Collectif \" Touche pas à ma constitution \" porté sur les fonts baptismaux : Un mouvement de plus de 80 associations, syndicats et partis politiques pour barrer la route aux réformes constitutionnelles
Le Collectif " touche pas à ma Constitution ", un regroupement hétéroclite de plus de 80 associations, syndicats et partis politiques était hier face à la presse à la Bourse du travail. A travers cette sortie médiatique, il s'agit pour les responsables de ce regroupement de dénoncer avec la dernière énergie les réformes constitutionnelles, qu'ils jugent " inopportunes ", " incohérentes " et qui constituent à leurs yeux un " recul grave pour la démocratie ". C'est pourquoi, les membres de ce Collectifs ont interpellé le président de la République à ne soumettre la loi en référendum a fortiori la promulguer.
C'est le Secrétaire général de l'UNTM, Siaka Diakité, qui a animé cette conférence de presse. Il avait, pour la circonstance, à ses côtés de nombreux membres de ce regroupement. Au nombre desquels le président du Forum des organisations de la société malienne, Adama Diakité, l'éminent magistrat Daniel Tessougué ancien vérificateur au Bureau du Vérificateur général et l'ex-président de l'Assemblée nationale, Ali Nouhoun Diallo, de la Coordination des Mouvements et Organisations Démocratiques (COMODE).
D'entrée de jeu, le Secrétaire général de l'UNTM, Siaka Diakité, a rappelé que le Collectif dont son syndicat est membre est un regroupement de démocrate qui fédère des syndicats, des partis politiques et différentes associations réunies sous la bannière du Forum national des organisations de la société civile. A cet effet, il a rappelé que la création de ce regroupement trouve son fondement dans les réformes constitutionnelles en vue.
Dans sa déclaration liminaire, le Secrétaire général de l'UNTM a donné le point de vue de son syndicat qui s'oppose catégoriquement aux réformes , un point de vue que l'UNTM a déjà exprimé devant les députés et qui n'a jamais changé d'un iota.
" L'UNTM, fidèle à l'histoire et à la mise en œuvre de ces missions a jugé inopportunes ces réformes. Nous avons trouvé qu'elles confèrent des pouvoirs exorbitants au président de la République. En plus, organiser trois élections en si peu de temps est un exercice qui se révélera difficile. Aussi quelque part ce n'est même pas une réforme, c'est une nouvelle Constitution. Nous allons ainsi passé à une quatrième République qui ne dit pas son nom. C'est pourquoi nous demandons au président de la République de ne pas soumettre cette loi portant réformes constitutionnelles en référendum au demeurant la promulguer " a souligné le premier responsable des travailleurs du Mali. Même son de cloche chez le président du Forum des organisations de la société civile, Adama Diakité. A le croire, les réformes envisagées consistent à une remise en cause fondamentale des acquis de Mars 1991.
"Ces réformes introduisent une inégalité entre citoyens, notamment à travers l'introduction d'une notion de discrimination dite positive et excluent des binationaux de la candidature pour les élections présidentielles. Elles compromettent ainsi dangereusement l'équilibre des pouvoirs, partant la Démocratie et l'Etat de droit ; induisent un accroissement exponentiel et injustifié des dépenses publiques par une augmentation du nombre des institutions (instauration du SENAT). Ensuite ces réformes remettent en cause le fait majoritaire et l'indépendance des institutions " a-t-il dénoncé. Aussi, il a ajouté qu'aucune de leur préoccupation n'a été prise en compte.
" Avec ces réformes constitutionnelles, le Mali sera " Fatobougou"
De son côté, Daniel Tessougué, juriste chevronné, ancien vérificateur au Bureau du Vérificateur général n'a pas également mâché ses mots. Pour lui "on ne change pas une Constitution comme on change de chemise. La Constitution de 1992 est la résultante du sang des Maliens. Vouloir mettre en cause cela, c'est ignorer et fouler au pieds le sacrifice consenti par le peuple lors des événements de 1991".
Il a, par ailleurs, balayé d'un revers de la main les défenseurs des réformes qui soutiennent que la loi fondamentale de 1992 a montré ses limites.
"La Constitution de 1992 n'a jamais été appliquée en toute effectivité. La liberté d'expression, le droit au travail pour, ne citer que cela, restent loin des réalités. Nous avons vu des journalistes en prison ici " a-t-il précisé. Il a, par ailleurs, trouvé injuste, le fait que dans ces réformes, le président de la République doit faire une déclaration de biens sans pourtant clarifier et préciser la provenance de ces biens. Des incohérences qui font dire à Daniel Tessouégué qu'avec ces réformes, le Mali sera " Fatobougou " (le pays des fous en français) Il sied de rappeler que le Collectif regroupe des associations comme l'ADJ, l'AJDCD, les Boucliers de la démocratie, la COMODE, la CONJEDEV, le FAD, GEDLADJ, Mali prospective 2050, le MODEM, l'OED, REPERES, le SADI, le SYLMA, l'UNTM.....
Kassoum THERA
Quelle est votre réaction ?






