La Fémafoot doit savoir, comme nous l’enseigne la sagesse africaine, qu’on ne peut pas vivre avec celui qui veut mourir ou tient à déménager. Le départ de Giresse était donc prévisible, depuis que son pays, la France, a tiré sur la sonnette d’alarme, en demandant à tous ses ressortissants de quitter le Mali.

Qui parle se découvre : lors de sa rencontre avec la presse sportive pour expliquer les raisons de son divorce d’avec la Fédération malienne de football, suite à la sortie non moins musclée du 2ème vice-président de cette structure qui tenait à étaler le contenu réel de la feuille de match entre le sélectionneur et la Fémafoot, Alain Giresse, en reconnaissant les trois points de désaccord évoqués, a reconnu qu’en ce qui concerne les frais de téléphone, il est resté plusieurs avant de recevoir un seul versement de 500.000FCFA, concernant une seule mensualité, comme c’est prévu dans son contrat.
Mais pourtant, cela ne l’avait pas empêché de travailler et de produire les résultats que l’on connaît. Et des peaux de bananes, il en a toujours reçu dans l’environnement du football malien. En marchant dessus il a certes trébuché, mais s’est toujours accroché, refusant de tomber. Il semblait, en un moment donné, que Giresse aimait l’équipe des Aigles plus que les joueurs eux-mêmes. Pourquoi alors ce revirement ?
Il a lâché la véritable raison à la fin de sa rencontre avec la presse sportive : la situation que vit le pays. Une autre déconvenue qu’il faudra mettre au tableau des conséquences de l’acte de la bande à Sanogo.
En réalité, Giresse confirme avoir été marqué par la situation que vit le pays. C’est vrai, cela ne lui permettra pas de revoir ses ambitions à la hausse après avoir réalisé un bon résultat lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations. Alors que, logiquement, ses services devraient être mieux rémunérés et aussi, il devrait être mis à l’abri de certaines déconvenues financières dont les arriérés de frais de téléphone et les factures impayées de voyage et d’hôtellerie qu’il brandit à tous vents. Soit ! Peut-on demander à un malade éprouvé de faire des efforts de champion ? Evidemment non ! Le Mali d’aujourd’hui se cherche et les dirigeants n’ont que faire de certaines ambitions, fussent-elles celles de Giresse ! Le défi est ailleurs !
« Je n’ai jamais travaillé dans ces conditions », a –t-il confié aux journalistes. Mais qu’il sache que même les Maliens n’ont jamais travaillé dans les conditions actuelles qui relèvent de l’exception. Et ce n’est pas parce qu’il s’appelle Alain Giresse que cela changera les choses. Qu’il parte alors vers d’autres cieux, comme le Sénégal, où la presse nationale a déjà révélé que la Fédération sénégalaise de football est déjà entrée en contact avec Giresse, suite à la défection de Pierre Lechantre et la disqualification de Bruno Metsu. Ce dernier est d’ailleurs déjà passé à la tête de la sélection des Lions de la Terranga qu’il avait cochée lors de la CAN 2002 au Mali. Il a voulu revenir, mais un niet lui a été opposé. Quant à Lechantre, les conditions financières qu’il posait au départ ont produit le clash et il s’en est allé comme il était venu au Sénégal, sans avoir le temps d’enfiler son survêtement.
Si Alain Giresse pense aller brouter l’herbe de la prairie sénégalaise qui se trouve être plus verte et plus tendre pour lui, qu’il s’en aille donc. Il sera remplacé au Mali pour clore le débat. Pourquoi alors tout ce ramdam s’il sait que lui-même n’est pas dans des dispositions pour rester, compte tenu de la situation sociopolitique du Mali ? Là gît toute l’énigme de sa position.