Tchad : l’audio présenté comme preuve contre Masra contesté

Les Transformateurs ont réagi pour la deuxième fois depuis l’arrestation de leur président, Succès Masra, ancien Premier ministre du Tchad, survenue vendredi 16 mai à l’aube. Le parti dénonce une « cabale politique » visant à discréditer son leader, fondée sur un enregistrement sonore controversé que les autorités présentent comme une preuve, malgré des doutes sur son authenticité et sa datation.

Dans le document signé par le secrétaire général du parti, Dr Tog-Yeum Nagorngar, Les Transformateurs accusent les autorités tchadiennes d’avoir justifié cette arrestation sur la base d’une bande sonore, qu’ils décrivent comme « mastérisée » par l’intelligence artificielle et datant d’au moins deux ans. Le parti souligne que cette prise de parole, prononcée en français et en langues vernaculaires tchadiennes, était publique et couverte par l’accord politique de Kinshasa et la loi d’amnistie générale, ce qui exclut tout caractère conspirationniste.

Les Transformateurs rappellent que des personnalités proches du pouvoir ont également tenu des propos similaires sans faire l’objet de poursuites, pointant une application sélective de la justice. Le parti conclut en appelant à un dialogue sincère pour restaurer la paix et la stabilité au Tchad.

En parallèle, le collectif des avocats de Dr Assyongar Masra Succès a organisé un point de presse ce samedi pour dénoncer l’arrestation de leur client, enlevé à son domicile du quartier Gassi à N’Djaména par un groupe d’hommes en treillis armés. Selon les avocats, cette arrestation est « des plus illégales » et ne respecte aucune procédure judiciaire conforme. Ils dénoncent une violation flagrante du principe de la présomption d’innocence, affirmant que le dossier est « vide de toute substance » et exigent la libération immédiate et sans condition de leur client.

Selon le parquet général de N’Djaména, Dr Assyongar Masra Succès a été interpellé à 5h55 sur mandat du procureur dans le cadre d’une enquête concernant une attaque du 14 mars 2024 à Mandakao, dans la province du Logone Occidental, ayant fait 42 victimes, principalement des femmes et des enfants. Les autorités l’accusent d’avoir diffusé des messages appelant à la révolte sur les réseaux sociaux, entraînant des violences, des incendies et des profanations. Le procureur Oumar Mahamat Kédélay a précisé que l’opposant est détenu à la police judiciaire.

AC/Sf/APA

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