Rétrospection : Premières dames illégitimes

20 Mai 2013 - 00:15
20 Mai 2013 - 11:49
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Valérie Trierweiler, la locatrice de l’Elysée (le palais présidentiel français) a été invitée et reçue à Bamako par Mme Traoré Minétou Doucouré, épouse de Dioncounda Traoré. Elles ont effectué ensemble un voyage sous haute surveillance à Gao, la plus grande ville du nord malien, où elles ont fait plusieurs dons aux populations locales déshéritées et encore déboussolées du fait de plusieurs mois d’occupation djihadiste. Pendant deux jours, il n’y en avait que pour elles dans les médias (presse, radio, télévision). Au point qu’une très grande chaine internationale a titré : deux Premières dames à Gao. Premières dames ? Discutable. La Française, toujours célibataire, aurait reçu ici au Mali l’appellation de mademoiselle. Difficile dans ce cas de l’affubler du titre très élogieux de Première dame. Tout au plus, aurait-elle mérité l’appellation de Première demoiselle, encore que cela pourrait semer la confusion dans l’esprit des gens, certains pouvant être tentés de croire alors que mademoiselle est la première fille de François Hollande dont elle est la compagne. Alors pourquoi pas Première compagne ? Ce serait quand même beaucoup plus véridique. La Malienne, elle, est bel et bien mariée à Dioncounda Traoré. Mais il se trouve que ce dernier n’est que président de la République par intérim, par défaut. Il a été nommé à ce poste parce que des soldats se sont amusés à faire fuir le véritable titulaire. Et depuis qu’il est là, personne n’oublie de mentionner qu’il n’est que président de la République par intérim. Donc logiquement, son épouse devrait avoir droit au titre peu flatteur de Première dame par intérim. A Bamako, Gao et dans d’autres localités, c’est donc deux fausses Premières dames qui se pavanaient et posaient pour les médias. Fausses mais également illégitimes. Minétou Doucouré parce que son époux n’a aucune légitimité populaire ni légalité constitutionnelle. D’ailleurs, curieusement, c’est le compagnon de Valérie Trierweiler qui s’évertue, qui ne perd jamais une occasion pour clamer haut et fort que le Mali a besoin d’un pouvoir légitime, d’institutions crédibles, d’Etat solide. Il l’a encore réaffirmé lors de sa dernière conférence de presse semestrielle. Auparavant, à Bruxelles, lors de la conférence internationale de soutien au développement du Mali, François  Hollande a signifié à Dioncounda Traoré que le Mali doit organiser l’élection présidentielle conformément au calendrier fixé, autrement dit avant fin juillet. Parce que seul le futur président de la République sera habilité à percevoir et gérer les 3,2 milliards d’Euro promis au Mali par de généreux donateurs, un pactole censé servir à la reconstruction du pays. Dioncounda Traoré aurait donc fait tout ce plaidoyer pour voir le pactole lui filer sous le nez. Ce qui n’est pas pour arranger ses affaires ou celles de son parti habitué à se servir des caisses de l’Etat. D’où la grande impopularité de l’Adema et de son ex-président, Dioncounda Traoré. Ce qui n’est pas le cas de son homologue français. En effet, depuis l’opération Serval qui a permis de bouter les djihadistes hors de nos frontières, François Hollande est devenu très populaire au Mali et dans certains pays africains, à telle enseigne qu’on ne voit plus que le drapeau français dans certaines villes du Mali. Un pays qui est devenu, pour cela, une attraction pour les autorités françaises. Un pays qui, depuis cette opération réussie, a fait l’objet de la visite du président français, de sa compagne et de plusieurs ministres français. Il faut dire également qu’il n’y a que le Mali qui réussisse à la majorité française, en ces temps qui courent. En France, c’est le grand échec pour la majorité, François Hollande étant loin de faire l’unanimité chez lui-même. Comme pour confirmer l’adage selon lequel nul n’est prophète chez soi, le chef de l’Etat ne cesse de dégringoler dans les sondages. Ce qui fait de lui le président français le plus impopulaire à ce stade, que ce soit au cours d’un septennat ou lors d’un quinquennat. En une année de gouvernance, François Hollande, grâce à qui le Mali doit en principe recevoir plus de trois milliards d’Euro, a réussi la performance de plonger son pays dans la récession. Impopulaire, il l’est à tel point que même une partie de la majorité, notamment la gauche de la gauche, a décrié sa dernière sortie. Impopulaire, il pourrait l’être bientôt ici même au Mali, à cause de cette bienveillance de l’armée française envers le Mouvement rebelle toureg qui contrôle Kidal dont l’accès est interdit à l’armée et l’administration maliennes. [caption id="attachment_147176" align="aligncenter" width="620"]Madame Valeérie Trieweiler compagne du président Français François Hollande accueillie par Mme Traoré Mintou Doucouré première Dame du Mali. Mercredi 15 mai 2013. Aéroport de Bamako. Madame Valeérie Trieweiler compagne du président Français François Hollande accueillie par Mme Traoré Mintou Doucouré première Dame du Mali.
Mercredi 15 mai 2013. Aéroport de Bamako.[/caption] Ce n’est pas encore le cas, mais il en faut de peu. Et ce n’est pas la visite au Mali d’une Première compagne ou de nombreux ministres qui va alors calmer le jeu. Cheick TANDINA

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