Le Rassemblent pour le Mali (Rpm) a tenu du samedi 22 au dimanche 23 juillet sa 2ème conférence nationale au Centre international des conférences de Bamako. Présidée par Ibrahim Boubacar Keïta, président du parti, cette rencontre statutaire a enregistré la participation de 54 sections sur les 55 que compte le territoire nationale, et de plusieurs délégués venus d’une dizaine de pays étrangers.
Dans son intervention d’ouverture IBK n’a pas porté de gants pour faire une appréciation responsable et souveraine du climat actuel qui prévaut dans notre pays….
Nous vous le livrons in extenso.
Aouzzou bilahi mina chéïtane rajim Bissmilahi Rahamani Rahimi
Assalam Alley koum, Warahamatoulay taala waa barakatouhou
Chers collègues membres du Bureau Politique National du Rassemblement Pour le Mali,
Mesdames et Messieurs, les Représentants des partis politiques du Mali,
Excellences, Mesdames et Messieurs les députés de l’Assemblée Nationale du Mali,
Excellences, Mesdames et Messieurs, les membres du Corps diplomatique et consulaire ainsi que des organisations internationales accrédités dans notre pays et qui nous faites l’amitié de votre présence,
Estimés notables de Bamako,
Vénérés chefs religieux,
Chers camarades des sections de l’intérieur et de l’extérieur,
Honorables invités,
Chers amis militants et sympathisants du Rassemblement Pour le Mali,
Mesdames et Messieurs,
Merci. Grand merci, à toutes et à tous d’être présents ici, ce matin et ce jour pour honorer notre parti et ses militants. Le Rassemblement Pour le Mali tout entier vous en sait gré.
La Conférence Nationale est notre instance statutaire entre les congrès. Elle permet, l’an révolu, de mesurer le parcours, de s’y arrêter et de l’évaluer en toute sérénité, mais surtout avec une grande lucidité.
Ce n’est donc pas à une sorte de grand happening mais à un exercice sérieux et hautement responsable que nous sommes ici conviés.
Il s’agira pour nous , au long des deux jours prévus, de procéder à l’examen rigoureux de notre instrument de lutte, d’analyser sans complaisance nos forces certes, mais surtout nos faiblesses, nos lacunes individuelles et collectives, à commencer par celles du Président.
Nous le ferons avec la hauteur qui sied en pareille circonstance. Nous ne devrons en aucun cas, nous départir de la courtoisie, de l’esprit de fraternité et de camaraderie qui seuls, sont de mise entre ceux qui partagent les mêmes valeurs fortes, qui regardent dans la même direction, avec vrillée au cœur , la même ambition de réalisation et d’accomplissement patriotiques.
Nous sommes à la croisée des chemins. Le patriote intrépide, combattant émérite de la lutte de libération, avait raison d’affirmer dans ses célèbres « carnets » de prison qu’un de mes amis présents dans la salle, on m’a signalé sa présence, a gardé comme livre de chevet, tout le temps que nous sommes restés ensemble en France, « les chemins plats sont les plus durs à gravir ».
Ce paradoxe n’est qu’apparent. Le chœur de chant offre plus de confort au chanteur que le solo le mieux composé et le mieux introduit. Les ténors lui doivent pourtant leur réputation, leur renommée, bref la gloire qui seule, fonde la qualité de leur art.
Il en va de même dans le domaine de la lutte démocratique et patriotique.
La démocratie, plutôt le projet démocratique malien, est à la croisée des chemins.
Il est hautement souhaitable que nous ayons tous une lecture patriotique et véritablement nationale de nos divers engagements actuels, dans le seul sens de l’intérêt réel de notre pays et de notre peuple, à ce moment précis de son histoire.
Nous voulons rappeler que nous sommes suffisamment instruits par l’histoire contemporaine pour ne souhaiter en aucun cas, un boulangisme à la malienne.
C’est le moment ou jamais de ne pas nous égarer, de ne pas nous tromper de chemin.
La démocratie malienne ne sera réelle et convaincante, qu’autant qu’elle saura se préserver de la complaisance, de l’obséquiosité et de la peur.
