Corruption au Mali : L’argent sale se multiplie !

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La dégradation des mœurs a atteint un niveau tel, aujourd’hui dans nos sociétés, que la corruption est la partie visible d’un phénomène dangereusement expansif : le gain facile et rapide.

Des billets de francs CFA

D’où nous vient-il, l’argent sale ? Comment s’impose-t-il à nous ? Comment le combattre ?

La base des besoins essentiels s’élargit et leur satisfaction fait appel à plus d’actifs monétaires que d’actifs réels.

A coup sûr, c’est là l’une des explications du goût de la facilité.

En effet, quelques décennies avant notre époque, les besoins élémentaires se résumaient aux trois repas journaliers, et à quelques habits.

Bien des choses étaient d’usage collectif : la monture (le cheval ou l’âne), l’éclairage (lampe ou chantihy) les parures (sabre, fusil, ou bijoux), l’eau (le puits ou la fontaine). Pendant ce temps, “les marginaux” étaient ceux qui possédaient un peu plus que les autres et ces marginaux souffraient de leur supériorité sur leur semblable et faisaient tout pour “cacher cette infirmité”.

Dans la plupart des cas, ces marginaux étaient dotés des facteurs hors du commun qui justifiaient leur supériorité : intelligence, courage, endurance, etc… De sorte que leur supériorité était tolérée, voire acceptée. Aujourd’hui, les besoins à satisfaire sont devenus nombreux et variés : les budgets consacrés à l’habillement, à la nourriture, aux logements, à la santé, à l’éducation, aux loisirs, sont vertigineux. La satisfaction de ces besoins se fait à travers des échanges où la monnaie est reine. Sans elle, point de salut.

Les richards marginaux qui jadis rasaient leurs murs, s’affichent désormais puis réclament leur supériorité.

Des gens qui avaient honte de leur richesse, exhibent actuellement leur puissance matérielle. Pendant ce temps, les vertus de la société basculent : la richesse qui résulte du travail, du courage ou de l’intelligence, disparaît et perd ses valeurs. Le riche est désormais celui qui possède ces qualités. Si on est riche, on est forcément intelligent, courageux, habile. La société ne fait plus de distinction de sorte que le chemin s’ouvre tout de suite.

Pour être valeureux, il faut être riche. Puisque le riche incarne toutes les vertus, le chemin le plus court d’être vertueux est d’avoir l’argent. Alors tout est fait par les hommes pour devenir riches. L’origine de la richesse ne comptant plus. Tous les chemins mènent à Rôme. La société se forge des nouveaux concepts. “Il n’existe pas de fils vertueux, il n’y a que de fils riche”. “L’argent n’a pas de couleur”. “Il n’y a pas d’argent sale”. L’argent achète tout et bouleverse l’équilibre social.

Dans l’administration malienne, la confidentialité du bulletin de salaire est un autre facteur qui favorise l’esprit du gain facile. Lorsqu’un salarié par exemple “cache”, jusqu’à son épouse, ce qu’il gagne, c’est pour quelles raisons ? Pourtant, une épouse responsable qui sait le niveau de revenus de son mari est la première à s’insurger quand elle voit son conjoint mener un train de vie au-dessus de son gain.

En effet, lorsque Monsieur gagne 50 000 CFA par mois, Madame s’inquiétera lorsque les dépenses font chaque mois le triple du salaire. Ou elle sonne l’alarme, ou s’apprête à continuer la route sans son mari, tôt ou tard.

La magouille prend le nom “d’affaires”

Des jeunes commerçants dans des boutiques vides, sans sourciller, vous disent qu’ils sont des hommes d’affaires, alors qu’ils préparent des coups bas contre les institutions financières et/ou de l’Etat. Personne ne s’offusque de voir “le sans emploi” d’hier rouler en “4 phases” aujourd’hui. C’est plus tard qu’on se rend compte devant l’ardoise laissée aux banques et au TRESOR public.

Les “huis clos” de commissions de dépouillements de marchés sont aussi synonymes d’enrichissement illicite.

La non transparence et la loi du silence sont facteurs d’enrichissement, sans commune mesure, des intervenants dans l’attribution des gros marchés. Les cadeaux aux décideurs : corruption qui ne dit pas son nom. La question qui se pose ce n’est pas de savoir si un décideur doit ou non recevoir un cadeau, mais bien de cerner ledit cadeau.

Un cadeau prélevé sur le bien public donné à un responsable est destiné à un usage public et non privé du destinataire.

