Le Géneral Kafougouna Koné rompt le silence

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Le ministre de l’administration territoriale et des collectivités locales a finalement dit sa version des choses sur a composition de la Commission Electorale Nationale Indépendante. C’était lundi dernier, au cours d’une conférence de presse dans son département.

Selon le ministre, cette conférence, bien que se tient après la mise en place de la CENI, permettra d’apporter des éclairages sur cette question de la CENI qui a fait couler d’encre ces derniers temps. «On entendu dire qu’il y a problème dans la mise en place de la CENI. Je pense que il n’y a pas de problème mais certains ont voulu en créer », déclare le général Kafougouna koné à l’entame de la conférence. Rappelons que le ministre ne s’était pas encore prononcé sur le bras de fer qui oppose les partis de la majorité et ceux de l’opposition par rapport à la mise en place de la CENI. Ce silence de l’administration a été beaucoup critiqué. Pour nombre de maliens, le ministre étant la plus haute autorité en charge de la question électorale, devait trancher le différend qui oppose la majorité et l’opposition. Mais pour le ministre, son silence, s’explique par le souci du respect  de la loi électorale.

Cette loi stipule que la CENI est composée de 15 membres répartis de manière suivante : cinq membres pour la société civile et dix membres pour la classe politique. Les places de la classe politique sont reparties de façon « équitable » entre les partis de l’opposition et les partis de la  majorité. Cette disposition de la loi électorale, faut-il le rappeler, qui semble divisé la classe politique malienne. Les partis de la majorité et de l’opposition n’arrivent pas à s’accorder sur l’interprétation du mot « équitable ». Chaque partie fait une interprétation différente de celle de l’autre. Si pour la mouvance présidentielle, l’équité signifie « partage selon le poids dans l’arène politique », pour l’opposition (surtout le parti SADI), l’équité n’est autre chose que « part égale ». Autrement dit, l’opposition à droit au même nombre de place que la majorité. Beaucoup de concertations ont initiées afin de trouver un point d’accord entre les deux parties. En vain. «Nous voulons cinq places ou rien », a toujours rappelé l’opposant Oumar Mariko, secrétaire général du SADI. D’autres partis (PSD et RPDM) qui se disent aussi de l’opposition réclamaient, à leur tour, chacun, une place au sein de la CENI.

Le parti SADI victime de sa gourmandise ?

Le ministre Kafougouna Koné indique que dans cette affaire de la CENI, les partis de l’opposition, contrairement aux partis de la majorité et la société civile, ont réagi en rang dispersé. Le SADI à lui seul, voulait cinq places alors que le PSD et RPDM réclamait, chacun, une place. Dans leur démarche, l’opposition visait sept places sur les dix. Mais ils sont confrontés au niet des partis de la majorité présidentielle. Au finish, la CENI a été mise en place avec une seule place pour l’opposition. Rappelons que le SADI ne siège pas dans la CENI. L’unique place de l’opposition a été attribuée au PSD. Le ministre indique qu’il est regrettable que la CENI soit constituée sans le SADI, le seul parti de l’opposition parlementaire. Mais c’est le choix, ajoute-t-il, de la classe politique. « Puisque le partage des dix places qui reviennent à la classe politique doit être fait entre les partis politiques par les partis politiques », fait-il savoir. Pour le ministre, la messe est dite puisque le décret a été adopté au conseil des ministres. Mais le SADI crie à l’injustice et entend, dans les prochains jours, ester en justice.

Le ministre a fermé ce chapitre en rappelant que l’administration veille au respect de la loi électorale mais ce n’est pas à elle de faire le partage des places au sein de la CENI. La preuve, dit-il,  est que le partage, des cinq places  au sein de la société civile, s’est passé sans l’intervention de l’administration mais aussi sans murmure.

L’histoire de la CENI

Rappelons que le ministre Kafougouna est revenu sur l’histoire de la création et de l’évolution de la CENI au Mali.

 «J’ai voulu cette conférence de presse pour dire ma part de vérité sur la CENI » a-t-il laissé entendre. Selon le conférencier, les premières élections démocratiques en 1992, ont été organisées par l’administration, sans la CENI. La CENI, indique-t-il, a été créée en 1997 pour faire le suivi, le contrôle et la supervision des élections.  Le partage des postes de la CENI, ajoute t-il, a toujours fait l’objet de vives discussions au sein de la classe politique. Au départ, la loi prévoyait le partage « égalitaire » des postes entre partis politiques. Cette disposition a été, par la suite, révisée. Le terme «égalité» est remplacé par «équité». C’est ainsi que, lors des communales de 2004, le Baara qui  était d’alors le seul parti de l’opposition avait eu une seule place dans la CENI. Aux législatives de 2009, les partis de l’opposition (SADI, Parena, RPM…) occupaient trois places à  la CENI. Toute chose qui fera dire au ministre qu’avec un peu de sens de responsabilité de part et d’autre, il n’y aurait jamais de dispute autour de la répartition des postes de la CENI. Il conclut, en rassurant que le gouvernement entende prendre des dispositions pour éviter de tels scénarios dans l’avenir.

Abou Berthé

 

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