Héritiers d’hommes fiers et debout, nul ne saurait comprendre que nous démissionnions de nos tâches du moment. La mission sera poursuivie avec calme, sérénité, sang froid, mais sans aucune espèce d’once de peur ou d’inquiétude. Nous sommes tous dans ce pays, fiers de dire que nous sommes héritiers de l’un des plus grands Etats connus au monde en un temps où certains empires actuels modernes n’équivalaient qu’à une province de l’empire du Mali : de l’Atlantique à l’Aïr, de Thégazza au pays Mossi, 2500 km de long sur 1200 de large, un Etat policé dont le manuel de chancellerie faisait la fierté des Cours de l’époque ; un Etat qui était en relation avec Constantinople, le centre du Monde de l’époque ; un Etat au commerce florissant, commerce de longue distance, qui a fondé la réputation de ce pays au cœur de l’Afrique Occidentale.
Quand les archives ont été ouvertes à la recherche, après la révolution des œillets au Portugal, il a été retrouvé cette vieille carte d’Abraham Cresque qui a permis de jeter une lumière crue sur ce que fut l’empire du Mali et l’Etat malien. Sur cette carte , aux contours certes imprécis en raison des connaissances de l’époque , figure en lieu et place du Mali, un souverain assis avec son spectre sur son trône et l’inscription suivante : « c’est ici que règne Moussa , Roi du Mali, pays si riche que l’or y coulerait comme un fleuve ».
Héritiers sachant d’où nous venons, nous ne saurons et nous ne saurions pardonner aucune complaisance, vis à- vis de nous-mêmes ni d’un autre.
En tout cas, en ce qui nous concerne au RPM, oh nulle envie, nulle prétention à la leçon, nous ne nous permettrions pas, nous avons respect pour tous les citoyens de ce pays, car pour nous tout participe du débat démocratique normal, la confrontation des idées, voilà ce à quoi nous croyons, pourvu que jaillisse d’elle la lumière, la vérité qui seule est d’essence divine.
La démocratie vraie, souhaitable et attendue, est le règne sans partage de l’Etat de droit.
Elle ne tolère ni la malice, ni la tricherie, encore moins le mensonge.
En tout cas, en ce qui nous concerne, au RPM, nous avons choisi de servir ce pays avec courage, conviction et engagement constant.
Nulle diversion, nulle déformation volontaire de nos analyses et prises de position à des fins faciles à deviner, ne nous détourneront de notre chemin.
Patriotes et croyants, nous sommes convaincus que tous les écueils que l’on érigera sur notre route, ne serviront qu’à nous renforcer et nous raffermir dans la conviction que nous sommes et restons dans le droit chemin de la patrie et de l’honneur.
Tout le monde ne peut et ne saurait s’y sentir à l’aise. Bonne chance et grand bien fasse à ceux qui choisissent d’être sous d’autres cieux ! C’est aussi cela la démocratie !
Notre chemin, à nous, est par trop exigent au triple plan de l’engagement patriotique sincère, de l’éthique et de la morale pour ne pas nous exposer au pire des desseins. Plaise à Dieu, rien ne nous fera baisser l’arme.
Ce chemin qui nous honore, restera hélas, à jamais, inconfortable pour beaucoup.
Le portefeuille ou le poste quels qu’ils soient, n’ont d’intérêt pour nous qu’autant qu’ils nous permettent, non de nous servir, mais de servir notre peuple du Mali.
Notre éthique est assurément d’exigence rigoureuse. Elle demeure nôtre.
Les agressions récentes, subtiles ou grossières de toutes natures contre le Rassemblement Pour le Mali et son Président, loin de nous intimider, semblent avoir galvanisé l’ardeur, la combativité et l’engagement de nos militants. C’est l’occasion de faire un clin d’œil aux jeunes et surtout aux femmes du parti.
Ce n’est pas de la démagogie, mais la vérité. Etre démagogue, c’est plaire au peuple. Quand on aime un peuple, quand on aime son peuple, on ne parle pas pour lui plaire, on lui dit la vérité. La vérité est synonyme de respect et de considération.
Et c’est bien pourquoi la sagesse séculaire de notre peuple a retenu en une langue belle, aux accents particuliers, celle du Bamanan de Ségou, que « si ton ami, dans la crainte de te désobliger, te taisait la vérité, engage ton ennemi, ou tel, fut-ce au prix d’une récompense, à te la livrer ». Cela, le Mali profond l’a retenu.
