INSTALLATION DU COMITE DE SUIVI: RIEN N’EST RESOLU !

Le Comité de suivi, prévu par l’Accord d’Alger comme étant l’un de ses instruments de mise en œuvre, est désormais sur pied. Installé, non sans peine, par le ministre de...

14 Août 2006 - 12:30
14 Août 2006 - 12:30
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Le Comité de suivi, prévu par l’Accord d’Alger comme étant l’un de ses instruments de mise en œuvre, est désormais sur pied. Installé, non sans peine, par le ministre de l’administration territoriale, le général Kafougouna KONE, lequel a dû attendre 24h les insurgés pour ce faire, que peut  résoudre dans l’immédiat le fameux comité de suivi ? Quelle garantie de paix va-t-il  apporter ledit Comité de suivi ?
 
A Kidal, pour l’installation du fameux Comité de suivi, le général Kafougouna KONE, ce jeudi 10 août, n’était pas au bout de ses peines. Parti à Kidal, tôt le matin, à la tête d’une délégation officielle, le ministre de l’administration territoriale a dû attendre le lendemain vendredi 11 août pour rencontrer ses interlocuteurs du jour, les représentants des insurgés devant siéger dans ce comité, avant de procéder à son installation officielle. Ces derniers, qui ne sont pas à leur première volte-face, ont déclaré, à l’arrivée, que le retard accusé était lié aux intempéries. En tout cas, si les insurgés avaient daigné restituer à l’autorité ministérielle le respect dû à son rang, ils seraient venus à Kidal avant lui, comme d’ailleurs les représentants algériens l’ont fait, mais jamais ils ne tenteraient pas d’arriver dans la ville au même titre que le chef de la délégation malienne.  Autant dire que les humiliations protocolaires se poursuivent dans cette affaire d’autant qu’au-delà de la bourde des insurgés, c’est l’Algérie elle-même, facilitatrice attitrée, qui en a rajoute : à cette cérémonie officielle, présidée par une autorité ministérielle malienne, voilà que c’est au niveau de l’ambassadeur que le facilitateur se fait encore désigner.
Lourdeur bureaucratique
En fait, le Comité de suivi, tel qu’il a été imaginé, est annoncé comme l’un des instruments devant donner une effectivité à l’Accord d’Alger proprement dit. Si les autorités maliennes le pensent clairement, au motif qu’il peut régler les problèmes, beaucoup d’observateurs neutres, eux, au regard des contradictions qui s’affichent déjà, croient au contraire qu’il n’en est rien. En dépit de l’installation de ce Comité de suivi, des gens pensent au contraire qu’on s’enlise plutôt que d’évoluer vers une solution pérenne de développement. Et pour cause !
En fait, c’est bien de mettre en place ce Comité de suivi, donné pour être le véritable instrument de matérialité de l’Accord d’Alger, mais le plus important est de marquer des actes concrets pour le retour de la paix et de la concorde sur le terrain. Dans ce contexte d’agitation fortement marquée sur l’Accord d’Alger, le plus important par dessus tout est le retour de la confiance. Le Comité de suivi en tant que tel, installé à Kidal, donnera plutôt naissance à une administration bureaucratique. On peut le constater, le fonctionnement de cette structure, comme cela est un peu la hantise des parties, sera au cœur des préoccupations. Tout sera mis en œuvre au plus vite pour doter cet embryon administratif de moyens lui permettant d’assurer son fonctionnement, lequel se distinguera plutôt par l’affichage propagandiste plutôt que par une fluidité de ses orientations à plus de sécurité ou de développement.
Peut-on parler de confiance lorsque les deux «armées » se font face et se regardent en chiens de faïence ? En réalité, en dépit de la cérémonie de lancement du Comité de suivi, conçu pour un mécanisme de suivi du respect des engagements, la situation «militaire » sur le terrain est explosive en terme de cantonnement des troupes. Les troupes rebelles sont consignées sur les collines et l’armée malienne, elle, est cantonnée dans la zone de Kidal. Entre les deux, on l’imagine aisément, il y a tout sauf la confiance.
Désarment des rebelles
Dans ce dispositif militaire, même si on ne fait pas la guerre (en réalité personne n’en veut), la troupe malienne cantonnée dans les environs doit être entretenue et lourdement entretenue. Autrement dit, une fois que l’armée malienne reste cantonnée sur sa position, même si elle ne fait la guerre, ce sont des dépenses colossales qui sont engagées pour son entretien courant. Cette situation va-t-elle durer pendant combien de temps ? Combien de temps le trésor public va-t-il continuer à supporter cet effort de guerre qui n’est pas en fait une guerre en soi ?
Au-delà de l’apparence destinée à tester la volonté des uns et des autres dans le sens du respect des engagements des parties concernées, le fait marquant de ces malheureux événements, qui doit nécessairement marquer une évolution certaine de la situation, depuis la signature de l’Accord d’Alger dit de la paix, est forcément lié au retour de la paix comme étant un objectif primordial qui est lui-même conditionné au désarmement des rebelles retranchés, depuis leur forfait du 23 mai, dans les grottes de Teghargharet. Les insurgés du 23 mai, qui ont attaqué les garnisons militaires et qui se sont enfuis avec des armes et des munitions de l’armée, ont gardé depuis leur position dans les collines de Téghargharett où ils s’entraînent tous les jours, au su et au vu de tout le monde. Ils étaient là avec tout leur état-major militaire avant la signature de l’Accord d’Alger, survenue le 4 juillet dernier. Ils s’y trouvent toujours même après la signature de cet Accord dit de la paix. Pour combien de temps vont-ils se replier ? Quand est-ce que le Mali sera-t-il disposé à insérer, comme le prévoit l’Accord d’Alger, les insurgés dans les structures sécuritaires ou dans le tissu économique ? Autant dire que le fond de ce dossier est biaisé. L’installation du Comité de suivi, comme on le voit, n’apporte aucune solution au problème qui se pose : «Nous, pas bouger ». Au contraire, disons-nous, c’est du surplace simplement.
Par Sékouba SAMAKE  

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