Discours haineux, incitation à la violence : Faut-il craindre pour le tissu social au Mali ?

Les discours de haine, l’incitation à la violence et les fausses nouvelles pourrissent le climat social.

22 Mai 2025 - 02:03
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Discours haineux, incitation à la violence : Faut-il craindre pour le tissu social  au Mali ?

 Pour certains observateurs et analystes maliens, les récentes marches, contre-marches, tensions politiques, viennent en rajouter, contribuant à instaurer un climat sociopolitique d’incertitude et de clivage. Cette situation provoque de vives inquiétudes au sein de notre société car elle détériore la cohésion sociale et menace de freiner les processus de paix et de la réconciliation en cours.

.Le Mali fait face à un constat alarmant avec la montée des discours violents et  de haine ainsi que la catégorisation stigmatisant des personnes. Selon des observateurs de ces évènements, il faut savoir tirer une leçon de ces faits qui ont des conséquences néfastes sur le tissu social et le vivre ensemble.

 Pour Mme Sidibé Awa Touré, enseignante, la prolifération des discours de haine ainsi que les prises de position virulentes portent en eux les germes de la division sociale. « Ce à quoi nous assistons, est sans précédent dans notre pays ! C’est inquiétant, il ne se passe un seul jour sans que l’on ne voit sur les réseaux sociaux et ailleurs, des maliens s’insulter en raison de leur divergence d’opinions ou de leurs affiliations politiques. Pire, ces propos sont tenus par des adultes, ceux-là même sensés éduquer les enfants », a –t-elle déploré. Selon Mme Sibibé Awa Touré, ces comportements ne reflètent en rien la culture et les mœurs du Mali.

 Oumar Korkosse du Réseau des Communicateurs Traditionnels pour le Développement au Mali (RECOTRADE), partage également cette inquiétude et abonde dans le même sens. Il soutient que les discours haineux engendrent la mésentente, la discorde, la diversion, et retardent le développement de la nation. «Nous les communicateurs traditionnels, singulièrement les ‘Niamakala’ ne sont pas insensibles à la situation. De par notre rôle, nous n’apportons pas de jugement, et ne faisons pas de prise de partie. Cependant on reste inquiet face aux propos disproportionnés entre les fils d’un même pays car ceci n’est pas sans conséquence sur la bonne marche du pays et la cohabitation », a- t- il déclaré, tout en précisant qu’à leur niveau, ils mènent des médiations et une   sensibilisation pour arrêter ces pratiques.

Par ailleurs, dans une récente publication, Me Mountaga Tall avait également exprimé ses préoccupations face aux discours de haine, notamment à l’encontre des partis politiques : « Halte aux propos diffamatoires et dangereux sur les partis politiques », écrivait-il. Dans cette publication, Me Tall souligne que de tels propos portent des germes de la haine et de la division des maliens.

 Réserves

 Avec le décret n°2025-0339/PT-RM du 13 MAI 2025 portant dissolution des partis politiques et des organisations à caractère politique en République du Mali, certains acteurs de la scène politique se réservent d’exprimer leurs opinions. Cependant au lendemain des évènements survenus le 3 mai au Palais de la culture et le 4 mai à la Maison de la presse, ayant donné lieu à des oppositions entre soutiens au meeting des partis politiques et ceux opposés à sa tenue, certains leaders notamment de la classe politique avaient émis leurs préoccupations, soulignant que de pareils agissements pouvaient ébranler le vivre ensemble. Et selon un leader très actif de ces évènements, qui tient aujourd’hui ne pas s’identifier, il y a lieu d’être préoccupé face aux propos haineux incitant à la violence. Soulignant le danger de ces pratiques, il a souhaité l’implication de la justice pour mettre fin à de telles pratiques  allant à l’encontre de la cohésion sociale.

 

 Un appel à la retenue et au dialogue

A l’unanimité, les intervenants estiment que les opinions divergentes ou les affiliations à un groupement ou à une association ne devraient pas être une source de tension. Et pour M. Cheickné Hamalla Sylla, journaliste, observateur de ces évènements, il est essentiel de privilégier le dialogue entre toutes les parties prenantes. Pour lui, il est important d’éviter toutes actions internes qui ne serviraient qu’à affaiblir le pays et à compromettre la lutte contre les agressions extérieures. Pour cela, il prône un dialogue constructif entre l’ensemble des parties prenantes.

Khadydiatou SANOGO/maliweb.net

 

 

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