ATT trahi par son camp !

La signature controversée de l’Accord d’Alger a donné lieu à toutes sortes d’initiatives, les unes aussi farfelues que les autres, visant toutes à faire avaler la couleuvre au peuple malien. Parmi ces initiatives se trouve la création d’un site consacré audit Accord. Perçu à ses débuts comme un espace de dialogue, d’expression des opinons diverses, ce site est en passe de s’imposer comme un véritable instrument de propagande du régime ne tolérant aucune voix discordante. C’est dès lors le règne de la censure. Les contributions jugées hostiles ou tout simplement différentes de celles de la grande meute des thuriféraires de l’Accord sont mises dans le panier et donc interdites de diffusion.

Dans cette basse besogne de musellement, aux antipodes de toute norme démocratique où chacun est libre d’exprimer ses opinions, voilà que les «trieurs » de contributions pèchent pourtant par amateurisme, par négligence ou dans le dessein de trahir. Une défaillance du système qui est apparue au grand jour, il y a quelques jours, lorsqu’une contribution que nous avons intitulée «Je ne voterai pas ATT en 2007 » a échappé à la censure dans un premier temps avant d’être supprimée du site dès sa publication dans nos colonnes. L’on en vient alors à conclure que les responsables du site font un travail d’amateur, peu à cheval sur les principes qu’ils sont censé appliquer en terme de sélection des informations à diffuser sur le site.

Par conséquent, c’est le camp du président ATT, ceux qui sont chargés de veiller à la «moralité » des contributions, qui travaille contre lui. Et pour cause : en laissant passer des éléments qui, loin de servir le président, mettent en lumière toute son incapacité à faire véritablement face à la situation actuelle, les responsables commis à la gestion du site ne font ni plus ni moins que trahir la confiance placée en eux et trahir un régime aux abois ayant définitivement jeté son dévolu sur la pensée unique. Leur tâche étant de faire monter le plus haut possible comme l’encens les louanges du prince éclairé du jour, apôtre infatigable de la paix. Mais une mission à laquelle ils sont en train de faillir comme on peut le constater.

En outre, la sélection des contributions et la prééminence de celles qui font la part belle à l’Accord d’Alger et ses signataires ne sont pas sans rappeler cette pratique d’un temps révolu où les opinions divergentes étaient purement et simplement réprimées. Et c’est au retour de ces vieux démons que nous assistons en ce moment, la censure étant également une forme de répression. C’est là qu’apparaît le vrai visage de la démocratie malienne si elle en est une : une démocratie qui nie la diversité où toute idée contraire est considérée comme subversive et comme telle devant être étouffée. Cela, nous ne saurions l’appeler une démocratie, mais une autocratie sinon tout simplement une dictature érigée en norme de gestion de la vie publique.

Par Bertin DAKOUO