Le Parti pour le développement économique et Social (PDES) va-t-il présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2012 ? C’est la question qu’on se pose aujourd’hui dans plusieurs milieux politiques. Jeamille Bittar, le Président du Conseil économique et social avait enfourché le cheval d’ATT pour qui il souhaitait un 3ème mandat selon les mauvaises langues. Mais entre temps, ATT lui-même a fauché l’herbe sous les pieds de tous ceux qui le poussaient dans cette direction en déclarant que le 8 Juin prochain, il passerait la nuit en famille pas à Koulouba. Or certains au PDES pensent que leur jeune formation est très importante et doit avoir son propre porte drapeau en 2012. Bittar qui a sillonné une bonne partie du Mali profond, une première fois avec la casquette de leader du PDES, une seconde fois en tant que président du Conseil économique et social croit avoir mesuré sa popularité auprès des maliens. Alors, le voilà se démarquer de Modibo Sidibé, le fidèle parmi les fidèles de ATT et prêt à se lancer lui-même dans la course.
Pour l’heure, le PDES ne fait pas autre chose que d’implanter ses structures de base tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays en attendant la tenue de son premier congrès statutaire. Le parti, faut-il le rappeler, est jusqu’ici dirigé par un bureau provisoire. Un Congrès Ordinaire est envisagé mais la date n’est pas encore connue ; certains parlent du mois d’octobre prochain mais rien n’est encore officiel.
Le premier Congrès Ordinaire du Parti pourrait dans ces conditions se transformer donc en Congrès d’investiture du Candidat du Parti si les ambitions restent toujours si haut affichées.
L’équation Bittar
L’ascension fulgurante de l’homme a pu le changer en si peu de temps. Beaucoup de maliens voient en l’homme la simplicité, la candeur, la maîtrise des leviers culturels de notre pays, l’expérience, l’ardeur au travail…Tout ceci est vrai pour ce natif de San, mais il y a peut être plus, car les hommes font les évènements mais les circonstances peuvent aussi changer un homme. Bittar, l’homme d’affaire, patient et pugnace est en train de laisser place à Bittar, le Politique qui a appris à l’ombre des autres et qui à tort ou à raison croit que son heure est arrivée après le forfait regrettable de ATT, son champion.
Rappelons qu’en 2007, il était déjà candidat aux législatives en commune V du district de Bamako. Lors de ces campagnes, il avait déclaré que son objectif n’était pas seulement l’Assemblée Nationale, mais de voir au delà. L’ambition à l’époque c’était de gagner un siège à l’Assemblée Nationale et de viser ensuite le perchoir de cette institution. Du Perchoir de l’Hémicycle il est facile de regarder vers Koulouba puisque selon les textes en vigueur c’est le président de l’Assemblée qui assume l’intérim du Président de la République en cas de vacance du Pouvoir suprême ; c’est donc le numéro deux de la Nation. Malheureusement, en 2007, son étoile n’était dans la meilleure des positions souhaitées. L’échec fut net malgré les gros moyens et des investissements conséquents selon ses adversaires. Aujourd’hui, on se demande si l’homme a fait le point de ce premier faux pas pour penser que les choses ont favorablement évolué. Certains de ses amis, en tout cas, ne lui voient rien d’autre en 2012 que le candidat du PDES aux prochaines présidentielles. A chacun sa chance dirions nous, mais d’autres moins passionnés conseillent plutôt la prudence et non sans raison. Ils pensent eux qu’il faut laisser le temps faire son œuvre et que dans l’intervalle le probable candidat pourra murir davantage et affiner ses projets politiques. Bittar gagne, selon ceux qui lui conseillent, la patience à mettre d’abord de l’ordre dans ses nombreuses entreprises et accroitre son capital de sympathie. Et en tissant sa toile comme il a su bien le faire jusqu’ici (enracinement de son parti, le PDES, accroissement des capacités de ses entreprises et une bonne présence institutionnelle…) tout cela pourrait lui ouvrir plus facilement le chemin de Koulouba. Autrement, on lui souhaite bon vent car après tout pour le spectateur les joutes électorales n’en seront que plus riches et plus piquantes.
Boubèye Maïga
