L’Afrique : un relais de croissance pour les économies occidentales

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Bamako a abrité le 27e Sommet Afrique-France dit “sommet pour le partenariat, la paix et l’émergence”, du 13 au 14 janvier 2017. Comme toujours, les dirigeants africains et français se sont quittés sur des annonces pleines d’espoir pour les femmes, les jeunes et les entrepreneurs de notre continent. Mais, comme toujours, ils finiront par déchanter parce que l’Empire français se nourrit des potentiels africains dans tous les domaines. Cela ne changera pas tant que nous continuerons à croire aux démagogiques résolutions qui sanctionnent toujours ce genre de sommet.

«Nous devons tout faire pour assurer votre croissance et votre développement» ! Tel est l’engagement pris par François Hollande lors de la conférence de presse de clôture du 27e Sommet Afrique-France animée aux côtés du président Ibrahim Boubacar Kéita, porte-parole de ses pairs du continent. Un engagement pris après avoir annoncé plusieurs “bonnes nouvelles” lors de son discours à la cérémonie d’ouverture.

Ainsi, l’aide au développement de la France pour le continent, 20 milliards d’euros sur cinq ans, va être révisée à la hausse de 15% pour atteindre désormais 23 milliards d’euros sur les cinq prochaines années. Comme si le “président normal” de l’Hexagone, qui quittera l’Elysée dans quatre mois, ne voyait l’émergence de l’Afrique que dans la poursuite de l’assistanat. Que Hollande nous montre donc un seul pays dans ce monde qui s’est libéré de la pauvreté et du sous-développement grâce à l’aide au développement ? Une main tendue qui ne cesse de nous endetter. Et une dette qui a provoqué l’écroulement de nos Etats dans les années 1980-90 offrant ainsi un tremplin au FMI et à la Banque mondiale de mettre totalement nos économies sous tutelle avec les programmes d’ajustement structurels (PAS). L’aide publique au développement n’est que de la poudre aux yeux. D’ailleurs le même Hollande ne reconnaît-il pas que les “montants transférés par la diaspora africaine en Europe sont supérieurs à l’aide publique au développement” ? Pourquoi lier la croissance de nos économies et le développement de nos Etats à d’autres, à ceux-là mêmes pour qui nous ne sommes que des pourvoyeurs de matières premières brutes et de marchés pour leurs industries ?

50% de jeunes de moins de 18 ans ; 52 villes de plus d’un million d’habitants ; 60% des réserves de terre cultivables mondiales ; un taux de croissance de 5% par an en moyenne sur la dernière décennie ; plus de 70% de taux de pénétration mobile… C’est ce que l’Afrique présente aujourd’hui comme atouts. Mieux, ce sera 1,1 milliard d’Africains qui auront l’âge de travailler en 2040 ; 50% de la population qui vivra en zone urbaine en 2030 ; 2 milliards d’habitants en 2050 ! L’Afrique, dans quelques décennies, sera le continent le plus peuplé au monde avec une classe moyenne en progression. Elle représenterait entre 150 et 300 millions d’Africains, un marché gigantesque. Comme le disait Adam Dicko, un jeune leader malien, “tout porte à croire que l’Avenir appartient aux jeunes africains”. Et, croit-elle, “le secret de faire de l’Afrique un continent émergent est de permettre à sa jeunesse d’exploiter tout son potentiel en lui offrant un environnement d’affaires propices pour entreprendre”. Un rêve juvénile qui se nourrit d’utopie quand il n’est pas porté par une ferme volonté de se battre sans concession pour parvenir à cette fin.

Aider l’Afrique à se développer équivaut, pour la France, à scier la branche sur laquelle repose sa puissance économique et militaire. Aujourd’hui, le partenariat dont l’Afrique a besoin pour se développer doit être axé sur la formation de pointe de sa jeunesse (son atout principal) et le transfert des technologies. En 56 ans de “partenariat”, le transfert de technologies, donc du savoir et du savoir-faire, est très limité entre nos Etats et l’Occident parce que cela va contribuer à affaiblir ses multinationales qui pillent nos richesses pour alimenter leurs performances. Et cela avec la complicité de nos élites corrompues. Un pays comme la France n’est ouvert qu’aux vrais cerveaux africains qu’elle séduit à tous les prix pour les garder et les exploiter. Mais il est aussi vrai que nos dirigeants sont longtemps restés réfractaires à l’esprit d’initiative, d’entreprise et ne faisaient presque rien pour attirer nos compétences qui font la pluie et le beau temps en Occident. Ceux qui, par patriotisme, se risquaient à venir apporter leur pierre à l’édifice national du développement socioéconomique et culturel, ne tardaient pas à refaire leurs valises parce qu’on leur mettait le bâton dans les roues un peu partout.