Ainsi, lorsqu’un Emir fait don d’argent à un Président, l’argent doit être versé au TRESOR Public.

Un cadeau fait à un salarié ne doit pas dépasser un certain quota de revenu.

En effet, il est compréhensible qu’un paysan donne un poulet (1 500 CFA) à un commandant de cercle qui gagne 100 000 CFA par mois, mais ça devient suspect, si l’éleveur du village lui donne un bœuf (150 000 CFA) dont le prix dépasse son salaire.

En somme, la corruption est notre compagne de tous les jours, dans les bureaux, les usines, dans les écoles, partout où il y a signe de vie… d’un Malien.

Pour la combattre, il faut faire une « révision » de nos mœurs.

Un travail de longue haleine, qui doit commencer par une forte sensibilisation et une humiliation de ceux qui se prêtent au phénomène.

 

Malick Camara

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5 COMMENTAIRES

  1. L’argent propre ,au Mali on ne connait pas ! la magouille commence déjà dans la plus petite case en banco :mrgreen: :mrgreen:

  2. Crise et respect du droit, les États-Unis exigent, le Mali s’entête et l’Onu se rebiffe

    Je vais une fois de plus regarder le problème du Mali sous l’angle du droit même si je sais que dans ce pays le respect du droit et de la légalité est passé au second plan aussi bien pour les populations que pour les autorités et cela depuis belle lurette.

    En 8 mois d’analyse de la situation socio politique, économique, géo stratégique, sécuritaire et institutionnelle de la crise multiforme qui traverse le Mali de manière violente et inouïe, je crois avoir donné à travers plus de cent articles moultes propositions de solutions de sortie de crises toutes basées sur le respect de la légalité constitutionnelle.

    Et en 8 mois de crise, j’ai été traité de tous les noms d’oiseaux et le plus souvent dépeint comme étant à la solde du régime défunt ou d’un regroupement politique dissident, mais les spéculations et supputations autour de ma modeste personne ne comptent pas à l’heure où le Mali, ce pays que j’espère qu’on aime tous, est dans les profondeurs abyssales d’un tréfonds sans nom.

    Ce pays a besoin d’une fédération de toutes les énergies de tous ses fils pour relever les défis qui se dressent devant lui car dirigeants et citoyens se sont depuis trop longtemps égarés dans le faux pour espérer atteindre le bonheur absolu sans presque rien faire.

    La crise actuelle aussi complexe soit telle, est une crise de non respect de nos règles établies dans notre société (règles de gouvernance et de citoyenneté mais aussi règles de conquête du pouvoir).

    Pour la résoudre il faut qu’on accepte pour une fois de respecter les règles même si ce respect va bousculer nos habitudes, habitudes qui constituent nos tares et qui nous conduisent à nos pertes.

    En matière de règle, la constitution est la loi fondamentale du pays, et elle doit être acceptée comme telle car c’est tout un peuple qui s’est exprimé par vote pour l’adopter.

    Actuellement au Mali après la démission d’ATT nous n’avons plus de président en exercice élu au suffrage universel direct, et l’instrument juridique le plus légitime pour définir les modalités de conquête et d’exercice du pouvoir au Mali reste la constitution.

    Elle prime sur la classe politique et elle prime sur la junte militaire que je désapprouve depuis le 22 mars 2012 puisqu’elle est l’incarnation même du non respect des règles dans la société.

    Une armée et toutes ses composantes sont faites pour défendre un pays, ce n’est ni une police de la démocratie ni une institution judiciaire.

    A ce titre les soldats de la garnison de Kati ne peuvent ni être juge ni procureur de la république au moment où nous avons des institutions judiciaires sensées exercer le pouvoir judiciaire en république du Mali.

    Si celles ci n’exercent pas leur profession comme cela se doit, si justice n’est pas faite dans le pays, c’est aux citoyens de le dénoncer et les pouvoirs exécutif et législatifs (dans un système de poids et contre poids garanti par la constitution) doivent faire en sorte que les juges fassent leur travail.

    Sinon ces mêmes pouvoirs, législatif (assemblée nationale) et exécutif (président et gouvernement) seront sanctionnés lors des consultations électorales.

    Les régimes Alpha et ATT ont mal géré le pays (corruption, débâcle de l’école, abandon de l’armée malienne…) mais ils devraient être sanctionnés par les citoyens à travers leurs votes voire par la justice à travers l’ouverture d’informations judiciaires à leur encontre et non par un coup d’état, encore moins par les militaires car ce n’est pas leur rôle, leur rôle se trouve au nord.

