Bamako. Nous sommes maintenant au rythme d'un voleur brûlé ou lynché par semaine. Le comble est que d'innocentes personnes sont en train de subir les conséquences de cette justice populaire. C'est le cas d'Alassane Libo Diarra. Agé de 29 ans, il a été battu à mort par la foule lorsqu'une professionnelle du sexe, Hawa Sy, avec qui il avait passé toute la soirée de samedi à dimanche, a crié au voleur à la suite d'une mésentente autour de 2.000 ou 3.000 FCFA. Le malheureux incident a eu lieu à Fitiribougou, un quartier populaire qui se trouve non lui du Lycée Massa Makan Diabaté.

Le drame que nous vous relatons aujourd'hui peut arriver à n'importe qui. En effet, de plus en plus, les jeunes passent le plus clair de leur temps à prendre du thé, trinquer de l'alcool et courir après les filles de joie. Travailleurs et chômeurs, tous s'adonnent à cette pratique. C'est ce qui explique certainement la mort brutale d'Alassane Libo Diarra, instructeur de la Jeunesse et des Sports.

En l'absence d'une version autre que celle de la professionnelle du sexe, le travail des policiers va être assez difficile. Mais comme l’a précisé l'Inspecteur de police Aboubacar Traoré, chef de la BR du 15ème Arrondissement: "Nous mettrons la main sur tous ceux qui sont impliqués d'une manière ou d'une autre dans cet assassinat".

D'après les premiers éléments de l'enquête, Alassane Libo Diarra s'est rendu, le samedi 28 mai à l'hôtel CA sis à Torokorobougou, un temple de la débauche. Il aperçut une jeune dame du nom de Hawa Sy, un peu moins de la trentaine et lui demanda s'ils pouvaient partager la même table. Volontiers répondit la belle de nuit. Alassane de commander trois grandes bières car la jeune dame était accompagnée par un certain Papa. Ils burent plusieurs quantités de bière ensemble. Vers trois heures du matin, Hawa Sy et son compagnon Papa dirent à Alassane Libo Diarra qu'ils devaient aller à une invitation. Ce dernier proposa de les accompagner. Proposition acceptée. Ils montèrent à trois sur la moto Jakarta d'Alassane Libo.

La virée continua jusqu'à cinq heures. Heure à laquelle Hawa Sy demanda à rentrer. Sur le chemin, Alassane lui aurait alors proposé une partie de jeu de jambes en l'air. D'après Hawa elle-même, à cinq heures du matin, il n'était plus possible de trouver une chambre de passe.

Mais quand la libido monte, l'homme ne réfléchit plus. Ils décidèrent de "gérer l'affaire" autrement et c'est ainsi qu'ils se rendirent dans une maison inachevée où, en toute animalité, ils ont pu satisfaire leur libido. C'est là que commença le malheur d'Alassane, car, d'après les enquêtes policières, il aurait proposé 3.000 FCFA à la fille de joie sur les 5.000 FCFA qui lui restaient. Celle-ci aurait voulu faire main basse sur tout le montant en rangeant bien le billet dans son portefeuille. Ne pouvant pas rentrer les mains vides, Alassane aurait tenté de lui retirer son argent. La fille de joie se mit alors à crier de toutes ses forces: "Au voleur! Au voleur!".

Sans chercher à comprendre, des gens accoururent de partout pour battre à mort le pauvre. Arrêtée par les éléments de la BR dont l'Inspecteur Diabaté et  l'adjudant Oumar Coulibaly dit Barou, Hawa Sy jure qu'Alassane ne lui a donné qu'un billet de 2.000 FCFA. Aux questions des policiers de savoir pourquoi elle a crié au voleur, Hawa Sy est restée évasive. Déjà, les éléments de la BR du 15ème arrondissement ont procédé à l'interpellation de six présumés auteurs ou complices de l'assassinat d'Alassane Libo Diarra. En tout cas, les hommes du Commissaire Arby sont déterminés à faire toute la lumière sur ce drame.

Ce cas interpelle encore les autorités et les citoyens à prendre les mesures qu'il faut pour éviter cette façon de se rendre justice. Il y a quatre jours, un autre voleur dont le corps avait été aspergé d'essence, n'a eu la vie sauve que par l'intervention de l'adjudant Oumar Coulibaly qui était de passage dans la zone.

Ce policier a risqué sa vie en le sauvant de l'article 320, car, dans ses manœuvres, il a pris beaucoup de coups et a même perdu des objets de valeur sur le champ.

Diakaridia YOSSI

 

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