Cinquantenaire : La société civile dénonce le monument dans le lit du fleuve

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« Oui au Cinquantenaire, mais non à la perturbation écologique du fleuve par la pollution, la destruction de l’habitat, l’occupation du lit majeur, la perte de la biodiversité… ». C’est sous ce slogan que le forum des organisations de la société civile malienne, à travers le secrétariat de concertation des ONG maliennes (SECO-ONG/Mali), a animé une conférence de presse, le 26 août 2010, à l’espace culturel Cantine de l’ENSUP, pour montre sa désapprobation du lieu choisi par le gouvernement pour construire le Monument du cinquantenaire du Mali. L’occasion fut belle pour s’opposer au projet en cours de préparation du profilage du fleuve Niger à Bamako.

« En face de vous, contre toute logique, le gouvernement du Mali vient d’ouvrir un chantier qui constitue une atteinte grave contre le fleuve Niger. Et, en notre qualité d’animateur de la société civile à charge de la thématique de la protection et de la préservation de l’environnement, nous n’avons pas le droit de nous taire face à ce désastre », a indiqué Barou Coulibaly, représentant du Président du SECO-ONG/Mali, animateur principal de la conférence de presse. Pour la circonstance, il était accompagné de Amidou Diarra, Président du forum des organisations de la société civile et de Sékou Diarra, Président de CAD-Mali.

Barou Coulibaly a déclaré qu’un pays continental comme le Mali, qui souffre des caprices de la pluviométrie, ne peut pas se permettre de porter atteinte au fleuve Niger, l’artère nourricière du pays. « Tous les Maliens sont aujourd’hui indignés par cet acte du gouvernement qui ne peut pas se justifier parce qu’il y a suffisamment d’espaces dans le pays pour accueillir le projet d’un monument à l’honneur du cinquantenaire », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que le fleuve Niger est déjà suffisamment menacé et personne ne pouvait s’imaginer que l’Etat malien qui doit se soucier de sa préservation et de sa protection, allait lui-même organiser une entreprise qui menace la survie des Maliens. « Remblayer trois hectares dans le lit majeur du fleuve, en vue d’y réaliser un monument, dépasse notre entendement », a-t-il indiqué. Avant d’annoncer que l’initiative de bâtir un monument sur trois hectares dans le lit majeur du fleuve Niger à Bamako est le signe précurseur du sort macabre et funeste que les autorités maliennes réservent au fleuve Niger à Bamako.

« Ce n’est qu’un début car un projet de profilage du fleuve serait en cours d’élaboration à l’Agence pour le bassin du fleuve Niger (ABFN). Il aurait pour objectif la transformation du fleuve Niger en canal dans la ville de Bamako par la construction de mur, le remblai et la vente de parcelles ainsi créées », a-t-il annoncé. Pour part, Sékou Diarra, Président de CAD-Mali, a estimé que le projet de construction du Monument du cinquantenaire dans le lit majeur du fleuve Niger à Bamako est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase. Selon lui, depuis quelques années, les Maliens assistent impuissants à la construction d’hôtels et de bâtiment dans le lit du fleuve, en contradiction avec la législation en vigueur et le caractère international du fleuve Niger.

« L’eau du fleuve Niger et sa berge ne doivent pas être utilisées de façon anarchique et les Maliens doivent se mobiliser pour arrêter ce qui se passe », a-t-il déclaré. Abdoulaye Diallo de SECO-ONG/Mali est intervenu pour lire une déclaration élaborée par le Forum des organisations de la société civile et le SECO-ONG/Mali et intitulée : « le fleuve Niger en péril ». Il a révélé que le Mali indépendant a signé et ratifié plus d’une trentaine de conventions, d’accords et de traités internationaux relatifs à l’environnement et que la protection de l’environnement est ancrée dans la Constitution malienne.

Mieux, il dira que la volonté politique de l’Etat a été matérialisée par la création depuis 2002 d’un ministère dédié à l’environnement. La déclaration estime que c’est en contradiction de  tout ce dispositif législatif et institutionnelle qu’« on a transporté, déversé des millions de tonnes de terre latéritique dans le lit majeur du fleuve, afin de construire un monument ». Pour cela, la société civile est catégorique : « Oui au Cinquantenaire, mais non à la perturbation écologique du fleuve Niger… ».

Assane Koné

 

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