Certes, un pays comme le Mali a consenti d’énormes efforts pour assainir et améliorer le climat des affaires. Mais combien de jeunes de l’intérieur ou de la diaspora ont dû aller réaliser leur rêve entrepreneurial ailleurs parce que découragés par le manque de pragmatisme des interlocuteurs en face ? Combien d’investisseurs étrangers renoncent à leurs projets de création d’entreprise au Mali, chassés par la corruption, le coût et le difficile accès à l’énergie et à la propriété foncière, si ce n’est par manque d’interlocuteurs crédibles ? Ce n’est pas la faute des seuls dirigeants. L’irresponsabilité et le manque de qualification des ressources humaines contribuent aussi à cet état de fait. Elles sont nombreuses les PMI et PME à faire faillite parce que leurs employés, face aux premiers résultats probants, pensent à eux et non à consolider les performances pour pérenniser leurs emplois. Quand le promoteur ne cède pas à leur chantage, il doit se préparer à toutes les formes de sabotage pouvant le conduire inexorablement à la faillite. Cela n’a pas commencé aujourd’hui parce que c’est le manque d’intégrité morale et de conscience professionnelle qui explique, en partie, la faillite des sociétés et entreprises d’Etat héritées de la première République et bradées ou liquidées par les programmes d’ajustement structurels, qui étaient supposés soulager nos Etats de certaines charges financières. C’est pourquoi nous sommes condamnés à regarder, en observateurs impuissants, l’Afrique devenir un espace de confrontation économique et géopolitique pour le contrôle de son potentiel économique. Des statistiques disent que, en 10 ans, les entreprises françaises ont perdu près de la moitié de leurs marchés en Afrique subsaharienne. Une part de marché qui n’est pas malheureusement prise par des Africains, mais par des Chinois, des Indiens, des Turcs…

Si ces entreprises françaises veulent aujourd’hui revenir en force au Mali et en Afrique, ce n’est pas non plus pour notre bonheur, mais pour éviter le déclin de leur empire économique. Ainsi, d’après une étude du cabinet de conseil Bearing Point, les investissements français en Afrique devraient augmenter de 75% dans les dix prochaines années. Une éventualité qui doit nous faire peur parce que cela signifie que notre continent représente un potentiel colossal qui ne profitera aucunement à son émergence dans le concert des grandes puissances industrielles.

Pour engager le Mali et l’Afrique sur la voie d’une émergence irréversible, il faudra redéfinir sans complexe un nouvel horizon de relations équilibrées avec tous nos partenaires. À commencer par la France. Pour ce faire, il faudrait “diversifier nos productions, accélérer notre industrialisation et renforcer nos mécanismes d’intégration”, a préconisé le chef de l’Etat tchadien et président en exercice de l’Union africaine (UA), Idriss Deby Itno. Cela suppose que nos Etats prouvent de nouvelles capacités à créer des conditions au niveau local permettant aux jeunes Africains de s’épanouir et créer de la richesse sur place pour ne plus être tentés par des eldorados d’outre-mer au péril de leur vie. Cela suppose aussi que nos gouvernants prennent conscience qu’il faut plus de rigueur, d’intégrité et surtout de transparence dans la gouvernance locale et nationale pour que les richesses soient judicieusement utilisées pour l’émergence de nos collectivités et de nos pays, donc pour le bien-être des Africains d’abord. Nous sommes sur la même longueur d’ondes qu’Idriss Deby Itno quand il rappelle que “le nouveau partenariat que nous appelons de tous nos vœux, ne saurait se construire que dans le respect mutuel, la confiance réciproque, l’égalité, loin du double méfait du complexe d’infériorité et des velléités de domination”. Les Africains n’en demandent pas plus !

À leurs dirigeants de démontrer maintenant qu’ils ont le courage politique de combler cette forte attente d’un partenariat réellement équilibré avec la France, voire tous ceux qui ne peuvent plus se passer de l’Afrique pour leur essor !

Moussa BOLLY

Gambie au-delà des passions, quelques vérités….

«1- Les élections se dont déroulées en Gambie, le président sortant a reconnu sa défaite avant de faire volte-face pour des raisons liées à l’imprudence de Barrow qui semblait être dans l’intention d’envoyer le fantasque à la CPI.

2- Barrow est donc en grande partie responsable de l’enlisement car par-delà les passions, n’importe qui à la place de Jammeh, après avoir consenti respecter le vote populaire, ne se laisserait pas envoyer à la justice impérialiste.

3- Ceci dit, les Gambiens, comme nous tous, ont droit à la démocratie, à la liberté ; nous respirons la liberté dans nos pays, aimons critiquer librement sur les réseaux sociaux, le peuple gambien aussi a droit à tous ces privilèges.

4- Quand des présidents comme Macky Sall se sont mêlés pour des raisons de sécurité intérieure (Casamance), là on peut le comprendre mais pour des raisons liées à l’Occident (ses sorties pour stopper l’armée malienne contre la rébellion avec son fameux cessez-le-feu, la sortie du même Macky contre l’idée à l’UA de la sortie de la CPI…) et autres présidents, roulant pour l’Occident, cela ne peut que rendre service à la popularité de Jammeh.

5- L’idée d’intervention militaire dans un pays étranger, c’est tout simplement parce que c’est la petite Gambie. Macky n’oserait franchir les frontières de la Mauritanie ou d’un autre pays.

6- Enfin, côté analyse sans parti pris, je pense que Jammeh n’a pas les moyens politiques, diplomatiques et militaires de rester (sinon il le ferait). Il cherche donc à sauver sa peau avant de céder.

7- L’Afrique doit revoir ses propres doctrines, la démocratie est, je le répète, un droit pour tout peuple mais on ne peut aller l’IMPOSER AVEC LES CANONS A BANJUL. Le vote des citoyens doit être respecté, les cours constitutionnels ne doivent pas être politisés, manipulés au service des dirigeants battus. Le président ghanéen a accepté de partir, préservant la paix dans son pays. Enfin, doit prendre fin l’envoi des Africains à la CPI, trouver les moyens de les juger en terre africaine.»

Yaya TRAORE

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  1. Comrades Africa failure to invest in manufacturing essential goods plus widely used goods is a major cause Africa is not developing as fast as it should be developing plus as long as we continue to not do what is clearly in our modern living best interest we will continue to have a very much undeveloped community which is filled with troublesome unpredictability. Very much sincere, Henry Author Price Jr. aka Obediah Buntu IL-Khan aka Kankan.

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