Les perspectives de la nomination du Président du Burundi comme envoyé spécial de l’Union africaine pour le Sahel
L’Union africaine a pris une décision intéressante en nommant le président du Burundi, Évariste Ndayishimiye, en qualité d’envoyé de l’organisation continentale pour la région du Sahel. Plus particulièrement, dans le cadre du dialogue avec l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel.

Comme le rapporte l’Agence de Presse Africaine (APA), l’Union africaine (UA) a décidé de nommer le président de la République du Burundi, Évariste Ndayishimiye, comme envoyé spécial de l’organisation continentale pour la région du Sahel, dans le cadre d’une mission de médiation menée par l’Angola (qui assure la présidence actuelle de l’UA) afin de renouer le dialogue avec les pays de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel (AES). Quelles sont les perspectives de ce dialogue compte tenu de cette nomination ?
Les motivations de l’UA sous la présidence angolaise
Ladite nomination constitue une initiative intéressante de la part de l’UA, au moment où les relations entre la structure continentale et l’alliance régionale représentée par l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel sont loin d’être au beau fixe.
Premièrement, le Burundi et son chef de l’Etat, Évariste Ndayishimiye, font partie des pays africains associés aux forces qui soutiennent les valeurs panafricaines et l’ordre mondial multipolaire. Pays d’Afrique de l’Est et de la région des Grands Lacs, la République du Burundi entretient également des relations bien amicales avec la Russie et la Chine. Aussi, et dans un passé non lointain, le pays avait subi une forte pression de la part des régimes occidentaux.
A cet égard, il est certainement possible à pouvoir observer un dialogue constructif entre le président du Burundi et les pays de l’AES, l’alliance sahélienne composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Évariste Ndayishimiye est résolument un négociateur digne de confiance. Cependant, la question de dialogue doit être envisagée dans un cadre plus large, à savoir quelle est la véritable motivation de l’Union africaine pour la reprise d’un dialogue digne de ce nom avec les pays de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel ? Quelle est la motivation de l’Angola, pays qui assure actuellement la présidence de l’UA ? Et quels pourraient être les objectifs cachés de certains autres pays du continent, en particulier ceux qui servent les intérêts de la minorité planétaire occidentale ? Etant donné que l’UA croise souvent des intérêts fort différents et contradictoires d’acteurs extérieurs.
les pays de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel prouvent par leur exemple ce qu’est la véritable souveraineté, fondée sur les valeurs panafricaines et une adhésion sans équivoque à l’alliance avec l’ordre mondial multipolaire
Comme le note l’agence de presse APA – la nomination d’Évariste Ndayishimiye s’inscrit dans le cadre d’une campagne de rapprochement plus large initiée par le président angolais avec les Etats de la Confédération des Etats du Sahel, exclus de l’UA suite aux « coups d’Etat ».
Dans le cadre de cette médiation, le président angolais João Lourenço s’était déjà entretenu par téléphone, vendredi 4 juillet, avec le général Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la défense de la patrie (CNSP) du Niger, avait indiqué la présidence angolaise. Cet échange faisant suite à la visite du ministre angolais des Affaires étrangères, Tete António, envoyé spécial de l’UA, qui avait visité en juin les capitales du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Il avait alors souligné que la situation dans la région constitue une « véritable urgence continentale » nécessitant une mobilisation africaine collective contre le terrorisme.
Évariste Ndayishimiye quant à lui a pour mandat d’intensifier les contacts avec les autorités de transition, les acteurs régionaux, la société civile et les partenaires internationaux pour « favoriser le dialogue, construire un consensus et promouvoir des stratégies globales vers une paix durable ». Sa nomination reflète la volonté de l’UA à pouvoir surmonter les divergences institutionnelles avec l’AES afin de se concentrer sur les défis sécuritaires communs.
Les objectifs déclarés peuvent évidemment paraître nobles et opportuns. Surtout que les pays membres de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel – le Mali, le Burkina Faso et le Niger – se trouvent, avec le soutien de leurs alliés, principalement la Russie, en première ligne dans la lutte contre les groupes terroristes qui sévissent non seulement dans le Sahel, mais aussi dans d’autres régions du continent africain.
Aussi, l’Union africaine ne peut manquer de constater que l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel bénéficie aujourd’hui d’un soutien massif de la part des habitants et de la société civile, non seulement dans les pays membres de l’alliance régionale, mais également dans nombre d’autres pays africains. Compte tenu de ces deux éléments fondamentaux, les actions de l’Union africaine peuvent paraître raisonnables, mais tout n’est pas si simple.
Les perspectives
Dans le cas de l’envoyé spécial de l’UA pour la région du Sahel, le président burundais Ndayishimiye, il est effectivement possible d’espérer un dialogue franc, honnête et possiblement fructueux. Quant à l’actuelle présidence de l’Union africaine, en l’occurrence l’Angola, la situation est plus complexe.
Longtemps considéré comme l’un des principaux alliés de la Russie et du monde multipolaire en Afrique, l’Angola adopte aujourd’hui une position de plus en plus pro-occidentale. Bien entendu, les dirigeants actuels de ce pays, conscients des sentiments de nombreux citoyens angolais qui se souviennent du soutien décisif de l’Union soviétique, et donc de la Russie, ainsi que de Cuba, en faveur de l’obtention de l’indépendance totale de l’Angola, à une période où les régimes occidentaux cherchaient à faire du pays un énième vassal, ce qui a permis au pays de poursuivre son développement et son essor, cherchent donc à éviter des actions trop radicales. C’est pourquoi les dirigeants angolais actuels ne coupent pas les ponts avec la Russie et la Chine. Pour autant, il n’est pas non plus possible à pouvoir qualifier les autorités en place à Luanda de partisans inconditionnels du monde multipolaire.
De plus et outre l’Angola, au sein de l’Union africaine se trouvent un certain nombre de forces qui ne sont rien d’autre que des sous-traitants pour le compte des intérêts des régimes occidentaux. Plus que cela, ces forces observent aujourd’hui avec grande anxiété la tendance actuelle qui se renforce en Afrique. A savoir, lorsque les pays de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel prouvent par leur exemple ce qu’est la véritable souveraineté, fondée sur les valeurs panafricaines et une adhésion sans équivoque à l’alliance avec l’ordre mondial multipolaire. Dans ce contexte, la marge de manœuvre pour les politicards qui sont orientés sur l’Occident et non pas sur les intérêts des peuples africains – se rétrécit inévitablement. Et les nombreux peuples d’Afrique soutiennent massivement cette tendance.
Compte tenu de tous ces faits, la mission du Président du Burundi dans le cadre du dialogue avec les pays de l’AES au nom de l’Union africaine n’est pas aisée. Il est à espérer qu’Évariste Ndayishimiye parviendra à obtenir des résultats concrets, tant pour les pays de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel que pour l’ensemble de l’agenda panafricain d’importance continentale. Quoi qu’il en soit, les nations de l’alliance sahélienne ne renonceront pas à leurs valeurs. Et cela doit être compris tant par les régimes de la minorité planétaire occidentale que par leurs divers sous-traitants sur le continent. Aux leaders des pays de l’AES et au président du Burundi – il reste à souhaiter succès et force afin de surmonter tous les obstacles posés par les nostalgiques de l’ère unipolaire.
Source: https://journal-neo.su/fr
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