Etats-Unis : Donald Trump, « le Kim Kardashian de la politique », est-il un mauvais négociateur ?

Ces dernières semaines, Donald Trump tempête sur une kyrielle de dossiers différents sans qu’aucun ne semble aboutir. Malgré des menaces tarifaires extrêmement dures, le président des Etats-Unis a dû rétropédaler face à la Chine.

26 Mai 2025 - 17:27
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Etats-Unis : Donald Trump, « le Kim Kardashian de la politique », est-il un mauvais négociateur ?

Et s’il s’égosille sur la guerre en Ukraine, allant jusqu’à dire que Vladimir Poutine est « devenu complètement fou » alors qu’il pilonne l’Ukraine, le conflit ne paraît pas plus proche d’une résolution depuis son retour au pouvoir. Son homologue français, Emmanuel Macron, l’a invité à « traduire sa colère en actes », alors que le républicain se refuse à sanctionner de nouveau Moscou.

« En réalité, la notion de résultat est presque secondaire pour Donald Trump. Il parle de lui et surtout, il veut qu’on parle de lui. Il a un côté Kim Kardashian de la vie politique », juge Lauric Henneton, maître de conférences à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et auteur de Le rêve américain à l’épreuve de Donald Trump (Ed. Vendemiaire). Le chef d’Etat s’appuie énormément sur son image, véritable pierre angulaire de sa carrière politique.

« Maquiller ses reculs comme des victoires »
L’alpha et l’oméga de la communication trumpienne, c’est « le statut par l’image », abonde Jérôme Viala-Gaudefroy, docteur en civilisation américaine, auteur de Les mots de Trump, (Ed. Dalloz). « Donald Trump est une marque. Il met son nom sur des immeubles qui ne lui appartiennent pas, recouvre tout de dorure et, surtout, vante systématiquement sa réussite. Même quand il est échec ! »

Lauric Henneton confirme que le républicain « essaie toujours de maquiller ses reculs comme des victoires alors qu’en réalité, personne n’est dupe. » Il avertit toutefois : « Il ne faut pas dénigrer d’un revers de manche l’ensemble de ce qu’il fait. Il a quand même changé un certain nombre de choses en profondeur, notamment le fait que la Chine est un adversaire, pas un partenaire commercial classique. »

Le risque d’un « aveuglement »
Aux Etats-Unis, la réussite professionnelle est particulièrement glorifiée et être un bon businessman (et donc un bon négociateur) revêt de nombreux avantages, y compris en politique. Dès son discours d’annonce de candidature à la présidentielle de 2016, Donald Trump insistait sur l’importance de savoir négocier, allant jusqu’à déclarer : « Je bats la Chine à tous les coups. » Dix ans, un mandat présidentiel, une défaite et un come-back plus tard, force est de constater que le président des Etats-Unis n’a pas gagné son bras de fer face à Pékin. Face à l’intransigeance chinoise, ses droits de douane de 145 % ont été ramenés à… 30 %.

Dans le classique L’Art de la guerre, Sun Tzu estime qu'« il n’y a pas de plus grand danger que de sous-estimer son adversaire ». C’est pourtant ce que l’auteur de L’Art de la négociation semble avoir fait avec Pékin. Une erreur que Donald Trump risque bien de répéter. Car « l’administration Trump 2.0 est composée de bons petits soldats. Or, en s’entourant de personnes convaincues, il risque de mal évaluer les retours de bâton d’une politique ou d’une annonce, et sa stratégie risque de souffrir d’aveuglement », avertit Lauric Henneton.

La « loi du plus fort »
Donald Trump s’appuie, comme lorsqu’il était en affaires, sur le principe du « trop gros pour échouer », explique Jérôme Viala-Gaudefroy. Ses entreprises ont connu six faillites mais les banques, qui avaient déjà bien trop investi sur lui, l’ont toujours renfloué. De la même façon, les partenaires commerciaux et politiques des Etats-Unis savent qu’il est impossible d’ignorer Donald Trump. Au royaume de la géopolitique, Washington est roi - ou presque. Le chef d’Etat l’a bien compris et « utilise sa puissance pour faire du chantage », note Jérôme Viala-Gaudefroy.

Donald Trump « met en scène sa force » et sait qu’il a désormais la « puissance pour lui », ajoute-t-il. Or, rappelle le chercheur, le républicain a longtemps été rejeté par l’élite new-yorkaise et il en garde un sentiment d’humiliation. En 2018, les membres des Nations Unies se sont esclaffés lorsqu’il a assuré que son administration avait accompli plus en moins de deux ans que n’importe quel gouvernement dans l’Histoire américaine. Ce sentiment de déclassement pousse le chef d’Etat à favoriser la « loi du plus fort ».

« Est-ce la fin du monde ? »
« On est plus sur des rapports de force que de la négociation. Mais Donald Trump a l’avantage de déstabiliser ses adversaires par ses outrances », souligne Jérôme Viala-Gaudefroy. Toutefois, cet avantage de l’imprévisibilité s’émousse avec les années. « Cela fait dix ans qu’on connaît le cas Trump. Médiatiquement, ça prend de la place avec des plateaux télé… Est-ce la fin du monde ? Oui, non, peut-être.Et les marchés continuent à réagir mais, tout de même, les interlocuteurs géopolitiques et économiques ne s’affolent plus à chaque déclaration », analyse Lauric Henneton.

En tant que négociateur, Donald Trump surprend donc de moins en moins avec ses déclarations à l’emporte-pièce, de l’achat du Groenland en passant par la réouverture d’Alcatraz, ses rapports de force et ses rétropédalages déguisés en victoires. « Reste qu’il est à la tête d’une puissance économique dont personne ou presque ne peut se passer », glisse Lauric Henneton. Sans cette excellente main que représente l’État américain, pas sûr que Donald Trump soit un si bon joueur que ça malgré tous ses tapis.

Source: https://www.20minutes.fr/
 

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