Charte pour la paix et la réconciliation : Enfin une réponse nationale adéquate à la quadrature du cercle ?

L’émergence d’une nation souveraine, réconciliée, tolérante et en paix, refondée, reposant sur une gouvernance démocratique, juste et équitable ! Telle est la vision prônée par la Charte remise hier par le comité de rédaction au président de la Transition, Général d’Armée Assimi Goïta.

23 Juillet 2025 - 14:28
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Charte pour la paix et la réconciliation :   Enfin une réponse nationale adéquate à la quadrature du cercle ?
Ousmane Issoufi Maiga

Désormais document de référence, elle met en évidence des valeurs partagées (humanitude, vertu, alliances et parenté à plaisanterie, autorité parentale, honneur, hospitalité, patriotisme…). Cette charte se veut aussi le socle pour encadrer la conduite de l’individu dans la société. Elle se veut aussi le socle de l’unité nationale dans toutes les aires socioculturelles du pays en prônant la citoyenneté, le dialogue, la tolérance, le pardon, la solidarité, le travail, la conscience professionnelle, la redevabilité.

La charte pour la paix et la réconciliation nationale a été officiellement remise hier (22 juillet 2025) par le comité de rédaction au président de la Transition, Général d’armée Assimi Goïta. C’était au cours d’une cérémonie solennelle au Cicb. Ce document sera dorénavant la référence pour toutes les initiatives, les actions et les activités qui concourent à la sécurité, à la cohésion sociale, au vivre-ensemble au Mali, à la réconciliation nationale... à la paix. Il s’agit d’une charte qui s’appuie sur des mécanismes endogènes et un engagement collectif pour surmonter les divisions afin de construire un avenir de paix, de sécurité et de prospérité partagée.

Articulée autour de 16 titres et 106 articles, cette charte est un «document structurant» qui traduit «une vision inclusive, ambitieuse et résolument tournée vers l’avenir du Mali». Elle prend en compte «les dimensions fondamentales du développement économique, social et culturel, tout en posant les jalons d’une paix durable et d’une réconciliation sincère, au service de l’unité nationale et du redressement de l’État».

Apres l’avoir reçu, le président de la Transition a précisé que le projet de Charte sera soumis à l’examen du Conseil national de transition le (CNT) pour adoption, avant sa promulgation. Le chef de l’Etat a profité de l’occasion pour annoncer la mise en place prochaine d’un observatoire chargé du suivi de la mise en œuvre de ladite Charte afin d’en garantir l’opérationnalisation.

Cette charte est le fruit du Dialogue inter-Maliens (DIM) organisé entre février et mai 2024 sur l’ensemble du territoire national ainsi que dans les missions diplomatiques et consulaires. C’est ce dialogue qui a recommandé la rédaction d’une Charte pour la paix, la sécurité, la cohésion sociale et le vivre ensemble. Elle est donc le fruit d’un processus participatif et inclusif ayant mis à contribution les forces vives de la nation, les institutions de la République, les anciens chefs d’État, les anciens Premiers ministres, les universités et la diaspora.

«Nous devons œuvrer, chacun et tous, sans relâche, pour écrire ensemble cette nouvelle page afin de rendre irréversible la nouvelle approche endogène du processus de paix, basée sur les valeurs sociales et culturelles maliennes, pour refonder l’État et recoudre le tissu social», a souhaité le Premier ministre Abdoulaye Maïga à la cérémonie d’ouverture de l’atelier de restitution du projet de la charte… le 20 juillet 2025. N’empêche que son efficacité à atteindre l’objectif visé ne sera pas systématique dans un contexte sociopolitique marqué par la suspicion, la méfiance entre le pouvoir et des composantes essentielles des forces vives de la nation progressivement marginalisées dans la gouvernance du pays.

Éternelle quête, la paix et la réconciliation nationale étaient devenues comme la quadrature du cercle pour la nation malienne. Cette charte réussira-t-elle enfin à vaincre les vieux démons de la division, surtout marquée par une série de rébellions dans le septentrion, de conflits communautaires dans le centre… et, aujourd’hui, l'insécurité accentuée par le terrorisme qui n’épargne de nos jours aucune zone du pays ?  «Quel sort sera réservé aux anciens responsables politiques en exil ? Aux nombreux détenus pour délit d’opinion ? À la dissolution récente des partis politiques et des associations à caractère politique, en réponse à une recommandation issue de la révision de la charte régissant la vie politique ?», se sont récemment interrogés nos confrères de «Les Echos» (Les Echos N°6084 du lundi 21 juillet 2025) !

Des questions très pertinentes, d’autant plus que ce sont des facteurs très importants de la cohésion nationale, donc de la paix et de la réconciliation nationale. Comme le disait l’ancien président de la Côte d’Ivoire, feu Félix Houphouët Boigny, «la paix, ce n’est pas un mot, mais un comportement» ! La paix passe par la justice, le dialogue, la cohésion sociale, la tolérance, le pardon... Qui veut la paix et la réconciliation nationale, accepte aussi des concessions. Tant que celles-ci ne remettent pas en cause fondamentalement les intérêts d’une nation plus que jamais en péril.

Le message que les autorités actuelles vont donc envoyer aux forces vives de la nation, après avoir reçu la charte, sera donc déterminant pour son efficacité à réconcilier les Maliens et à les rassembler autour des vrais défis de l’émergence socio-économique, culturelle… du pays ! Si elles continuent dans la logique observée ces derniers mois, plus délicate sera alors l’union sacrée, l’unité nationale, la cohésion sociale… la paix !

Moussa Bolly

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