Mini-sommet États-Unis-Afrique à Washington: Entre diplomatie d’influence, défis partagés et espoirs africains

Du 9 au 11 juillet 2025, la capitale fédérale américaine accueille un mini-sommet réunissant le président Donald Trump et les chefs d’État du Sénégal, de la Mauritanie, du Liberia, de la Guinée-Bissau et du Gabon.

9 Juillet 2025 - 14:38
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Mini-sommet États-Unis-Afrique à Washington: Entre diplomatie d’influence, défis partagés et espoirs africains

Une rencontre inédite, mais aux répercussions géopolitiques considérables pour le continent africain. Décryptage

Ce sommet de Washington vise à aborder des questions clés telles que la diplomatie commerciale, la sécurité régionale, la lutte contre le trafic de drogue et les dynamiques migratoires. En toile de fond, une bataille d’influence entre grandes puissances et une Afrique convoitée, divisée, mais résolument stratégique. Toutefois, la vigilance panafricaine doit être la colonne vertébrale des discussions des 5 Chefs d’État.

Contexte géopolitique et stratégique du Sommet

Dans un monde multipolaire en recomposition, l’Afrique redevient un champ de compétition entre puissances. Les États-Unis, sous Donald Trump revenu au pouvoir, cherchent à regagner leur influence face à la Chine, à la Russie, et plus récemment à la Turquie et aux Émirats arabes unis, de plus en plus présents sur le continent.

Ce sommet intervient à un moment où plusieurs pays africains réclament une nouvelle forme de coopération basée sur le respect mutuel, la souveraineté, et le partenariat équitable. Pour Washington, il est vital de reconquérir la confiance de partenaires stratégiques.

Pourquoi le choix de ces Cinq pays africains ?

Le choix des six pays n’est pas anodin. Il révèle une stratégie américaine bien définie :

Le Sénégal : un allié historique, stable, avec une transition démocratique récente (Diomaye Faye/Ousmane Sonko) qui intrigue et fascine. Mais aussi un pays pétrolier et gazier.

La Mauritanie : carrefour sahélo-maghrébin, acteur dans la lutte antiterroriste. Nouvellement cité .comme pays pétrolier.

La Guinée-Bissau : plaque tournante du trafic de drogue, objet d’attention sécuritaire.

Le Liberia, ancien protégé américain, théâtre d’investissements miniers.

Le Gabon : puissance pétrolière stratégique, en transition post-coup d’État.

Ces pays constituent une mosaïque représentative des enjeux de l’Afrique de l’Ouest et centrale : stabilité politique, richesses naturelles, vulnérabilités sécuritaires, et position géographique.

Une diplomatie commerciale sous tension

 La diplomatie commerciale sera au cœur des discussions. Les États-Unis veulent sécuriser leurs intérêts économiques, contrer la montée des BRICS, et relancer les accords commerciaux bilatéraux. Les pays africains, quant à eux, réclament un accès juste aux marchés, des transferts de technologies, et des partenariats gagnant-gagnant, loin de l’esprit de domination et du paternalisme.

Des voix africaines plaident pour que l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), qui expire en 2025, soit remplacé par un cadre plus équitable et respectueux de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

Lutte contre le trafic de drogue, un prétexte ou un enjeu réel ?

La Guinée-Bissau, la Sierra Leone et le Liberia sont souvent cités comme hubs du trafic de drogue entre l’Amérique latine, l’Europe et l’Afrique. Pour les États-Unis, il s’agit de sécuriser leur flanc transatlantique. Mais pour les pays africains, la véritable lutte passe par le développement, l’emploi des jeunes, le renforcement des systèmes judiciaires et la coopération régionale. L’Afrique refuse d’être réduite à une simple « zone grise » criminelle.

L’émigration: Un défi commun, une solution coopérative

L’émigration clandestine vers l’Europe et parfois vers les États-Unis est au centre des préoccupations. Les pays africains rappellent que cette émigration est la conséquence directe de la pauvreté, des conflits, et du désespoir. Des politiques inclusives sont attendues. L’Afrique demande des partenariats pour le développement local, la création d’emplois, et la circulation légale des talents. La jeunesse africaine ne veut pas être bloquée et harcelée comme c’est le cas actuellement aux États-Unis où certains ressortissants du continent sont meme indesirables ; elle veut des opportunités.

Questions de sécurité : L’ombre du Sahel et du Golf de Guinée

Avec la dégradation sécuritaire au Sahel, l’instabilité en Guinée-Bissau, la menace djihadiste dans le Golfe de Guinée, la sécurité reste un enjeu de premier plan.

Les pays africains exigent une coopération équilibrée, la fin du soutien aux régimes illégitimes, et des investissements dans la formation et l’équipement de leurs forces. L’interventionnisme militaire étranger ne suffit plus : la paix se construit par la justice, la cohésion sociale, et le développement.

Les attentes des populations africaines: Une coopération rééquilibrée

Les peuples du Sénégal, du Gabon, du Liberia, de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau et de la Sierra Leone attendent des résultats concrets.

Ils réclament :

des investissements dans la santé et l’éducation,

des opportunités d’échanges culturels et universitaires,

une politique américaine qui respecte la souveraineté des États africains,

Une reconnaissance des efforts des jeunes démocraties.

 Ils rejettent toute instrumentalisation, tout néocolonialisme déguisé, toute division entre États frères.

Éviter le piège de la division africaine

L’Afrique a payé cher ses divisions. Ce sommet ne doit pas servir de levier pour opposer certains pays aux autres, isoler des régimes ou imposer des modèles extérieurs. Les six pays doivent se coordonner, parler d’une même voix, partager les acquis et rejeter les agendas cachés.

Une Afrique unie et consciente est la seule voie vers une coopération respectueuse et mutuellement bénéfique.

Pour une nouvelle forme de relation USA- Afrique

Ce mini-sommet peut ouvrir la voie à une nouvelle ère si :

Les États-Unis abandonnent la posture d’instructeur ou de donneur de leçons ;

Les États africains assument leur souveraineté et leurs priorités stratégiques ;

Une feuille de route claire, avec des engagements mesurables, doit etre adoptée.

Sinon, ce ne sera qu’un sommet de plus, une vitrine diplomatique sans lendemain.

Washington accueille un moment crucial pour les relations entre l’Afrique et les États-Unis. Les dirigeants invités doivent porter haut la voix de leurs peuples, défendre une Afrique debout, exigeante, et tournée vers l’avenir.

Ce mini-sommet ne doit pas être une opération de charme américaine, mais un tournant vers une diplomatie fondée sur l’égalité, la dignité et la réciprocité. L’Afrique attend dpes pactes, pas des pslogans creux.

 

Par Ismael AÏDARA et Mohamed Al Amine Thioune (Confidentiel Afrique)

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