La maturité, la profondeur des analyses, la discipline et le sens aigu des responsabilités qui ont caractérisé les rencontres préparatoires à notre conférence qui débute aujourd’hui sont autant de gage de succès qui au delà même de ce rendez-vous, préfigure le Parti nouveau, requinqué à bloc, derrière une direction politique soudée, unie et fraternelle qui sait mieux que quiconque sa mission historique. Chacun ici sait qu’à l’heure du bilan, le jugement sera sans complaisance.
Chers amis ; on m’avait dit un mot de cinq minutes.
Peut être par déformation professionnelle, et comme disent les juristes mon droit d’user et d’abuser, chacun d’entre nous est le fruit de sa formation.
Mes chers collègues, permettez moi de rendre un hommage mérité aux partis politiques qui ont répondu à notre invitation. Nous avons ici dans une grande convivialité 23 formations politiques qui ont tenu à nous honorer :
Le PDP, Le PARENA
Le BDIA-FASO DJIGUI
L’URD, Le PSP, Le RDR, Le PUDP, Le MPLUS RAMATA, L’US-RDA, Le RND, L’ADEMA-PASJ, La CD, Le PDJ
Le Mouvement Citoyen
Le PCR, Le FAMA, Le CNID, Le MPR, Le PLM
Le PISD, Le BARA, La COPP
Je voudrais également remercier nos amis des ambassades suivantes : Tunisie, Togo, Cuba , France. Un mot particulier pour Cuba qui nous a honoré pendant 12 jours sur son sol, Cuba libre, Cuba digne, Cuba debout.
Je pense également aux sections de l’extérieur : Gabon, Bénin, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Sénégal, la Guinée, la Gambie, Congo-Brazza, la France, les USA.
Sur 55 sections, 54 ont répondu à l’invitation.
Merci à toutes et à tous, pour la grande attention accordée à ce modeste mot de bienvenue et d’introduction.
Qu’Allah soub’hana wat’Allah inspire et veille sur nos travaux !
Qu’au sortir, le RPM reprenne sa route avec vigueur et confiance !
Qu’Allah veille sur le Mali éternel !
Vive le Mali !
Vive le RPM pour que vive la démocratie !
Bamako, le 22 juillet 2006
Le Président du Parti, El Hadj Ibrahim Boubacar KEITA
Déclaration du groupe parlementaire sur la résolution relative à la signature des accords d’Alger
Monsieur le président, Messieurs les ministres, chers collègues députés. Je ne voudrais pas être très long. Pour la simple raison que le vendredi 14 juillet nous avons eu l’occasion de débattre de cet accord. Nous l’avons analysé dans tous ses aspects.
D’ailleurs, à ce sujet, nous avons été agréablement surpris que des collègues appartenant à d’autres formations politiques, mais pour une cause juste, ont condamné avec fermeté l’accord tel qu’il nous a été soumis. Je voudrais Monsieur le président, leur témoigner toute la solidarité du groupe RPM /RDT.
Monsieur le président, la résolution qu’on vient de nous lire, ne reflète pas le débat qui a eu lieu en notre sein. Le groupe parlementaire RPM-RDT, à travers cette déclaration, veut encore informer l’opinion nationale et internationale sur le sens de notre position : position qui n’est pas partisane encore moins intéressée de manière politicienne !
Des raisons fortes, des convictions fortes, désormais connues et bien connues de notre peuple et du monde nous ont guidés et continuent de nous guider. Nous demeurons convaincus que personne ne souhaite la guerre,
- que la vrai question a été biaisée par le pouvoir d’où cet exercice laborieux auquel il est obligé de se livrer pour essayer de faire passer la plus amère des pilules.
- Que cet accord pourrait desservir ceux-là même au profit desquels il est censé être signé ;
- Que le processus qui a conduit à la signature de cet accord ne peut nullement engagé le peuple malien ; à cause de son caractère antidémocratique ;
- Que le pacte national reste le seul cadre dans lequel seront restaurées la paix juste et définitive dans le nord du Mali et la réconciliation nationale entre tous les maliens ;
- Conscient que le Mali est un et indivisible ;
- Que cet accord n’est pas une garantie pour la sauvegarde de la paix dans le Nord de notre pays ;
- Le groupe parlementaire RPM/RDT ne saurait cautionner ce document . Ainsi, nous nous engageonsà informer, édifier le peuple malien sur tous les contours de ce document dit Accords d’Alger.
Je vous remercie
Bamako, le 20juillet 2006