Tribune : Le profil idéal du président du Mali de l’après refondation
La démocratie est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple ! C'est un libre choix des dirigeants d'un pays par l'exercice des suffrages exprimés dans les urnes en faveur d'une personnalité ou d’un groupe de personnalités consensuelles à la tête de l'exécutif national.

Ce choix est fait sur la base d'un programme de gouvernance savamment élaboré, auquel adhérent les citoyens aspirant à un avenir radieux pour leur patrie. Mais est-ce que, chez nous, au Mali, cette assertion est appréciée à sa juste valeur sur le terrain ? Sa matérialisation a-t-elle été conforme aux espérances des citoyens ?
La perplexité reste de mise quand on se réfère à la célèbre maxime de Bernard Werber (un écrivain français), selon laquelle «la démocratie est un luxe de peuple avancé». Assurément, le doute a toute sa place ici à cause du destin funeste que nous vivons présentement. Hier, les Maliens se plaignaient de leurs dirigeants ! Aujourd'hui, ils continuent toujours de se plaindre. Leurs plaintes risqueront de perdurer si la satisfaction de leurs attentes et de leurs aspirations n'atteint pas un niveau à hauteur de souhait. Évidemment, s'interroge-t-on, si la magie de la démocratie a produit ses effets dans notre pays ? Avons-nous récolté les fruits de tant d'années dans sa pratique ? Ou, au contraire, faisons-nous face à une désillusion flagrante liée à une promesse qui tarde à offrir ses dividendes tant attendus ?
On assiste certainement à une répétition générale que constituent ces déceptions qui se suivent et continuent de s'exprimer par des soulèvements populaires entraînant des révolutions de palais et, à chaque fois, avec l'onction militaire. Qui nous promet ensuite le meilleur des mondes en nous délivrant d'un pouvoir sur lequel le peuple criait : «haro sur le baudet». Mais toujours les mêmes pratiques à la base de nos rancœurs sont conservées par la suite !
C'est Voltaire qui disait que «le despotisme est l'abus de la royauté et l'anarchie est l'abus de la démocratie». À toute proportion gardée, on peut en convenir par l'affirmative ! À ce jour, la société malienne est fortement divisée entre les partisans du retour à l'ordre constitutionnel par des élections libres et transparentes.
Front commun pour l'objectif final
Et les soutiens acharnés des autorités militaires de la transition qui ne sont pas du tout favorables à la classe politique actuelle, et militent pour le report des élections le plus longtemps possible ; le temps de pacifier le pays et engager des réformes structurelles afin de refonder un nouveau Mali. Ces deux tendances s'affirment comme des veilles citoyennes guidées par l'intérêt supérieur de la «Maison Mali». Cependant, et dans ce cas d'espèce, on est en droit de porter un coup de semonce à cette division et à cet écart idéologiquement partisan entre ces deux groupes ayant un élan patriotique aux velléités disproportionnées, dont le cheminement est à contresens.
De ce qui suit, un constat tranchant doit nous interpeller et nous renvoyer sur l'objectif suprême que sera l'aboutissement de la gouvernance que feront les dirigeants de notre pays, pour la pleine satisfaction de tous ses fils et filles. Cette injonction sied parfaitement à ces deux tendances, pour la constitution d'un front commun en une force de propositions et d'interpellations, comme l'émanation d'une ANR (Assise nationale de la refondation) bis, capable de défendre les intérêts du peuple grâce à une force de proposition et de persuasion inébranlable ainsi que des argumentaires solides à suivre comme une boussole dans un navire en perdition.
Elle devra aussi forger le portrait robot du dirigeant modèle dont le Mali a besoin, et préparer les citoyens et le peuple tout entier dans la formulation de ces exigences et de ces choix légitimes. Afin que le choix du prochain président de la République ne se révèle plus comme un trompe-l'œil pour nous ramener en arrière. L'atteinte de cet objectif final ne sera pas l'apanage d'un Messie providentiel vu comme un militaire ou un homme politique selon les vues des clameurs populaires. C'est plutôt la quintessence des exigences formulées par les forces vives de la nation pour une gestion orthodoxe des affaires publiques du pays, pour plus de justice sociale, de restriction budgétaire au niveau des institutions étatiques, voire purement et simplement supprimer certains d'entre eux qui sont vus comme inutiles par le citoyen lambda.
Mieux armer les élus locaux pour leur permettre d’élaborer des politiques et des projets novateurs
Tout en mettant l'accent sur l'efficacité gouvernementale dans son ensemble, il faut des mesures impératives qui feront avancer ce pays. Cela est indispensable pour impulser un investissement massif dans les infrastructures socio-économiques à travers le pays. Et cela en lien avec les mécanismes de renforcement des élus locaux afin de donner à nos collectivités leur autonomie dans l’élaboration de certaines politiques de développement local ou régional et de leur gestion. Ces élus locaux doivent être armés pour leur permettre d’élaborer des politiques et des projets novateurs, de les exécuter avec comme les électeurs et le gouvernement central comme arbitres et suivi-évaluateurs.
Il est donc primordial que les Maliens se focalisent non pas sur la couleur de la tête de ceux qui vont diriger le Mali, mais plutôt de ce que feront ces dirigeants une fois à la tête du pays. La finalité au bout de la gouvernance doit être au diapason des attentes et des aspirations de la population vis-à-vis du premier responsable d’un pays. Et même si c'est le diable personnifié à qui incombe cette mission, il sera soutenu par le vaillant peuple. C’est ainsi que le vrai Mali Kura verra le jour !
Thierno Barro
Expert en communication
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