Nampala : questions troublantes autour d’une attaque sanglante

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Revendiquée notamment par le groupe jihadiste Ançar dine du sud,  l’attaque de Nampala du mardi 19 juillet, un raid particulièrement meurtrier, aura été soldée par 17 morts et 35 blessés dans les rangs de l’armée malienne. Si, malgré les sorties des ministres de la Défense et de la Communication, l’on n’a pas abondamment communiqué sur cette attaque, elle n’en soulève pas moins de troublantes questions. Il nous revient,  notamment que, 72 heures à l’avance, des renseignements avaient été fournis à la hiérarchie portant sur l’imminence d’une attaque sur Nampala. En dépit de cet état de fait  aucun renfort n’a été acheminé sur cet important camp et aucune disposition n’a été prise pour faire face au danger. Contrairement à l’attaque de Nara, perpétrée le 27 juin 2015 par des jihadistes qui ont été battus à plates coutures par l’armée malienne. Les éléments de Nara, en son temps avaient fait l’essentiel du travail avant même l’arrivée des renforts. Les pertes dans les rangs des assaillants se comptaient  par dizaines alors qu’on n’a déploré que deux soldats morts au sein de l’armée.

En deuxième lieu, lourdement armés, les assaillants du camp de Nampala seraient venus à bord d’une quarantaine de pick  – ups  surmontés de mitrailleuses et autres armes de guerre. Question : où ont-ils  pu se procurer toute cette armada, au nez et à la barbe de l’armée du Mali, de la MINUSMA et de la force Barkhane ? Alors qu’on disait les groupes jihadistes affaiblis et éparpillés après l’opération Serval. Ont-ils bénéficié de complicités ? De quels pays ? De quelles structures ?

Quid de l’helipab (zone d’atterrissage pour les hélicoptères) de Ségou annoncé  par le président IBK  à la faveur de sa tournée dans la 4ème  région ? Il est vrai que le président de la République, réagissant à l’attaque de Nampala, avait déploré le fait que le Mali ne soit pas fabricant d’hélicoptères et, à mots couverts, il avait dénoncé la mauvaise foi de certaines puissances qui sont en mesure de nous les procurer. Mais nous sommes à l’ère de la mondialisation, que le Chef de l’Etat aille voir du côté des Russes ou des Chinois qui ont du matériel approprié. Et ne pas se laisser enfermer dans un partenariat marqué au coin par le manque de sincérité. La meilleure des aides n’est-elle pas celle qui aide à se passer de l’aide ? Au Mali, on aime se référer à Modibo Keïta, le père de l’indépendance. Si par extraordinaire, celui-ci était aux affaires, ce jour trouverait que le Mali était doté, pas d’un, de deux ou de trois hélicoptères de combat dignes de ce nom, mais d’une flotte d’une bonne dizaine de ces vecteurs aériens indispensables dans la lutte contre le terrorisme.

Autre anomalie, les éléments du camp de Nampala, dans leur majorité, sont des recrues, alors que la norme voudrait qu’il faille avoir au moins quatre ans de service pour être déployé sur un théâtre d’opération. En réalité, compte tenu du contexte national et international marqué par le terrorisme et l’insécurité et de l’immensité de son territoire,  le Mali devrait recruter deux ou trois fois plus d’éléments.

La formation EUTM de deux mois est jugée, de son côté, trop courte par plus d’un stratège pour être efficace. Il faudrait une demi-douzaine de mois si l’on veut jouer la carte de l’efficacité.

La forêt de Wagadou, qui sert de base d’entrainement et de replis aux terroristes, devrait être constamment nettoyée, ratissée.

Enfin, c’est la énième fois, y compris du temps d’ATT, que le camp de Nampala est toujours lâchement attaqué. Alors que le minimum que l’on est en droit d’attendre de nos décideurs, c’est de savoir tirer leçon du passé. Les anciens ne disaient-ils pas que si l’erreur est humaine, y persévérer est, par contre, diabolique ? Errare humanum est, perseverare diabolicum.

Yaya Sidibé   

 

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1 commentaire

  1. Le problème n’est pas forcément les armes. Il faut investir dans le renseignement et limogé si pas de résultat. Comment un tel convoi peut passer et arriver à Nampala? peu importe le trajet, il doit se trouver au moins un agent (militaire ou fonctionnaire) capable de donner l’information.
    Le recrutement à tout vent n’est pas la solution. Le MOSSAD est puissant grâce à son service de renseignement et d’infiltration

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