Esclavage sexuel : Le trafic de jeunes filles Mauritaniennes vers l’Arabie Saoudite (2ème Partie)

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La lutte contre l’injustice en Mauritanie, a ses risques. Mint El Moctar déclara qu’elle avait reçu des menaces de mort à cause de son combat pour les droits des femmes. Elle a été accusée d’être une menteuse, une folle et une traîtresse qui salit la réputation de la Mauritanie.

Elle avait demandé l’aide des États-Unis dans son projet de sensibilisation de la population et déféré sa lutte devant les Nations Unies. Lors d’une rencontre, elle remercia les États-Unis pour avoir dénoncé les violations des droits de l’homme, par le biais du Rapport sur les droits de l’homme et a déclaré que cette publication était toujours utile puisqu’elle confrontait les autorités mauritaniennes sur les problèmes traditionnellement tabous. Mint El Moctar exprima également sa préoccupation au sujet d’une augmentation des mariages d’enfants en Mauritanie. Elle expliqua que les familles sont tellement préoccupées par le fait que leurs filles peuvent être violées ou avoir des rapports sexuels avant le mariage, qu’elles les marient aussitôt que possible pour préserver leur honneur. Le viol est un problème généralisé en Mauritanie qui reçoit peu d’attention du gouvernement.

Zeinebou Mint Taleb Moussa, présidente de l’Association mauritanienne pour la santé de la mère et de l’enfant (AMSME), déclara qu’en 2008, le Centre qu’elle supervisait reçut 304 victimes. C’était le seul Centre à fournir des services aux victimes de viol. Un de ses bénévoles fut violée et menacée à cause de son affiliation au Centre. Selon Mint El Moctar, les mariages précoces exposent les jeunes filles à la violence domestique, à la servitude et nuisent à leur santé. Elle parla du cas d’une fille de 12 ans enceinte et mariée depuis trois ans et régulièrement battue par son mari.

Des cas similaires ont été confirmés par Cy Lalla Aisha de FONADH qui confia aux autorités de l’Ambassade américaine que l’un de ses clients était une fille de 12 ans qui a failli mourir durant l’accouchement. L’UNICEF et l’ONU reconnaissent le problème, mais ont déclaré qu’ils ne disposaient pas de ressources nécessaires pour prendre des mesures concrètes. Mohamed Lemine Ahmed Seyfer, ancien spécialiste de la protection à l’UNICEF-Mauritanie déclara que le trafic de filles mauritaniennes en Arabie saoudite était un problème reconnu qui a été signalé par de nombreuses ONG. Il ajouta que le Ministère de la Femme a reconnu le problème et que l’UNICEF a l’intention d’aborder cette question lors de sa prochaine étude nationale sur le trafic des enfants. Une coopération avec UNICEF-Arabie Saoudite était envisagée. Seyfer demanda des fonds aux États-Unis pour aider à accélérer les actions contre le trafic des enfants mauritaniens.

Ahmed Salem Bouh, ancien représentant du Fonds des Nations Unies pour la population, déclara que les Nations Unies travaillaient en étroite collaboration avec le gouvernement mauritanien dans la lutte contre le mariage des enfants et les droits des femmes en général. Les ONG, comme celle de Mint El Moctar, se battent seules sans ressources ni reconnaissance. Les États-Unis cherchent à soutenir les forces démocratiques en Mauritanie. Ils devraient mettre l’accent sur l’augmentation de la capacité de ces ONG à dénoncer et à lutter contre les violations des droits de l’homme. Jusqu’à présent, le gouvernement de la Mauritanie ne fait pas le minimum pour lutter contre le trafic de ses enfants.

Avec leur capacité à entreprendre des actions concrètes et à mobiliser la population au niveau de la base, et leur désir de lutter contre l’injustice, même au détriment de leur réputation et de leur sécurité physique, les militants comme Mint El Moctar sont parmi les meilleurs partenaires dans le combat pour une société juste.

 

Amadou O. Wane

Collaborateur externe, Floride, Etats-Unis

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