Assurance maladie obligatoire (AMO) : Un forum national pour informer et sensibiliser les Maliens

29 Sep 2011 - 00:00
29 Sep 2011 - 00:00
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Le ministère du Développement Social, de la Solidarité et des Personnes Agées a organisé, en début de semaine à Ségou, le premier Forum d’information et de sensibilisation sur l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO).

Le maire de Ségou, Ousmane Simaga, a, dans son intervention, reconnu que, malgré les textes en vigueur, des zones d’ombres existent dans la mise en œuvre de l’AMO. Siaka Singaré, représentant du CNPM (le Patronat malien), a expliqué pour sa part que la condition du bon fonctionnement des entreprises repose sur la santé des travailleurs. D’où le soutien total du CNMPM au processus. Sans omettre de conseiller à la Caisse nationale d’assurance maladie (CANAM) de «diversifier les séances de sensibilisation».

Le Secrétaire général de l’UNTM, Siaka Diakité, connu pour sa position réfractaire, après lancement de l’AMO, a tout d’abord fait une brève genèse du projet depuis 1999. Le chemin, a-t-il dit, a été «laborieux et long». «C’est la plus grande œuvre et la plus belle preuve d’amour que nos citoyens pourront témoigner à leurs proches et aux futures générations. Ce serait ramer à contre courant que de vouloir arrêter le processus. La crise mondiale nous rappelle, sans cesse, qu’il faut construire des digues sociales». Et Siaka Diakité de «lancer un appel à nos concitoyens qui hésitent encore à rejoindre l’autre côté de la digue, où ils seront protégé contre la grande vague». A la CSTM, a relevé Ousmane Amion Guindo, la problématique de l’AMO est une préoccupation depuis 1998. Cependant, par rapport au retrait, il demandera au ministre de «bien vouloir diligenter le projet». «Ce n’est pas que nous sommes contre l’instauration de l’AMO, mais nous n’approuvons pas certains points de sa mise en œuvre». 

Assane Diop du BIT, a, quant à lui, survolé les différentes crises internationales et a conclu en reconnaissant que tout cela découlait «d’un manque de justice sociale». M. Diop d’expliquer que «c’est pour les familles pauvres, c’est pour ceux qui n’ont pas de prix de condiments suffisant que l’AMO a été mise en place. Il faut comprendre que c’est un besoin de solidarité. Il faut comprendre que la maladie engendre la pauvreté. C’est donc crucial de protéger les populations des différents maux qui peuvent les rendre vulnérables». Pour lui, le Mali a expérimenté la complexité de la mise en place de l’AMO et a démontré sa volonté de réussir sur ce chemin. Assane Diop de terminer en soulignant que «la question n’est plus de savoir si on doit le faire ou pas, mais plutôt est-ce qu’on a le luxe de ne pas le faire».

Le ministre du Développement Social, de la Solidarité et des Personnes Agées, Harouna Cissé, a tout d’abord rappelé le contexte dans lequel l’AMO a été instituée, tout en mettant un  accent particulier sur la volonté du Président de la République d’étendre la protection sociale à tous les Maliens. Il a, en outre, noté que depuis huit ans le Mali s’était engagé dans cette voie, avec des difficultés, notamment communicationnelles. Se félicitant, au passage, de la nouvelle dynamique insufflée pour faire comprendre aux populations la nécessité et la réussite de l’AMO.

 

Plus de 703 000 personnes affiliées

Plus techniquement, le ministre a noté l’enregistrement, à la date du 15 septembre 2011, de quelques 703 543 personnes, assujettis et ayant droits confondus. Sur cet effectif, 527 personnes sont affiliées à l’INPS et 176 496 à la Caisse malienne de sécurité sociale. Sans oublier les nombreuses conventions (74 à ce jour) signées avec les établissements publics: 13 établissements hospitaliers, 4 à caractère scientifique et technologique, 57 districts sanitaires… Le secteur privé, lui aussi, est concerné par ces adhésions. C’est dans ce cadre que 201 conventions ont été signées. Il faut enfin noter, lors de ce forum, la présence des ministres Kafougouna Koné, Modibo Kadjoké et Mme Konaré Mariam Kalapo, ainsi que de nombreux religieux.

