Que sont-ils devenus ? … Oumar Traoré dit Barman : Bourreau d’un jour, partenaire de toujours du DAC

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De notre petite connaissance du football malien, de 1978 à nos jours, nous relevons que les ailiers de métier sont rares. On peut citer entre autres : Samba Coulibaly, Youba Cissé,  Drissa Kéita du Djoliba, Mamadou Coulibaly dit Benny, Boubacar Fofana, Abdoulaye Traoré dit kokadiè ,Boubacar Diallo dit Bol de l’AS Réal,  Mohamed Koné du COB, Bafing Coulibaly, Boubacar Sanogo du Stade malien de Bamako. Hormis ceux-ci, la plupart des joueurs de couloir sont reconvertis ou façonnés par les entraîneurs. Celui dont nous parlons cette semaine dans la rubrique “Que sont-ils devenus ?” était un ailier de métier. Il s’appelle Oumar Traoré dit Barman, ex-sociétaire du Tata de Sikasso, mais qui a fini sa carrière au Djoliba après avoir transité par l’Usfas. Son transfert chez les Rouges a été motivé par sa belle prestation face au même club en championnat national. Ce jour-là Barman a traumatisé, terrorisé la défense djolibiste par ses incursions, ponctuées de centres millimétrés. ce qui a poussé les dirigeants des Rouges à débaucher leur bourreau. Qui est Oumar Traoré ? Pourquoi le sobriquet Barman ? Son parcours en clubs et en équipe nationale ? Sa retraite, ses bons et mauvais souvenirs ? Tout est détaillé par l’ancien international du Djoliba. Découvrons ensemble les pérégrinations de l’homme de Sikasso à Bamako.

 Oumar Traoré, un ailier droit, avait la rare qualité de conserver sa vivacité durant les quatre-vingt-dix minutes. Il était intenable sur ses dribbles éliminatoires, ponctués d’une pénétration en force ou d’un centre au cordeau. Sa constance, ses va-et-vient sur le terrain faisaient penser à un certain Mohamed Djilla du Stade malien de Bamako, qui évoluait comme un essuie-glace.

A la différence de son aîné, Barman ratissait tout sur son couloir pour servir ses partenaires dans la surface de réparation adverse. Qui ne se rappelle pas de son centre sur Gaoussou Diallo dit Mahalatini, dont le but a été refusé par l’arbitre central béninois Bonaventure Coffi Codja ! C’était lors du dernier tour éliminatoire de la Ligue des champions africaine ayant opposé en 1999 le Djoliba à l’Espérance de Tunis. Une rencontre qui s’est terminée en queue de poisson suite à l’invalidation du but des Rouges, au motif qu’il a été marqué par main. C’est pour vous dire combien Oumar Traoré dit Barman était actif sur le flanc droit.

Contrairement à son sobriquet, il n’a jamais été tenancier d’un bar. Le surnom lui a été collé à Sikasso à son adolescence. A l’époque, un jeune étudiant de l’IPEG tenait le bar de son établissement lors des soirées de fin d’année scolaire. Par ses techniques de dribbles et ses manières de marquer des buts, il faisait partie des meilleurs joueurs de la région. Au même moment Oumar Traoré jouait dans les rues avec ses camarades et maniait de belle manière le cuir pour démontrer ses qualités de futur bon joueur.

Un aîné, de passage, surpris par ses atouts a lancé à la cantonade que “ce petit joue comme le Barman de l’IPEG”. Tout est parti de là. Finalement le pseudonyme a submergé son prénom. Mais c’est surtout le doyen Papa Oumar Diop qui donnera plus de sensation et de popularité au surnom Barman. Envoyé spécial de Radio-Mali, pour couvrir un match de championnat, il captera le mot Barman dans les cris des amis du joueur. Il le jugera très court pour aller vite avec les incursions du joueur.

Oumar Traoré a pris sa retraite footballistique en 2003. Il sentait que la fatigue et l’âge ne lui permettaient plus de sprinter. Au bout de quelques années de chômage, son ami Abdallah Baby a créé une équipe en Commune VI et lui a proposé le poste d’entraîneur adjoint, le temps de bénéficier de stages de la Fédération malienne de football. Barman finit par être le directeur technique (DT) du club parce que son emploi du temps a entre-temps changé. C’est-à-dire qu’il a ouvert une grande boutique de dépôt et d’échange de gaz butane à Sogoniko. C’est dans cette entreprise qu’il gagne sa vie et nourrit sa famille, surtout qu’il a un salaire garanti et régulier avec son poste de DT.

Les échelons gravis jusqu’à l’E. N.

