Élections générales au Mali : Du léger report à un report sine die

Depuis plusieurs années, le calendrier électoral malien est marqué par des ajustements successifs, alimentant les interrogations et des doutes. La déclaration de politique générale du Premier ministre vient d’enterrer pour de bon la question.

24 Mai 2025 - 09:49
 2
Élections générales au Mali :  Du léger report à un report sine die
Général d'Armée Assimi Goita

Le lundi 19 mai 2025, le Conseil national de Transition (CNT) a approuvé à l’unanimité (128 voix) le Plan d’action gouvernemental (PAG) présenté par le Premier ministre, Abdoulaye Maïga. Le huitième axe est sans ambiguïté : « La création de conditions pour des élections transparentes et apaisées occupera une place importante dans l’action gouvernementale. Dans un pays qui se remet d’une décennie de crise multidimensionnelle, nous ne ménagerons aucun effort pour éviter à notre pays une crise électorale. Cette préoccupation nous oblige à prendre de manière rigoureuse, avant toute élection, les dispositions politiques, sécuritaires et techniques idoines. C’est pourquoi, le Gouvernement compte accorder une attention particulière à l’élaboration et la consolidation de l’arsenal juridique y afférent. A cet effet, le processus d’élaboration et de mise à jour des projets de textes de lois et instruments relatifs aux questions électorales se poursuivra, en collaboration étroite avec l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE) ».

 

Des raisons multiples pour un report prolongé

Plusieurs facteurs expliquent cette situation : La persistance des attaques terroristes oblige l’État à renforcer la protection des bureaux de vote et des électeurs, les contraintes logistiques l’organisation matérielle, mise à jour des listes électorales, distribution des cartes d’électeurs, les divergences entre les acteurs politiques et les réformes en cours du système électoral ont également contribué à ces reports successifs.

Si pour certains ces raisons peuvent sembler légitimes, elles alimentent néanmoins une inquiétude croissante au sein d’une frange partie de la population, qui s’interroge sur la volonté réelle des autorités de la Transition de garantir un processus électoral libre et transparent.

Pour les analystes politiques et observateurs, l’accumulation des reports donne l’impression d’une démocratie mise en veille. À mesure que les échéances sont repoussées, la confiance des citoyens dans le processus électoral s’effrite, et certains redoutent une Transition prolongée, voire une remise en cause définitive du processus démocratique.

Face à cette situation, plusieurs questions restent en suspens : Quand les élections pourront-elles réellement se tenir dans des conditions acceptables ? L'État parviendra-t-il à rassurer les citoyens et les partenaires internationaux sur la tenue effective du scrutin ? Ce report prolongé risque-t-il d’aggraver la crise institutionnelle et politique ?

Malgré les incertitudes, des voix s’élèvent pour exiger une clarification immédiate du calendrier électoral et une volonté politique ferme de respecter les principes démocratiques. Les Maliens aspirent à un processus électoral transparent, crédible et apaisé, seul garant de la stabilité et du développement du pays.

En définitive, ce qui était un simple report s’est transformé en un cycle d’incertitudes, alimentant les spéculations sur un report sans fin.

Alors que la population attend des garanties claires sur l’avenir politique du pays, il est impératif que les autorités posent les bases d’un processus électoral fiable, afin d’éviter une crise démocratique majeure.

 

Ousmane Mahamane

 

Quelle est votre réaction ?

Like Like 0
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0