 

Paul Mben, Envoyé spécial

 

 

 

AMO: encore du grain à moudre

Dans son intervention à l’ouverture de ce forum, le ministre du Développement Social, de la Solidarité et des Personnes Agées a réitéré la volonté du gouvernement d’«instaurer un dialogue entre les différentes acteurs pour une large information». Entre les deux pauses qui ont meublé le rendez-vous de Ségou, nous avons recueilli, ici et là, quelques avis qui prouvent, si besoin en était encore, que l’AMO devra faire plus que ce forum… Pour le Syndicat national de la Police, «l’AMO n’est pas une mauvaise chose, mais c’est la mise en œuvre qui pose problème». Son Secrétaire général, Siméon Kéïta, reste inflexible : «Nous avons demandé au gouvernement de revoir certains points de la mise en œuvre de l’AMO. On ne peut pas faire un retrait sur les salaires des travailleurs sans les avertir. De plus, pourquoi certaines catégories de travailleurs sont-elles exemptées de cette mesure? En tout cas, il y a plusieurs choses à revoir, sinon nous dirons carrément non».

Même position à la CSTM. Mme Diarra Thérèse Diarra, une adhérente, affirme que la CSTM n’a jamais été contre l’AMO. Cependant, précise-t-elle, «quand on prélève sur les salaires des travailleurs, il faut le dire d’abord et expliquer comment cet argent est utilisé. Si on estime que l’argent est utilisé pour nous et nos ayants droits, personne ne peut nous dire qu’ils se préoccupent de nous plus que nous-mêmes. Il faut que nous sachions dans quelle sauce nous serons mangés». De plus, Mme Diarra estime que le plateau technique n’est pas encore prêt pour prendre actuellement en charge l’AMO. «En tout cas, je sais que l’AMO est la chose la plus importante que le Mali peut avoir dans le domaine social. Mais il ne faut pas s’entêter dans l’erreur. Il faut corriger ce qui est à corriger pour avancer. Sinon, nous passerons encore dix ans sans avancées significatives». Cet autre fonctionnaire évoque le manque d’expérience des infirmiers que l’AMO veut recruter et qui vont «transformer les patients en cobayes». Ailleurs, on parle des médicaments génériques que l’AMO distribue, au lieu des spécialités ou encore des tracasseries pour se faire soigner…Une autre personne estime que les rencontres de ce genre devraient se tenir dans toutes les régions du Mali et non dans une seule ville. «C’est du saupoudrage, car la portée du message de Ségou ne dépasse pas Banakôrôni»… Bref, la CANAM a du pain sur la planche.

 

PM

 

Nouhoum Sidibé, DG de la CANAM

 

«Il faut informer, sensibiliser et dialoguer…» 

C’est un sentiment de satisfaction que d’avoir pu organiser ce forum, malgré les réticences de certaines parties prenantes. Je crois que tout le monde est venu et a fait savoir sa position en ce qui concerne l’AMO. Nous avons entendu les avis et nous sommes convaincus qu’ils ne rejettent pas l’AMO. Leurs craintes se trouvent dans la mise en œuvre de l’Assurance. Je crois que la signature de la convention quadripartite est une illustration que, petit à petit, il y a une compréhension et une adhésion. Bientôt, nous commencerons avec les prestations au niveau des CSCOM, puis le recrutement et la formation de médecins, afin qu’ils se familiarisent avec le processus. Cela permettra de prendre en charge tous les salariés, même dans les coins les plus reculés du Mali où il y a un CSCOM. Je crois que, pour faire revenir ceux qui hésitent encore, il faut la sensibilisation, l’information et le dialogue.  

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