Barman s’ajoute au chapitre des joueurs qui ont été détectés dans les rues lors des compétitions inter quartiers. Evoluant dans l’équipe de Bougoula Ville, il décroche le titre de meilleur joueur du tournoi organisé pendant les vacances en 1988. La compétition regroupait tous les jeunes de la ville de Sikasso, y compris ceux des clubs. Cet exploit sonne en même temps son intégration dans le club phare de la région, le Tata National. Avait-il le choix ? Ses oncles et frères faisaient partie de l’administration de l’équipe, les réunions, le classement se tenaient dans sa famille. Barman signera sa première licence pour amorcer les matches du championnat régional de deuxième division.

Classé premier dans cette compétition, le Tata National se déplace à Bamako pour le tournoi de la montée en première division. Sésame qu’il empoche après un parcours sans faute. Ainsi il rejoint la cour des grands. Oumar Traoré dit Barman, qui est l’un des partisans de ce succès reste quatre saisons (1988-1994) au Tata National de Sikasso, avant de plier bagages pour Bamako. Selon lui, il ne gagnait pas de primes conséquentes avec les dirigeants, il se contentait des encouragements sporadiques. Cela ne pouvait continuer, dès l’instant qu’il devait aider ses parents, fonder un foyer et présager un bel avenir.

Son arrivée à Bamako coïncide avec la date butoir des transferts, et son désir d’évoluer au Stade malien s’estompe. Seule alternative ? Chômer une année ou retourner à Sikasso. Il opte pour la deuxième solution. Par le pur hasard Barman rencontre chez des parents Modibo Sidibé venu pour autre chose. Ils échangent et Barman explique à l’ancien joueur de l’Usfas, son problème et sa déception avec son corollaire de retour en famille.

Celui-ci lui conseille de rester avec promesse de le présenter aux dirigeants de l’Usfas afin qu’il évolue dans l’équipe militaire. L’enfant de Sikasso accepte cette proposition, sanctionnée par une année blanche. Il ne jouait que les tournois militaires et autres compétitions sans enjeu officiel. Pour la circonstance, on lui donnait de l’argent pour maintenir son moral. L’année suivante (saison 1996-1997), Barman devient un joueur confirmé et sème la terreur dans les défenses du Djoliba, de l’AS Réal et du Stade malien de Bamako, au point que l’Usfas joue les demi-finales de la Coupe du Mali.

Il est logiquement sélectionné en équipe par Mamadou Kéita dit Capi pour les éliminatoires de la Can de 1998. En fin de saison il est convoité par les grands clubs, et c’est le Stade qui lui fait des propositions. Mais Barman demandera à faire un tour à Sikasso, en attendant que les promesses soient concrétisées. De la Capitale du Kénédougou, il s’en va directement au Djoliba AC. Qu’est-ce qui explique ce coup de théâtre ?

J’étais en famille quand des émissaires du Djoliba sont venus me voir pour solliciter mon transfert dans leur club. J’étais hésitant, étant donné que j’avais donné déjà donné mon accord de principe au Stade malien. Sur leur insistance nous sommes retournés ensemble à Bamako. Avant d’aller au terrain d’entraînement du Djoliba, je me suis entretenu avec mon logeur. Je voulais lui dire clairement que ma volonté est d’honorer mon engagement avec les Stadistes. Face à sa volonté de me voir jouer au Djoliba, ma conscience m’interpella. Parce qu’il m’a soutenu dans les situations difficiles. Je lui devais cette reconnaissance. J’ai abandonné l’équation des Blancs pour aller chez les Rouges”.

Au Djoliba (1998-2003) Oumar Traoré dit Barman a réalisé un doublé (1998), remporté deux titres de champion (1999).

Il reconnait avoir gagné dans sa carrière de football, avec les retombées du sacre des Aigles en Coupe Cabral où notre compatriote Babani Sissoko a offert 7 millions de F CFA à chaque joueur. Ajoutées à cela les primes de la campagne des Aigles avec les entraîneurs Mamadou Kéita dit Capi et Christian Sarramagna.

Cette belle carrière est aussi liée aux bons souvenirs : la Coupe Cabral évoquée, le doublé du Djoliba en 1998 et à un seul mauvais souvenir : le match du Djoliba contre l’Espérance de Tunis lors du dernier tour éliminatoires de la Ligue des champions africaine. Pour lui, son club avait toutes les chances d’accéder à la phase de ladite compétition.

Barman est marié et père d’un enfant. Dans la vie, il aime le rire, le football et la loyauté. Il déteste le mépris, l’injustice.

O. Roger

Tél (00223) 63 88 24 23

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