Justice au Mali : Qui piétine les Droits des citoyens ?
Si, aujourd’hui, le rôle de la justice dans la promotion des droits humains est bien connu, ceux-ci ont été bien consacrés par les constitutions successives de notre pays. Celle du 22 Septembre 1960 qui, en souscrivant aux normes de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, érige leur reconnaissance en principe fondamental. Celle du 2 Juin 1974 qui, pour la première fois, reconnaissait une existence juridique constitutionnelle aux droits fondamentaux du citoyen. Celle du 25 Février 1992 qui, reflet de la Révolution Démocratique du 26 Mars 1991, fait des droits humains les piliers sacrés de l’Etat de Droit, en garantissant et leur promotion et leur application par l’indépendance du Pouvoir Judiciaire vis-à-vis du Pouvoir Exécutif et du Pouvoir Législatif.
Ainsi, l’on s’aperçoit qu’il s’agit moins de "révolution judiciaire" que de comportement des Institutions, des organes de pouvoir, des hommes. Car le droit est, par essence, inscrit dans le champ historique. C’est donc, fort heureusement que le Président de la Cour Suprême invitait il y a quelques années le Pouvoir Exécutif à faire procéder à la ratification et à la publication nécessaires des conventions internationales appropriées relatives à la protection des Droits Humains. Dans la promotion des Droits Humains, la sauvegarde des acquis et le bon fonctionnement de l’Etat de Droit, le seul juge n’est pas en cause. La perspective ainsi ouverte est d’importance, car il y va de l’équilibre global de notre société, de la santé générale de nos institutions, de la défense des intérêts fondamentaux de notre peuple, aujourd’hui.
Aujourd’hui, il ne s’agit pas de révolution, mais de justice
Si les progrès sont constants, le mal de justice persiste. Que faire ? D’abord, faire l’état des lieux, avec courage et responsabilité, pour rechercher et atteindre une solution féconde. Loin de la fuite en avant hypocrite et nocive, qui consiste à jeter l’anathème sur tout le système judiciaire, ou qui, au lieu de soigner la maladie, blesser la dignité de tous en traînant dans la boue des professions respectables à cause de quelques uns des leurs. En réalité, il est temps d’abandonner ces tentations trop faciles pour réfléchir sereinement et agir efficacement. L’objectif doit être d’amener le juge à dire le droit à l’abri des contraintes matérielles et des pressions politiques et, d’une manière générale, d’imposer à tous ceux qui concourent à l’acte de justice, le respect de la déontologie. Ces tâches sont celles de l’Etat de Droit, expression politique du parcours historique de notre peuple. Leur réalisation appelle la tenue des Etats Généraux de la Justice, d’une Conférence Nationale… Il reste que, si la prise de conscience politique, civique, et morale du devoir de justice participe dans un humanisme fécond de notre commune humanité aux racines profondes et ouverte sur le progrès, le peuple malien, aujourd’hui plus qu’hier, saura éradiquer le mal de justice qui menace d’ébranler la République. S. C.Quelle est votre réaction ?