    Pour diriger la transition politique on doit s’en tenir à notre loi fondamentale et non aux conclusions de concertations nationales qui n’auront jamais autant de participants que le nombre de maliens qui ont voté la constitution de 1992.

    Pour le respect de cette même constitution nous devrons aller aux élections pour donner plus de légitimité au pouvoir exécutif (c’est un secret de polichinelle que le pouvoir de Dioncounda Traoré n’est reconnu par presque la moitié des maliens alors il le tient de la constitution).

    Mais ces élections en temps d’occupations des régions du nord posent le problème de la participation de nos compatriotes du nord.

    En même temps pour les libérer du joug des islamistes, nous n’avons pas une armée capable de le faire pour des raisons que chacun connait.

    Si nos partenaires internationaux qui doivent nous aider à récupérer le nord exigent les élections en échange de leur pleine participation dans la reconquête du nord nous devrons le faire sans hésiter car mieux vaut récupérer le nord avec un président élu par 90% des maliens que ne jamais le récupérer avec un président intérimaire dans une transition de chamailleries.

    Voilà la solution mère au problème du nord du Mali, mais elle a pourtant été balayée d’un revers de mains par les maliens, dans un sursaut de faux orgueil du genre de cet élu de Gao “Si le Mali va aux élections sans le nord je ne serais plus malien”.

    Mais mon cher, si le Mali ne récupère pas le nord tu seras élu où désormais?

    Absurde attitude malienne qui laisse pantois nos amis américains qui sont pourtant les seuls à mettre aux pas et algériens et l’Onu pour faire la guerre au nord et récupérer nos terres, et ils ont largement les moyens pour cela.

    Et les états-unis sont suffisamment amis avec le Mali pour ne pas se laisser prendre dans le jeu trouble et débile des touareg pour mettre à mal notre intégrité territoriale.

    Mieux ils ont une aversion totale du terrorisme et de l’islamisme puisqu’ils savent de quoi il s’agit, l’épisode de l’ambassade américaine de Libye après la sortie d’un film sur Mohamed, PSL, est là pour nous édifier.

    Donc mais chers amis, élections de pouvoirs légitimes au Mali et reconquête des régions du nord sont intimement liées et le Mali ne peut pas indéfiniment donner le mauvais exemple d’un pays qui régresse démocratiquement et espérer avoir toute la communauté internationale aux petits soins à son chevet (coopération financière, diplomatique et militaire).

    Nous devrons accepter les règles de la démocratie et abandonner l’opportunisme et le vagabondage politique et militaire (Copam, Mp22, IBK 2012, Yerewoloton, Cnrdre…) pour reconquérir le nord, et traduire devant la justice tous ceux qui ont abusé de la république et du Mali (anciens régimes et nouveaux voyous).

    C’est cela le droit chemin et pas autrement et c’est cela qui est demandé par les américains.

    Ceux qui s’y opposent sont seulement tentés de s’éterniser dans les eaux troubles de cette transition incrédule pour leurs seuls desseins (soldats de Kati ,CMD et consorts et tous leurs supporteurs) et non pas la cause du Mali, encore moins ses régions nord sous occupation.

    Le Mali n’a rien à gagner dans cette transition, le Mali n’a rien à gagner dans des concertations ennuyeuses et coûteuses sachant qu’elles ne feront rien pour démultiplier les capacités opérationnelles de l’armée malienne car ce ne seraient que des guerres de positionnement et des querelles de chiffonniers pour rallonger la transition politique et voler sous une autre forme les maliens et rien d’autres.

    Donc je m’oppose catégoriquement aux “concertations nationales” comme je me suis toujours opposé au coup d’état du 22 mars 2012 puisque les deux sont sources de crises institutionnelles, les deux sont anticonstitutionnels, les deux enfoncent le Mali dans la crise au lieu de le sortir de l’ornière, les deux sont des voies sans issue.

    Le Mali n’a pas de problème de système politique ni de problème de textes juridiques, mais nous avons un problème d’application des textes et un problème d’hommes intègres et totalement dévoués pour le pays.

    Et cela est ressenti jusqu’à l’Onu, c’est pour cela qu’elle hésite et regarde par plusieurs fois ce dossier malien pour ne pas être comptable d’une quelconque faute de droit malgré l’imminence de la menace islamiste qui va largement au delà du Mali et des maliens.

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