Convoqué par le Quai d’Orsay, l’ambassadeur américain Charles Kushner préfère poursuivre ses vacances

Convoqué par le Quai d’Orsay après avoir dénoncé, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, une “flambée de l’antisémitisme” en France, Charles Kushner, ambassadeur des États-Unis depuis quelques semaines et père du gendre de Donald Trump, Jared Kushner, n’a pas jugé bon d’interrompre ses congés. Lundi, il a simplement dépêché son chargé d’affaires. Un affront diplomatique assumé à l’égard de Paris.

« Nous avons dit à son numéro 2 que ses déclarations étaient injustifiables et injustifiées, a expliqué le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot au micro de RTL, hier matin. Injustifiable parce qu’il n’appartient pas au représentant d’un pays étranger de venir donner des leçons de gouvernement à la France dans son pays. Et c’est injustifié, parce que peu de pays dans le monde sont aussi radicalement, farouchement, opposés à l’antisémitisme, et ce, depuis la Révolution française. »

Une visite, avec son épouse, à Saint-Paul-de-Vence
Pas de quoi échauder l’ambassadeur américain, qui profitait de ses vacances avec son épouse dans le sud de la France. Hier, il a été aperçu flânant dans les ruelles pavées de Saint-Paul-de-Vence, chapeau sur la tête et sourire aux lèvres — comme si de rien n’était. Dans la matinée, il a effectué une visite de la fondation d’art moderne Maeght, avant de déjeuner dans le célèbre restaurant la Colombe d’Or, et de savourer, simplement, la douceur tranquille de ce petit village provençal, en fin d’après-midi.

Contactée, la diplomatie française n’a pas souhaité réagir. Malgré son refus de se présenter au Quai d’Orsay, le ministre n’entend pas convoquer à nouveau Charles Kushner, une insistance qui pourrait être perçue comme agressive et contre-productive. Une rencontre, prévue de longue date, est toutefois inscrite à l’agenda des deux parties.

Rares sont les ambassadeurs à avoir été convoqués par le Quai d’Orsay
Dans son courrier officiel adressé au chef de l’État, Charles Kushner exprime « sa profonde inquiétude face à la flambée de l’antisémitisme en France et à l’absence d’action suffisante de (son) gouvernement pour le combattre », rejoignant ainsi les récentes critiques du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

Ces associations, jugées « inacceptables » par Paris, « vont à l’encontre du droit international, en particulier du devoir de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures des États », a fustigé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. « Elles ne sont pas à la hauteur de la qualité du lien transatlantique entre la France et les États-Unis et de la confiance qui doit en résulter entre alliés. »

Rares sont les ambassadeurs américains à avoir été ainsi convoqués par le Quai d’Orsay. En octobre 2013, le représentant de Washington avait dû se rendre rive gauche après les révélations d’Edward Snowden sur l’interception massive de communications par la NSA en France. En juin 2015, sa successeure Jane Hartley avait également dû s’expliquer sur des documents de WikiLeaks attestant de l’écoute par la NSA des appels de trois présidents français — Chirac, Sarkozy et Hollande.

Source: https://www.parismatch.com/