Moscou expulse 60 diplomates américains et ferme le consulat des Etats-Unis à Saint-Pétersbourg

La Russie a pris, jeudi, des mesures similaires à celles décidées lundi par Washington. Les Etats-Unis disent examiner leurs « options ».
« Flash mob russophobe »
Pour Sergueï Lavrov, qui qualifie de « propagande » les allégations sur le rôle russe dans l’attaque, et de « provocations » les représailles occidentales, cette affaire est exploitée par un « axe anglo-saxon contraignant tout le monde à suivre une voie antirusse ». Sans vrai débat, la population russe est chauffée à blanc par le Kremlin de Vladimir Poutine. La presse moscovite dénonce une « flash mob [mobilisation éclair] russophobe », selon la formule du quotidien proche du pouvoir Izvestia. « Le principe de réciprocité sera appliqué à la lettre, assure Andreï Kortounov, directeur du Russian International Affairs Council. La suite dépend de l’équilibre des pouvoirs au Kremlin. Les faucons poussent pour des mesures au-delà de la simple réciprocité. » La fermeture du consulat américain de Saint-Pétersbourg, plus important que le consulat russe de Seattle fermé par les Etats-Unis, est déjà considérée comme une escalade. « Les Etats-Unis pourront désormais cibler le consulat russe de New York, ce qui amènera la Russie à répliquer plus fort encore », craint Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de Russia in Global Affairs. Pour lui, l’annonce des contre-expulsions est soigneusement orchestrée, Moscou visant d’abord les Etats-Unis avant de cibler les autres Occidentaux. « Parce que les Européens dépendent de Washington », affirme M. Loukianov, qui prédit « une nouvelle guerre froide ». A Washington, le département d’Etat assure se réserver « le droit de répondre ». Parmi les « options » envisagées : saisir des actifs de l’Etat russe ou cibler la compagnie aérienne Aeroflot. En dehors de l’aspect diplomatique, le conflit pourrait aussi s’étendre à l’économie, à la culture, voire au sport.Le secrétaire général des Nations unies est « très inquiet »
L’ex-star soviétique du patinage artistique Irina Rodnina a déjà appelé les athlètes russes à « ne plus participer à des compétitions aux Etats-Unis ». Hasard ou non, la sélection russe de lutte libre peine à obtenir des visas pour la Coupe du monde à Iowa City, les 7 et 8 avril. « Exemple frappant d’entrave des Etats-Unis », a dénoncé la porte-parole de Sergueï Lavrov. Dans ce bras de fer, le Kremlin pourrait chercher à épargner l’Europe, « seul territoire où quelques portes restent ouvertes pour la Russie, glisse une source européenne bien informée à Moscou. Notamment afin de ne pas gâcher le Mondial russe de football cet été ». Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, se dit, lui, « très inquiet » sur l’absence de mécanisme capable d’apaiser les tensions. Le président Emmanuel Macron, qui, par solidarité avec Londres, a récemment boycotté le stand de la Russie, invitée d’honneur du Salon du livre à Paris, ne songerait pas à annuler son voyage à Saint-Pétersbourg prévu fin mai. « Pour l’instant », a prévenu le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. « Le voyage est bel et bien en danger », souffle une source diplomatique.LE MONDE | 29.03.2018 à 19h28
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