En route pour un 2e Mandat – ATT : un favori contesté

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Le processus démocratique, en cours dans le pays depuis 2002, a été entaché par le développement d”une culture de « népotisme, de régionalisme, de caporalisme et de division ». Alors que l”objectif recherché, au cours de cette période de transition démocratique, était de préparer les Maliens à une véritable démocratie, à la réconciliation nationale. Cet objectif a fondu comme beurre au soleil devant les choix claniques, régionalistes et le monnayage des postes.rn

Le président Amadou Toumani Touré, 59 ans, a annoncé au détour d’une mission officielle d’Etat à Nioro du Sahel sa candidature pour un second mandat à la présidence du Mali. « Le sens de ma candidature sera délivré dans une lettre que je ferais parvenir aux Maliennes et Maliens », conclura-t-il. Et nous souhaitons que la lettre soit expédiée par la poste, ce qui ferait gagner à cette structure beaucoup d’argent.

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Nous sommes 7 millions d’électeurs qui ont envie de savoir les motivations profondes de celui qui veut nous diriger, nous orienter dans nos choix pendant cinq autres années. Cette annonce était un pas décisif vers une candidature qui n’était en fait qu’un secret de polichinelle pour le commun des Maliens. « J”y vais pour gagner », peut-on résumer cette sortie surprise du président sortant.

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En fait, ATT, élu en 2002 pour un mandat de cinq ans, n’a jamais cessé de préparer sa candidature potentielle à un second mandat. Il a mis en place un trésor de campagne considérable (moyens de l’Etat) et une équipe de conseillers plus ou moins expérimentés regroupés dans la nébuleuse « Mouvement citoyen ». Tous les moyens ont été utilisés, même les enfants et les femmes des militaires et l’AEEM pour battre rappel. Des leaders politiques « alimentaires » ont été mis à contribution. L’homme a mis sous le boisseau tous ses engagements de 1991 (surtout le pardon de l’armée malienne pendant la conférence nationale).

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ATT, militaire de carrière, roublard par tactique, part favori, car disposant d”un vaste réseau de soutiens, mais sa faiblesse pourrait venir de son propre camp qui semble être impatient de sa victoire et multiplie de ce fait les maladresses fatales pour un candidat dans un pays où l’humilité est de rigueur.

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Adulé ou détesté, ATT est considéré trop calculateur, manquant cruellement de programme ou de projet de société et de vision pour son pays. L’homme est trop bavard et apparaît de plus en plus comme un chef de gang plutôt qu’un chef d’Etat. Parce que la nébuleuse autour de lui faite du Mouvement citoyen et de partis politiques est trop gluante, ATT cherche désespérément à transformer les supposées adhésions massives en électeurs actifs pour sa seule cause.

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C’est pourquoi le processus démocratique, en cours dans le pays depuis 2002, a été entaché par le développement d”une culture de « népotisme, de régionalisme, de caporalisme et de division ». Alors que l”objectif recherché, au cours de cette période de transition démocratique, était de préparer les Maliens à une véritable démocratie, à la réconciliation nationale. Cet objectif, dit-on, s”est évaporé comme boule de neige devant les choix claniques, régionalistes et le monnayage des postes.

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Des tonnes d’incapacités

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Les choses sont désormais claires : ATT ne peut pas engager la lutte contre l”impunité et la mauvaise gouvernance dans notre pays. Alors que ce combat vaut à lui tout seul un thème de campagne. Pour les partisans du général sans véritable troupe, qui savourent déjà leur victoire par anticipation, le second et dernier mandat de leur poulain est acquis ; le 29 avril ne semble être qu’une formalité à accomplir.

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Mais que de violations du code électoral dans ce processus ! En mission de l’Etat avec les moyens de l’Etat, ATT a déclaré contre toute attente sa candidature à Nioro du Sahel. Il a abusé des incrédules. Comme réalisations majeures du premier mandat ATT, ses partisans citent pêle-mêle la construction de plus d”un millier de nouvelles salles de classes et de centres de santé dans le pays, la réalisation dans des zones rurales de forages, l”octroi de crédits et de moulins aux femmes rurales, la construction de milliers de logements sociaux, de routes et l”électrification rurale, etc. Ils citent également la revalorisation et la régularité des salaires des fonctionnaires. Toutes choses qui n’ont pas empêché les syndicalistes à déclencher des grèves perlées tout au long du mandat d’ATT, pour combattre une certaine « condescendance » du gouvernement à s’occuper de leurs problèmes.

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Pis, la coalition Front pour la démocratie et la République (FDR) qui regroupe certains responsables qui sont au fait des réalités du pays dénient à l’homme les réalisations qu’il met à son compte. Et il a reconnu en partie le cas du pont de Wabaria (Gao) en avouant publiquement « même si le pont n’est pas à mon actif, j’ai contribué à son élargissement et à l’électrification ».

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En tout état de cause, le combat contre la pauvreté, pour permettre aux populations maliennes de mieux s”épanouir, reste d’actualité brûlante. A présent, près de 70 % des Maliens vivent encore en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 500 F CFA par jour, tandis qu’environ 40 % se situent en dessous du seuil d”extrême pauvreté.

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Comme le dit un adage populaire : « Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre » et : « Il n’est pire ignorant que celui qui ne veut pas savoir ». Il est temps de mettre l’accent sur la transparence dans la gestion des affaires publiques, de vanter la vérité dans les actes plutôt que dans les discours et qui ne laissent pas se creuser un fossé entre la parole, les intentions et la réalité.

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Monzon

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