Climat politique et cohésion sociale au Mali : Les attentes fondées sur la Charte Nationale pour la Paix et la Réconciliation Nationale
La Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale est plus qu’un texte : c’est un engagement moral et politique. Elle peut devenir un puissant moteur de cohésion si elle est portée avec sincérité, courage et humilité. Le Mali a désormais entre les mains une boussole pour se réconcilier avec lui-même.

Suite au Dialogue inter-maliens, la rédaction d’une charte nationale pour la paix et la Réconciliation nationale a été lancée pour apporter des réponses aux besoins d’unité, de cohésion sociale et politique et régler les conflits intra et intercommunautaires auxquels la société malienne est confrontée depuis plusieurs décennies.
La Charte est en cours d’élaboration sous la présidence de l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga. Dans un contexte marqué par des décennies de crises sécuritaires, politiques et institutionnelles, de fractures communautaires, la rédaction de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, issue du Dialogue inter-malien, marque une étape décisive pour le Mali.
Cette initiative entend répondre aux aspirations profondes des Maliens : restaurer la confiance, reconstruire le tissu social, et poser les bases d’un avenir commun.
Pour Dr Konté Marie Thérèse Dansoko, Enseignante chercheure, Conseillère technique au Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, membre de la commission de rédaction de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale, « la charte est un document de référence pour toutes les questions, toutes les initiatives, et pour toutes les actions qui vont concourir à la paix, à la réconciliation, au vivre ensemble, et à la cohésion nationale. Désormais, cette charte va être un document de référence pour tout le monde. La réconciliation, la paix, la cohésion sociale, tout le monde en parle. Mais quand on examine, on se rend compte que cette paix et cette cohésion recherchée, n'a pas été à hauteur de souhait. Et c'est pour cette raison qu'il y a eu l'accord pour la paix et la réconciliation, qui a été signé en Algérie, pensant qu'avec cet accord, il y aura la paix entre les Maliens ».
Portée par un processus de concertation nationale incluant des représentants des régions, des communautés, des leaders religieux, des femmes et des jeunes, la Charte vise à rompre avec les approches fragmentées du passé. Elle repose sur trois piliers essentiels : l’unité nationale, la cohésion sociale, et la réconciliation entre toutes les composantes de la société.
« Cette charte est un engagement collectif. Elle reconnaît nos blessures, mais surtout notre capacité à nous relever ensemble », affirme un membre du Comité de suivi du dialogue inter-malien.
La Charte encourage l’utilisation des mécanismes traditionnels de médiation et de justice réparatrice, tout en mettant en avant la nécessité de véritables réparations pour les victimes des conflits. En réhabilitant les coutumes positives du dialogue communautaire et en appuyant la justice transitionnelle, elle redonne une place centrale à l’humain dans la résolution des différends.
Dans plusieurs cercles ruraux du Nord et du Centre, des Comités de paix ont déjà été réactivés ou mis en place pour prévenir les tensions entre agriculteurs et éleveurs, ou pour réconcilier des familles divisées par les violences.
Hamidou Doumbia de l’ex-parti Yelema affirme qu’il ne s’attend pas à ce que la charte résolve tous les problèmes. « Quelle que soit la situation, nous sommes obligés de nous intéresser aux sujets du pays. La charte est un document, la recherche de la paix et de la réconciliation est un comportement. Pour obtenir la paix, il ne suffit pas de mettre des théories dans un document. Il faut une vraie volonté politique et cela se traduit par des actes concrets allant dans le sens de la cohésion. On ne peut pas, dans une époque comme la nôtre, vouloir la réconciliation et dissoudre au même moment les partis politiques. Même si on n’est pas spécialiste de paix et réconciliation, cela montre clairement que les divisions vont exister car les responsables dont les partis ont été dissous seront mécontent et leurs militants avec. En réalité je ne pense pas que ce sera un document qui nous conduira vers la paix et la réconciliation nationale. Il faut en plus des comportements qui vont avec. Je n’attends rien de ce document. Mais j’attends un peu plus de volonté politique par les faits concrets pas par rapport au document. La seule solution c’est la volonté politique, trouver les mécanismes de dialogue avec tous les acteurs qu’ils soient politiques, ou ceux qui ne sont pas d’accord avec la trajectoire du pays, échanger pour que les gouvernants eux-mêmes se mettent en tête qu’ils doivent œuvrer pour rassembler tout le monde ».
Oumou Fofana
Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains (JDH) au Mali et NED.
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